numero27 a écrit :
Malgré que ...
je veux pas faire le casse couille, enfin si un peu, mais faut bien reconnaitre que ça écorche les oreilles pire qu'une vieille corde détendue au milieu d'un accord.
Il faut reconnaitre aussi qu'il y a une recrudescence de "malgré que" sur le forum, alors il est temps d'agir, de se lever, de dire stop, parce que ça ne peut plus durer.
Donc une bonne fois pour toute,
par pitié,
on ne dit pas "malgré que,
mais "bien que".
Je suis tout à fait d'accord, toutefois, ce qui suit est intéressant :
La lecture de Grevisse est toujours salutaire (Bon Usage, 14e éd., § 114
:
"Malgré que a peut-être appartenu d’abord à l’usage populaire. La locution n’a plus ce caractère, comme le montrent les ex. suivants (où l’on remarquera les subjonctifs imparfaits ou plus-que-parfaits), qui font fi de la résistance des puristes :
Malgré que je fusse mal satisfait de mon arrestation, il y mit de la courtoisie (Vigny, Cinq-Mars, XXV). — Malgré qu’il n’entrât guère en ma chambre […], j’entendais souvent, la nuit, un bruit furtif qui venait jusqu’à ma porte (Maupass., C., Confessions d’une femme). — Malgré qu’on fût au déclin de la saison (A. Daudet, Tart. sur les Alpes, p. 356). — Malgré qu’une partie de moi-même […] résistât (Barrès, Homme libre, p. 223). — Malgré que je ne le puisse imaginer (France, Crime de S. Bonnard, p. 9
. — Pour qui je ressentais une sympathie des plus vives, malgré qu’il eût vingt ans de plus que moi (Gide, Si le grain ne meurt, I, 3). — Jamais Noé ne put si bien voir le monde que de l’arche, malgré qu’elle fût close et qu’il fît nuit sur la terre (Proust, Les plaisirs et les jours, p. 13). — Malgré qu’il ait obtenu tous les prix de sa classe (Mauriac, Robe prétexte, XV). — Elle vit Jacques d’un mauvais œil, malgré que de son côté elle trompât Lazare avec un peintre (Cocteau, Grand écart, III). — Malgré que le soir tombe (Romains, Vie unanime, p. 241). — La camionnette […], malgré qu’on eût chaîné les pneus […], ne se risque plus guère à franchir les rampes glacées (Gracq, Balcon en forêt, p. 85)."
Alfred de Vigny, Maurice Barrès, Anatole France, François Mauriac, Jean Cocteau, Jules Romains étaient membres de l’Académie française, tout comme Alexis de Tocqueville, José-Maria de Hérédia, Henri de Régnier, Paul Bourget, Paul Valéry, Roger Martin du Gard, Jérôme Carcopino, Maurice Genevoix que Grevisse mentionne parmi ceux qui ont employé la construction « malgré que + subjonctif ». Et parmi les autres, Maupassant, Gide, Julien Gracq (et, dans ceux qui sont cités en complément, Colette, Mallarmé, Apollinaire) ! Les malgré-quistes pourraient se trouver en pire compagnie...
Évidemment, on pourrait penser que la pensée de Grevisse, cet observateur affûté de l’usage a évolué au fil du temps, mais la 4e édition (1949) mentionnait déjà ceci au § 978 (p. 789) :
« Malgré que, au sens de bien que, quoique, est proscrit par Littré, par Faguet, par Abel Hermant et par les puristes. — Cette locution, tgrès fréquente dans la langue familière, pénètre de plus en plus dans l’usage littéraire [1]. » [Suivent plusieurs citations et un paragraphe consacré à malgré qu’il en ait.]
Notes
[1] Ici, Grevisse insère en note un citation d’André Gide : »J’ai écrit, avec Proust et Barrès, et ne rougirai pas d’écrire encore : malgré que, estimant que, si l’expression était fautive hier, elle a cessé de l’être. Elle ne se confond pas avec bien que, qui n’indique qu’une résistance passive ; elle indique une opposition.»
Source :
http://www.langue-fr.net/spip.(...)cle38