Je pense que le Colonel a démontré la vacuité du concept de "liberté d'expression": où s'arrête l'expression et où commence l'agression? lui-même nous expliquera qu'une faute d'orthographe (déjà le terme "faute" et sa connotation morale) est une agression, et c'est son droit. Pour moi, quand on parle de liberté d'expression, on n'a encore rien dit. On a juste défini un cadre, l' "expression", dont on postule l’innocuité. Mais il faut encore déterminer ce qu'on met dedans: l'orthographe, la violence physique, l'insulte n'est pas de l'expression? Puis on se pose la question de la grammaire, des arts pugilistiques, de la satire? et on se rend compte que ce sont à leur tour des cadres, qu'il faut également définir, et ainsi de suite...
J'avais déjà dit qu'il faut distinguer le "problème islamique" du "problème liberté d'expression". Le procès des terroristes de Charlie ne devrait pas être celui de la liberté d'expression, car en aucun cas, même une insulte, ne peut constituer une circonstance atténuante pour cet acte. En essayant d'expliquer que c'est parce que le prophète a été insulté que les journalistes ont été assassinés, on reprend la justification des assassins. Et par cela, on relie un acte à une expression, on est piégé par sa propre règle puisqu'on se trouve obligé d'accepter que l'idée de blasphème soit émise. Et Charlie est obligé de publier à ses risques et péril, une critique de l'idée de blasphème. Si on sort de cette spirale, que l'on considère les attentats comme un acte de guerre, de terroriste, un acte criminel abominable, on sort de l'obligation de débattre sur la liberté d'expression, la liberté religieuse, la légitimité du Coran, etc ... et peut-être même qu'on se donne une chance d'aborder le vrai problème de l'islamisme.
Mais je pense qu'on vit dans un confusionnisme terrible. Des vrais experts du problème comme Khosrokhavar ont été muselés par cette alt right à la française, qui a tout simplement interdit d'étudier le phénomène de la radicalisation, associant ce phénomène à l'islam, alors que lui, l'a analysé au coeur de la question sociale, ici celle des banlieues et de l'immigration maghrebine.
Vous battez pas, je vous aime tous