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La couverture de ce numéro appelle quelques explications. On y voit reproduites toutes les caricatures de Mahomet publiées en 2005 par le journal danois Jyllands-Posten et que Charlie Hebdo avait à son tour republiées en 2006, ainsi que la « une » du n° 712 dessinée par Cabu.
Les raisons qui expliquent cette couverture sont les suivantes. Ces dessins appartiennent désormais à l’Histoire, et on ne réécrit pas l’Histoire, pas plus qu’on ne peut l’effacer. Cela s’est passé ainsi : c’est la publication de ces dessins, considérée comme un blasphème par un certain nombre de musulmans, qui constitue le mobile du massacre du 7 janvier par des assassins qui voulaient, comme ils l’ont crié en sortant des locaux de Charlie Hebdo, « venger le Prophète ».
Ces dessins sont donc des pièces à conviction. Il était pour nous inadmissible d’aborder ce procès sans les communiquer aux lecteurs et aux citoyens. Car depuis 2006, quatorze années se sont écoulées, et les jeunes Français qui ont vu le jour depuis seront les témoins d’un procès qu’ils ne comprendraient pas, ces dessins n’ayant jamais été republiés. C’est donc un devoir d’information qui impose de porter à la connaissance du public ces documents qui ont une valeur aussi bien historique que pénale.
Ces dessins appartiennent désormais à l’Histoire
On nous a souvent demandé depuis janvier 2015 de produire d’autres caricatures de Mahomet. Nous nous y sommes toujours refusés, non pas que cela soit interdit, la loi nous y autorise, mais parce qu’il fallait une bonne raison de le faire, une raison qui ait un sens et qui apporte quelque chose au débat. Reproduire cette semaine de l’ouverture du procès des attentats de janvier 2015 ces caricatures nous a alors semblé indispensable. Toutes les raisons qu’on pourrait nous opposer ne relèvent que de la lâcheté politique ou journalistique. Voulons-nous vivre dans un pays qui se targue d’être une grande démocratie libre et moderne, et qui, dans le même temps, renonce à affirmer ses convictions les plus profondes ? Pour notre part, il n’en est pas question. Sauf à vivre dans un autre pays, un autre régime, un autre monde.