Tous ces modes sont surement intéressants, mais en fait y a un truc avec la gamme majeur et la penta : ce sont les seules gammes (sur l'échelle des 12 demi-tons tels qu'on les connait) à être transposables par changement d'UNE SEULE altération.
Exemple: Do majeur, j'altère une note gentiment (je dièse le Fa) et je me retrouve en Sol majeur. Après tout, on pourrait très bien se trouver dans la configuration où j'ai beau diéser et bémoler un paquet de notes, je ne retrouve pas la gamme majeure. Notre fameux cycle des quintes est entré dans les moeurs, mais ça n'a rien d'un automatisme. C'est une particularité. Mathématiquement, c'est l'unique combinaison, avec la penta qui peut être vue comme un sous ensemble de la gamme majeur (je sais que c'est faux, mais on s'en moque ici). D'ailleurs, la gamme majeure et la gamme penta se combinent pour donner l'ensemble de la gamme chromatique. On parle alors de complétude. Pas convaincus ? Regardez un piano, sur une octave. Les touches blanches vous donnent la gamme majeure et les touches noires, une gamme penta. Curieux, non ? Pas tant que ça, mais y en a qui dorment déjà dans le fond. Ce n'est certes pas le moment de parler de Maths.
Retour aux modes donc : pourquoi diable cette digression ? Parce qu'une des caractéristiques essentielles du discours tonal, c'est la capacité à moduler facilement. Or, le cycle des quintes, qui met en valeur une succession de notes premièrement, et par construction, d'accords de dominantes, repose sur cette particularité : les échelles qui gardent la même constitution par altération d'une seule note.
Exemple sur un cas particulier:
On part de Do majeur
Son complémentaire dans la gamme chromatique est Fa# majeur penta.
En effet, quand on réunit toutes les notes de Do majeur et Fa# majeur penta, on obtient la gamme chromatique.
Do Ré Mi Fa Sol La Si Do = Do majeur
Do# Re# Fa# Sol# La# = Fa# majeur penta
Le changement d'une seule altération bien choisie (Fa > Fa#) donne une autre gamme majeure (résultat non trivial, quoiqu'habituel) : Sol majeur. Question : qu'advient-il de son complémentaire dans la gamme chromatique ? Autrement dit, quand on retire les notes de Sol majeur, que reste-t-il ?
Do Ré Mi Fa# Sol La Si Do = Sol Majeur
Do# Re# Mi# Sol# La# = Do# majeur penta
Ben ça alors : une gamme penta, précisément Do# majeur penta...Et les distances entre les toniques des 2 gammes (Do / Fa# et Sol Do#) procèdent du même intervalle : le triton. Par contre, ça je ne sais pas l'expliquer. C'est quand même beau les maths. Les deux seules solutions d'une modulation expresse (une altération) dans l'espace des 12 demi-tons, ces deux solutions sont distantes de l'intervalle instable par excellence, celui qui, par l'intermédiaire de l'accord de dominante, donne toute sa cohérence aux modulations qui sont la contrainte de départ. Evidemment, à ce stade, on ne sera pas surpris de constater que les gammes pentas résultantes procèdent par quintes, elles aussi.
Je trouve ça terrible, moi
Tout ça pour dire : les modes exotiques et hybrides sont sûrement géniaux, mais ils n'ont pas ces propriétés proprement extraordinaires.
Je sens que je vais me faire chambrer avec ce post à la con...
Et non, je ne pense pas à ça quand je joue
Yngwie forever.