Les anglicismes qui agacent

Putain. Courage Didi.

Et pourtant c'est bien le cas. Le cinéma américain est une science. Chaque détail que ce soit dans les intonations, la sonorisation ou encore les mouvements de caméras sont minutieusement étudiés pour pondre quelque chose qui plaira a un large public. Oui c'est souvent de la merde, mais de la merde très bien conçue, avec un professionnalisme qu'on ne retrouve pas ailleurs.

C'est l'topic "Les américanophiles qui agacent", ici ?

Je trouve que c'est le topic où l'on vante la merde qui sent bon et qui est produite par des procédés super technos.

Je vois surtout un ptit gars légèrement en manque de discernement qui s'est laissé entraîner dans la spirale discutailleuse habituelle...

Je n'ai pas d'illusions sur cette société US déliquescente, sans pitié pour ses faibles et aveugle aux crimes de ses puissants, qui ne préfigure que d'une dizaine d'années ce que sera bientôt la nôtre (Dubya Bush 2000, Sarko 2007), mais ce qu'il y a de sûr (et comme le disait Aznavour sur Inter hier), ce n'est pas en France qu'ont été inventées l'immense majorité des musiques qui nous passionnent par ici...

...ce qui me permet de balancer en guise de contre-exemple l'une de mes zobsessions zactuelles :



(Histoire de ne pas trop diverger du sujet : j'aime bien l'un des commentaires de cette vidéo: "I have Pinhas envy" har har har )

Non, j'expliquais juste que la culture américaine ne s'est pas imposée sur une grosse partie du globe par hasard.

Et mon point de vue c'est que la culture américaine contient des choses absolument extraordinaires et des marchandises innommables.

Jacques Delors avait produit un livre blanc sur l'industrie électronique européenne dans les années 90 où il expliquait de manière très claire la différence de comportement "early adopter" du "con sot mateur" (ça c'est de moi) américain et celui bien plus réfléchi du citoyen européen. Avec une clientèle comme celle là les boites américaines font très vite de l'argent puis avec les moyens qu'elles ont acquis elles sont capables d'envahir le monde.
En plus, en Europe les banques sont aussi beaucoup plus frileuses et soutiennent beaucoup moins l'économie industrielle.

Tu tombes mal, j'ai bossé une bonne partie de l'année dernière a Hollywood.
Pour schématiser les studios travaillent dans une logique industrielle de rentabilité. Il a des recettes qui permettent a des films de toucher un large publique, mais elles sont plus d'ordres marketing que formelles (énormes budgets pour la promotion et la distribution internationale, star system, comédiens et réalisateurs "bankables", effet d'annonce sur des innovations technologiques, saturation de l'offre et politique a l'exportation agressive etc...) Mais il n'y a pas de recette miracle (et surtout pas formelles comme dans la pub), car de nombreux films de l'industrie hollywoodienne font des flops, pour un blockbuster qui cartonne il y a pas mal d'échecs a coté.

Dans les années 40 et 50 en plein age d'or, les studios ont justement fait appel a des scientifiques (sémiologues, sociologues, test cognitifs, publicitaires etc...) pour rationaliser les scénarios, les tournages et les processus de production pour être certains de toucher au plus juste les désirs et les envies des spectateurs. Le fait est que ça ne fonctionne pas, les films trop formatés sont généralement rejetés par le public.
Et il n'y a pas plus de savoir faire aux EU qu'ailleurs, les meilleurs directeurs photo actuels viennent d'Asie et les techniciens FX d'Europe et Hollywood en débauche beaucoup pour les faire travailler sur place.

Le rayonnement culturel des EU depuis la fin de la seconde guerre mondiale (qui s'inscrit dans la continuité du rayonnement culturel occidental) est lié leur domination économique et militaire (si on parle d'empire ça n'est pas innocent) et son influence y est étroitement liée. C'est une question de moyens, de réseau, d'implantation et même de stratégie géopolitique. Asseoir une domination culturelle et symbolique c'est plus payant sur le long terme que de le faire par les armes (l'exemple de l'anglais qui s'est imposé comme langue planétaire l'illustre bien)
Après il y a bien sur de très belles choses exportés par les EU et dans leur production culturelle, un savoir faire, une efficacité et des valeurs universelles. Mais nier les alternatives ou les cantonner a des lieux communs ou des généralités, c'est très réducteur. (pas mal de sombres réalisateurs polonais ou de l'est ont eux aussi été débauchés par Hollywood et ça ne date pas d'hier)

Pour revenir au cinéma. C'est stupide d'opposer cinéma français et cinéma
américain (même si les débats sur l'exception culturelle défendue par la France lors des accords du GATT ont laissé des traces). Comme ça a déjà été dit il y a des studio indépendants aux EU et des productions qui fonctionnent dans une logique industrielle en France (et qui ont du succès auprès d'un large public). La seule différence, c'est qu'une boite comme par exemple EuropaCorp qui produit des films dans une optique hollywoodienne, n'a pas les réseaux de distributions, les moyens de tirer 10000 copies ou de faire du marketing efficace a l'échelle mondiale pour imposer ses films

Bon aller, pour détendre l'atmosphère et pour rester dans l'esprit EuropaCorp

Pour paraphraser Morissey, dans sa chanson "America is not the World:

D'ailleurs, ils ne se gènent pas non plus pour faire plusieurs remake par an de succès asiatiques avec d'énormes budget, les Ring, The Departed, The Eye et j'en passe, en généralement moins bien. C'est pas ce que j'appelle une industrie hégémonique qui se suffit à elle même.

C'est pas pour faire du chauvinisme, mais j'ajoute pour faire bonne mesure que le morceau le plus repris de tous les temps, "My Way", interprété par Sinatra, n'est autre que l'adaptation d'un titre connu ici sous le nom d "Comme d'habitude", composé et interprétée (entre autres) par un certain... Claude François, et que le Jazz est né dans une ville appelée "Nouvelle Orléans"...

Et que le producteur le plus en vue en ce moment de l'autre coté de l'atlantique est David Guetta.
cocorico

Pour rester dans le cinéma français (ou helvètico-français) "chiant" pour certain, on peut aussi citer cette réplique culte :

"Vous êtes cons, vous les Américains... La preuve, c'est que vous admirez La Fayette et Maurice Chevalier, et qu'ils sont justement les plus cons des Français..."

Du même:

"Les Américains veulent envahir, car ils n'ont pas d'histoire."

Très fin.

de toute façon la clé du débat réside dans le fait que les Ricains aiment les winners et que nous on aime les beautiful losers.

Quand vous avez compris ça, vous avez tout compris et vous ne pouvez que vous taire à jamais car vous avez atteint le nirvana du débat. ;-)