gromousse a écrit :
vous n’allez pas avoir le son de Gilmour sur le solo de « Time » ou de Confortably numb avec un ampli sec…
Je suis à peu prêt quasi-certain à 100% que si Gilmour jouait ces solos avec juste sa gratte et son ampli, tu reconnaitrais quand même Gilmour.
Et c'est là pour moi que réside l'importance dans la musique. La texture du son et sa modulation, c'est vraiment, pour moi, un truc totalement sans importance. Et je pense que ça devrait être sans importance pour n'importe quel musicien en fait. Je pense que c'est surtout un choix esthétique, pas forcément artistique. Il a peut-être fait avec ce qu'il avait sous la main à ce moment d'enregistrer, sans chercher spécialement "le" son qu'il voulait. Il aurait peut-être très bien pu enregistrer Comfortably Numb avec une Jazzmaster dans un Bassman et une Tone Bender que ça aurait quand même sonné Gilmour. Je crois qu'on devrait tous essayer de sonner comme "nous même", sans passer par trop de matos. Se chercher, trouver sa patte, sa personnalité, peut-être un ou deux gimmick dans le son, et c'est tout.
La preuve en est quand tu entends/regarde ses lives : il n'a jamais le même son d'époque en époque. Entre les années 70 et maintenant, j'ai l'impression que le son qu'il a (et le matos) évolue énormément. Même s'il y a une base commune dans quelques effets, au final ça semble pas si important.
Après je sais que c'est super dur de se détacher complètement du matos. Mais comme j'avais déjà expliqué sur ce topic je crois, cette quête du matos est très paradoxale : je pense qu'il faut d'abord avoir trouvé "son" matos qui nous correspond à 100% (avec les dizaines voir centaines d'heures de recherches/d'expérimentations qui vont avec) pour commencer à s'en détacher, jusqu'à ne plus du tout s'y intéresser. Fatalement, quand on cherche du matos, c'est du temps de jeu en moins, et puis, quand on joue, on est pas satisfait du son qu'on a (j'ai connu ça... Ooooh que oui j'ai connu ça !
). Mais lorsqu'on a le matos qui nous correspond, on arrête totalement de se prendre la tête. On joue. On s'amuse. On fait de la musique. Bref, on progresse. Et c'est à partir du moment où on progresse que, précisément, l'importance du matos se fait moindre, et qu'on se rend compte qu'au final, quelque soit le matos qu'on a, on va réussir à s'en sortir, grâce à la progression que je viens précédemment d'exprimer. On s'améliore en expressivité, en touché, en musicalité, etc... Et on deviens meilleurs (ou moins pire !
). Et à ce moment là, quelque soit le matos qu'on a, on va réussir à sortir la musique qu'on a en tête. Et donc il n'a plus d'importance. Bref, c'est pour moi un gros paradoxe que chaque musiciens/musiciennes a à résoudre. Mais bon, spoiler alert : ce paradoxe là n'est jamais totalement résolu
Et parfois je me dis que c'est pour ça qu'on a l'impression d'avoir de moins bon musiciens maintenant qu'avant. Aujourd'hui on a tout sous la main, et donc on se focalise sur des choses qui selon moi n'ont que très peu d'importance : le son, les effets, les pédales, les ampli, etc..... Dans les années 60-70's, je pense qu'il y avait surement moins de matos à disposition des musiciens, et donc ils se focalisaient beaucoup plus sur la musique qu'ils produisaient, les arrangements, l'écriture et leur jeu plutôt que de choisir quelle pédale ou quel ampli il faut utiliser. Fatalement, ça fait de ces personnes là des meilleurs musiciens/musiciennes. Je crois que si de nos jours on a des meilleurs "guitariste" qu'avant, on a pas forcément de meilleurs "musiciens/musiciennes".
Pas plus tard que la semaine dernière j'me suis surpris à jouer des Riff de Rammstein avec mon V-Twin et une fuzz. Comme quoi !
Après il y a une exception à tout ça : le tribute band. C'est je crois le seul cas de figure où la quête de matos fait sens, car on essaye de coller le plus proche possible à ce qu'a fait le groupe, au matos qu'il a, etc... Mais bon, c'est une démarche artistique bien spécifique.