quantat a écrit :
Biosmog a écrit :
Il faudra que nous explique le lien que tu fais entre obsession de la pureté et perversion, c'est pas pour te coller, c'est juste que dans mon esprit ce sont deux notions qui appartiennent à des univers diamétralement opposés.
La notion de pureté a partie liée avec la notion de sacré, il n'y a pas de conception de la pureté sans conception du sacré, le sacré étant ce qui est à part, ce qu'on ne peut toucher sans rendre impur. Du point de vue de la psychopathologie, la perversion est un refus de l’altérité, refus que l'autre est autre et séparé de moi, donc justement refus du sacré.
Le petit autre existe pour le pervers : il est le témoin nécessaire de la jouissance absolue à laquelle le grand Autre l'invite à se faire le siège ou l'agent.
La pureté en question est justement celle de cette jouissance qui n'est pas bornée (= qui n'est pas phallique - phallus pris au sens symbolique et non imaginaire)
Ce que tu dis (sur l'inexistence du petit autre) signifie en fait que la parole du petit autre n'a aucune valeur à ses yeux... tant qu'il (l'autre) ne reconnaît pas cette jouissance sans limite il est considéré par le pervers comme un pleutre ou un lâche qui se dissimule sa vérité intime.
Ou alors tu exprimes l'idée que le pervers n'a aucune empathie pour sa victime, ce qui est exact. Mais ton propos est alors sous tendu par une morale (d'origine judéo chrétienne)
Puisque tu évoque le "sacré", tu dois te souvenir que "sacer" signifiait également "maudit" en latin, conformément au fait que le "dionysiaque" était le sommet du sacré , avant le renversement que lui ont fait subir les religions moralisantes (judéo chrétiennes).... le sacré gisait dans l'érotisme débridé et dans le sacrifice sanglant
J'ai un peu de peine à tout comprendre là. Ce que je voulais dire c'est que le pervers n'a aucun sens de la frontière. Je n'ai pas le vocabulaire psy pour l'exprimer, mais le pervers me semble situé à l'opposé de l'attitude religieuse qui est plutôt névrotique, assomption des limites, des irréductibilités, de la distinction soi et d'autrui. Le pervers n'a pas de sacré, le religieux en a trop.
Sinon, pour Larry, ce n'est que parce qu'il y a une séparation qu'on peut concevoir une pureté, le lien entre sacré/profane et pur/impur est là, mais ce sont pas des couples synonymes, évidemment.
Donc, pour revenir à ce que je disais, il me semble qu'il y a d'un côté surévaluation de l'altérité (le religieux qui veut éventuellement purifier) et de l'autre sous-évaluation (le pervers qui s’immisce). D'un côté on a un délire paranoïaque de souillure, de l'autre un délire de toute puissance ?
Dionysos est en effet à l'origine d'une transe sacrée de transgression. Dionysos étant l'étranger radical, celui qui vient d'ailleurs. Mais il est une des première divinité de bonté, de chaleur humaine, réalisant une proximité avec les hommes. Les dieux contemporains à l'ancien testament (et le le dieu de l'ancien testament lui-même) étaient craints. Il y a des hypothèses de la filiation entre le culte de Dionysos et le christianisme (notamment cette idée de bonté et évidemment de résurrection). Je pense que si l'on voyait les cultes chrétien des premiers siècles, on serait assez surpris. Je ne suis pas théologien, mais le moralisme est venu je crois de la difficile tentative théologique de concilier ce nouveau culte avec la philosophie de Platon. Ce sont les platoniciens qui ont introduit ce moralisme que tu décries tant
Vous battez pas, je vous aime tous