Je reviens sur la modulation.
Pour faire simple, supposons que l’on passe de Do majeur en Fa majeur. Il y a deux cas :
1er cas : le changement est durable. On parle donc effectivement de modulation. Nous étions en Do majeur, et nous passons à présent en Fa majeur. Puisque le changement est durable, nous aurons plusieurs mesures pour développer la nouvelle tonalité de Fa majeur. Le choix des possibilités s’étend donc à sept notes. Se réduire à 5 notes est donc sans intérêt.
2ème cas : le changement n’est pas durable. C’est donc qu’il ne s’agit pas vraiment de modulation, mais plutôt d’emprunt tonal. C’est le cas de cette séquence :
C C7 F (un seul accord par mesure).
Nous retrouvons ces accords au début d’un Blues en Do.
Analysons les accords :
C : I en Do majeur
C7 : V en Fa majeur
F : IV en Do majeur.
La difficulté d’improvisation repose sur la vitesse de défilement des accords : ça va assez vite, donc il faut rationaliser ses propres ressources. La question est : quoi jouer sur C7?
Il faut se rappeler le principe de base de l’improvisation : le motif mélodique met en évidence la nature et la fonction de l’accord joué. C’est-à-dire que chaque note du chorus met suffisament bien en valeur les accords qu’on pourrait presque oublier l’accompagnement pour n’écouter que le soliste. Je rappelle souvent d’ailleurs qu’un chorus est bon si, en coupant l’accompagnement, on perçoit toujours la grille à travers les phrases du soliste.
La conséquence de ce principe est que pour mettre en évidence un accord, il faut jouer tout ce qui le différencie de l’accord qui le précède, et uniquement cela. C’est en effet un acte de bon sens que de décrire un objet par ce qui le différencie des autres objets.
Si j’ai trois stylos sur la table, un bleu, un rouge et un noir, et que je décide de les décrire, je dirai : « le rouge, le noir, etc… » et non pas « le stylo, le stylo , et le stylo ».
En musique, il en est rigoureusement de même. Et la conséquence, c’est donc qu’on ne décrit PAS les accords avec ce qu’ils ont en commun les uns les autres (cf. la penta décrite par Pic), mais au contraire par ce qui les différencie et les éloigne.
Donc, sur C C7 F, on pourra jouer :
Sur C : do majeur, tout simplement, en évitant éventuellement la quarte.
Sur C7 : l’accord montre un emprunt tonal, donc, il faut le mettre en évidence. On privilégiera donc l’emploi de la septième mineure (sib) qui montre clairement un changement de tonalité. Et comme on sait que c’est le triton de l’accord de dominante qui remplit la fonction de résolution, on pourra mettre en évidence le mi également.
Puisque nous sommmes dans un processus de résolution, on pourra également jouer altéré. En tout cas, on évitera soigneusement la penta de Do majeur qui ne montre jamais le changement tonal.
Sur F : nous revenons en Do majeur. Pour mettre en évidence l’arrivée sur F, on pourra lier les notes jouées sur C7 par une note importante de F (ex : la tierce La).
Voici un exemple très simple (1 note par accord) :
C7M C7 F
7------6------5------------------------------------------------------------
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Un exemple plus concret, chaque note dure un seul temps :
C C7 F
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10-----------------11--10-------------10---12--13--10---------------
-----12---9-----------------12---9------------------------------------
---------------10-----------------------------------------------------------
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Voilà… je n’invente rien puisqu’une bonne partie de ces éléments à été reprise sur les précédents posts.