Trouvé sur le forum du Soir (journal belge francophone). Ca résume bien ma pensée, mais je n'aurais pas pu aussi bien la tourner.
« Il faut que je vous parle de mon voisin… »
J’ai un voisin qui ne parle pas la même langue que moi et qui a des mœurs bizarres.
Je peux pourtant le comprendre puisque je suis moi-même un Flamand francisé et je tiens à le rassurer, cela n’est pas si terrible puisque en aucun cas je ne voudrais refaire le chemin en sens inverse.
Tous les dimanches, il entasse des drapeaux jaunes au-dessus de sa tête et va les agiter devant les caméras lors de n’importe quel événement sportif. Il me dit qu’il ne sait pas faire la différence entre une promenade et une manifestation et que pour lui le sport et la politique, c’est la même chose. Je pense qu’il est un peu hypocrite.
Il me dit qu’il est obligé d’agir de cette manière parce qu’il est convaincu d’être une victime alors qu’il détient les rênes du pouvoir politique et économique depuis de nombreuses années. Je peux me tromper mais je pense que cela correspond à la définition de la paranoïa.
Mon voisin me dit que je suis un envahisseur, mais que chez moi il est chez lui, alors que chez lui je suis un étranger.
Il me dit que les Bruxellois fuient leur ville parce qu’elle est sale, dangereuse et mal gérée, alors qu’ils cherchent juste un terrain pas trop cher, pas trop loin de leur lieu de travail, au milieu des arbres plutôt que du béton.
Il est convaincu que les Bruxellois ne respectent pas sa langue, alors qu’ils n’en ont juste pas besoin. En effet quand on habite à Dilbeek, on dort à Dilbeek mais on vit à Bruxelles. Je ne connais personne qui est prêt à faire l’effort de suivre un an de cours du soir juste pour comprendre sa convocation électorale ou pour faciliter les rares contacts qu’on peut avoir avec l’administration.
Il se sent agressé parce que des gens ont voulu donner une valeur aux langues et comparer une langue faite de dialectes avec une autre plus unifiée et parlée partout dans le monde. Tout cela est absurde. Quelle importance ce que l’on parle à Saint-Pierre-et-Miquelon ou à Hasselt. Ce qui compte c’est ce que l’on parle à Schaerbeek et à Anderlecht. Et c’est de toute évidence majoritairement le français !
Il essaie par des décrets vexatoires et discriminatoires d’empêcher des phénomènes naturels (une grande ville qui a tendance à s’étendre ou des personnes qui adaptent leur attitude à leurs besoins) et évidemment cela ne fonctionne pas.
Il me dit que ses hommes politiques sont les plus efficaces, mais quand il m’en prête un, il ne fait que des gaffes. De plus aucun n’a fait preuve de la même efficacité au fédéral qu’au régional.
Mon voisin pense que des gens restent délibérément pauvres pour être aidés par les autres, alors que tout le monde aspire à vivre mieux.
Il est convaincu que le chômage c’est à cause des chômeurs, alors que c’est à cause du manque de travail. S’il en était autrement il y aurait des centaines de milliers de postes vacants.
Il est convaincu que la prospérité d’une région dépend uniquement du courage de ses habitants et de la valeur de leurs élus, alors qu’elle dépend surtout des circonstances, du fait que le pétrole a remplacé un jour le charbon et qu’il y a eu ensuite la mondialisation de l’économie.
Il me dit que je suis un assisté, un profiteur et un incompétent, alors que proportionnellement je produis plus de richesses que lui.
Mon voisin nie l’évidence, et quand il a compris qu’il lui devenait difficile de dire que Bruxelles était une ville flamande, il a inventé qu’elle était multiculturelle pour ne pas devoir dire qu’elle était francophone.
Il déteste quand on le traite de facho, mais à chaque élection il vote de plus en plus pour des gens qui à un moment ou l’autre ont manifesté de la sympathie pour des racistes ou d’anciens collabos.
Je peux comprendre que son pire ennemi soit le PS qui est de gauche alors qu’il est clairement de droite. Mais son avis fluctue et parfois son pire ennemi devient le CDH qui est catholique comme lui ou le MR qui est libéral comme lui. En politique il est très versatile et a rejeté les hommes qui ont créé les conditions de la prospérité dont il est si fier pour se jeter dans les bras d’autres dont le bilan politique est proche du zéro absolu.
Mon voisin ne veut plus du roi, alors qu’il n’y aurait plus de roi depuis longtemps si son père n’était pas venu se battre contre le mien en 1950.
Il veut détruire mon pays, ce qui me dérange. Non pas que j’y tienne particulièrement à ce pays artificiel et ridicule, qui a déjà prouvé qu’il était trop petit pour pouvoir conserver les fleurons de son industrie et de sa finance sous sa bannière. De plus tous les nationalismes sont rétrogrades. Mais ce qui me semble évident c’est que si on est incapable de conserver la Belgique, on sera incapable de créer l’Europe forte parce que solidaire que j’appelle de tous mes vœux. Et cela, c’est une catastrophe.
Il clame partout que les peuples ont droits à leur autonomie, ne cesse de la réclamer pour lui, mais me la refuse et veut cogérer ma ville.
Mon voisin s’étonne parce que je ne l’aime plus…
In rod we truss.
"Quelle opulence" - themidnighter
"It's sink or swim - shut up!"