L’histoire, pour autant qu’elle puisse fournir des modèles, ne montre pas d’effondrements de civilisations, mais des à-coups (comme la Révolution française) qui accompagnent les transformations des sociétés.
La « chute de l’Empire Romain », « les invasions barbares », sont d’anciennes formules choc qu’aucun historien aujourd’hui ne reprendrait pour étayer un effondrement de civilisation.
Durant le haut Moyen Âge, le passage de flambeau entre le gouverneur nommé par Rome et l’évêque qui va désormais gérer la cité est même une transition douce. Le second reprend les rôles d’impôt du premier et la population s’en rend à peine compte. Les migrations récurrentes de peuples venus de l’Est n’ont rien de déferlements et sont somme toute assez rapidement intégrées.
Certains historiens fiscalistes ont aujourd’hui tendance à penser que le droit romain s’applique jusqu’au XIIIe s. Sans aller jusque là, toute société évolue, vit des soubresauts, pour autant les théories sur des ruptures civilisationnelles tiennent le plus souvent du fantasme.
Quand on regarde une société au travers de sa culture matérielle (son mobilier, ses constructions...), ce que font les archéologues, la défaite des gaulois en 52 av. J.-C., la fin de l’Empire romain en 476, 1453 pour la fin du Moyen Âge, toutes ces dates n’ont aucune réalité matérielle et surtout n’avaient aucun sens particulier pour les populations qui les vivaient. La culture matérielle des trois derniers millénaires montre une perpétuelle évolution, identique et aussi rapide que celle que l’on perçoit aujourd’hui et qui permet d’un coup d’œil d’identifier une voiture des années 70, une maison des années 80, une robe des années 60, une assiette, un bijou...