Monsieur M a écrit :
Fozzie a écrit :
Probablement.
Mais ça n'en fait pas quelque chose de "sale", de "dérangeant" et en tout état de cause, pas quelque chose dont on ne doit pas parler.
C'est comme tout discours, ça dépend du public. Personnellement, ça ne me dérange pas le moins du monde, ça a juste tendance à me lasser quand ça devient de la spéculation du style "mais peut être qu'en fait l'allèle de l'homo est différemment marquée, et donc au contact de blablabla...".
lui
dsl...
sinon j'ai trouvé ça rapidos, qui resume un peu ce que je disais, et de ce que disait fozzie sur son utilisation comme arme ideologique:
Interview du généticien Axel Kahn dans l’Humanité
Axel Kahn. La notion fondamentale à saisir est celle-ci : un gène ne commande jamais un destin humain. Il ne fait qu’intervenir dans un programme complexe auquel participent de nombreux autres gènes en interaction subtile avec un programme biologique, qui définit la réactivité des êtres vivants à leur environnement. Pour l’homme, son environnement psychologique, psychique, éducatif...
Une fois pour toutes, il faut abandonner ces notions d’un gène du suicide, du crime, de l’agressivité ou de l’homosexualité. Ce qui n’est pas prétendre qu’il n’y aura aucun effet de la matérialité du cerveau dans la manière dont notre esprit réagit aux agressions du - milieu. Cette variabilité correspond profondément à ce à quoi on doit se confronter quand on est en situation de responsabilité. Ce qui est terrible dans ce que j’appelle « la vieille obsession de la nouvelle droite », c’est ce désir d’utiliser le déterminisme génétique comme un moyen efficace pour s’exonérer de ses responsabilités dans les désordres - comportementaux. Lorsque l’on voit la violence, les agressions sexuelles, les suicides dans tels ou tels milieux socialement et économiquement défavorisés, il est confortable de dire que cela n’est que le résultat d’une caractéristique constitutionnelle et que cela ne doit rien aux anomalies du système que l’on contribue à mettre en place. Assumer ses responsabilités implique de prendre en compte la réalité de l’homme, avec sa diversité. Des individus sont sans doute plus fragiles que d’autres, mais cette fragilité fait partie de l’éventail des comportements possibles.
Connaît-on la manière dont interagissent le patrimoine génétique et son environnement ?
Axel Kahn. Il existe deux exemples très parlants. On a observé, il y a une quinzaine d’années, dans une famille néerlandaise une coïncidence entre la mutation d’un gène (le gène MAO-A) porté uniquement par les garçons, et le fait que ces garçons étaient souvent des adultes délinquants, notamment sexuels. Aucun lien statistiquement significatif n’a été relevé entre les deux formes du gène et l’évolution vers la délinquance. Jusqu’au jour où on a pris en compte un troisième paramètre : la maltraitance infantile. On s’est rendu compte que chez les enfants maltraités qui ont hérité d’une forme du gène à faible activité, la fréquence d’une dérive vers la délinquance est jusqu’à cinq fois plus importante que chez les autres enfants. Le gène MAO-A n’est donc pas un déterminant de la délinquance, mais de la fragilité à l’agression de l’intégrité psychique de l’individu lors de l’enfance.
L’autre exemple concerne un gène qui code un recapteur de la sérotonine, essentiel à l’activité cérébrale. Dans la population, rien de statistiquement significatif n’apparaît entre la forme du gène et la dépression. En revanche, des individus qui ont connu des évènements graves, comme la mort d’un proche, et qui portent l’une des formes de ce gène, ont un risque accru de rentrer en dépression, jusqu’au suicide. Néanmoins, la forme de ce gène, en dehors de ces malheurs de la vie, est sans importance.
Pourquoi le débat sur le déterminisme génétique n’est-il pas clos ?
Axel Kahn. Depuis plus d’un siècle, sans discontinuité, on exhibe des résultats scientifiques venant à l’appui de préjugés idéologiques. C’est la définition du philosophe Georges Canguilhem de l’idéologie scientifique : un préjugé qui se drape dans les oripeaux dscience établie pour renforcer sa force de conviction. Dans Nature et Science, les deux plus grands journaux de biologie, 80 % à 90 % des commentaires des articles montrent que leurs auteurs relèvent de préjugés sociobiologiques (la sociobiologie vise à démontrer l’origine biologique du comportement social - NDLR). Or, le plus souvent, l’élément génétique est très faible par rapport à l’élément social et émotionnel