Kandide a écrit :
Que reste-t-il de "je suis Charlie" ?
Vous "restez Charlie" ou pas finalement ?
A ta question, qui recentre sur le sujet : « est-ce que je reste Charlie ? », je pense à la réflexion que je suis obligé de répondre « non ».
Déjà en 2015, après l’attentat, qui comme tous m’avait boulversé, je me demandais ce que c’était « d’être/de suivre Charlie ».
- Un soutien inconditionnel à la liberté ? Alors, ça oui, et même plutôt deux fois.
- Le rejet de l’horreur ? Dans ce cas, à chaud surtout, une évidence.
- Une marque de respect aux morts de Charlie ? Là, je sentais déjà le paradoxe : à Charlie, le maître-mot c’était l’irrespect...
- Un journal dans lequel je me reconnaissais ? Clairement non. J’avais dévoré Charlie (et Hara Kiri) à la fin des années 70. Ce journal avait, j’en suis certain, contribué à aiguiser mon esprit critique.
Mais en 2015, Charlie Hebdo ne m’était plus rien depuis... longtemps. Peut-être depuis sa re-parution à la fin des années 90, même s’il conservait parmi ses plumes certains anciens.
Est-ce lui, qui n’était plus en phase avec le monde, ou moi, qui avait vieilli et qui fonctionnait moins à l’humour potache et à la provoc ?
Sûrement les deux, mais on comprend au regard des ventes qu’au delà de ma petite personne, les lecteurs étaient devenus rares.
Bon, tout ça pour dire que si en 2015, dans l’émotion, je me posais déjà des questions, aujourd’hui...
Il est bien normal que Charlie et d’autres nous rappellent cinq ans après qu’on a une nouvelle fois tué au nom d’une religion, pour de simples silhouettes imprimées sur papier, comme l’Inquisition, parmi tant, l’a fait pour hérésie jusqu’à la fin du XVIIIe s.
Mais, pour ma part, si je reste révulsé par cet attentat, l’émotion qui étouffe la réflexion s’est dissipée et revendiquer aujourd’hui que « je reste Charlie » n’a plus aucun sens, sauf peut-être à servir les manipulateurs qui se repaissent de la peur et en profitent pour désigner dans nos sociétés des boucs-émissaires.