Entomber a écrit :
Citation:
Comme une batteuse que je devais enregistrer et qui voyait du sexisme partout, entre autre quand je lui demandais de taper plus fort sur les fûts (alors parce que je suis une fille je tape pas assez fort ?!? )
(Et puis on ne va pas se voiler la face, elle a dû l'entendre un paquet de fois qu'elle "jouait comme une gonzesse" la pauvre. :S )
Je pense que je dois éclaircir le cas de la batteuse : il s'agissait d'un groupe globalement débutant et la batteuse était la musicienne la plus débutante de tous. Et je n'ai aucun problème avec cela. Mais le soucis était que la fille, sans être méchante, avait la manie de systématiquement cacher ses déficiences derrière l'excuse du sexisme, sûrement par un grand manque de confiance en elle. Et ce procès d'intention, en plus d'être insultant, ralentissait le travail. Cela gênait les autres membres du groupe encore plus que moi d'ailleurs. Ou encore par exemple à la fin d'un concert auquel j'assistais, la mère d'un des musiciens vient sympathiquement la féliciter et elle arrive encore à le prendre mal du genre "Ah c'est parce que je suis une fille qu'on vient me féliciter etc..." Les membres du groupe supposent que cette susceptibilité vient du fait qu'elle a dû être assez grosse et en souffrir plus jeune ou quelque chose comme ça.
Entomber a écrit :
Bah en même temps...
On peut donner des pistes lors des prises mais quelque part ce qui fait l'identité du zicos c'est aussi son jeu.
Pour moi un enregistrement est quelque part une photo à l'instant T d'un musicien ou d'un groupe.
Une photo posée, travaillée, optimisée mais une photo malgré tout, pas une reconstruction de la réalité.
C'est difficile à faire mais pour moi une grande partie de l'art de l'ingé son est de trouver le bon équilibre entre respect du groupe et sa vision du produit fini. Trouver où il peut influer, là où les musiciens peuvent suivre et là où c'est contreproductif ou décalé par rapport à "l'âme" du groupe.
Je suis d'accord qu'il faut respecter l'identité musicale des musiciens, mais comme tu le dis également, le rôle d'un producteur est aussi justement de guider le groupe pour servir au mieux leur musique. Quand nous plaçons les micros, jugeons si une prise est bonne ou pas, nous mettons nécessairement de nous même dans l'enregistrement.
Et ceci est encore plus vrai quand il s'agit de débutants. Je suis le premier à être heureux quand les musiciens savent se gérer tout seuls et que je n'ai quasiment à faire que de la technique. La réalité est quand même moins sympathique la plupart du temps : il faut
forcer les musiciens à jouer du mieux qu'ils peuvent, à être ponctuels, sérieux, à ne pas se torcher la gueule la veille, à élever leur exigence quant à eux mêmes. Laisser les musiciens jouer mal, ça n'est pas exacerber leur identité musicale.
Soit on est trop gentil et le résultat est médiocre, soit on est exigent dans
l'intérêt de la musique et finalement les musiciens progressent et reviennent vers nous ultérieurement
Cas opposé pour illustrer mes dires : j'ai à plusieurs reprises enregistré des jeunes musiciens classiques du conservatoire de Strasbourg (notamment des formations intégralement féminines, pas de problème de sexisme et très sympathiques
) et je n'avais presque rien à faire. Ils connaissaient parfaitement leurs parties, étaient extrêmement exigents avec eux-mêmes et admettaient complètement leurs éventuelles erreurs : des vrais musiciens pros, sans égo mal placé.
Ça me fait penser : il y avait un épisode Pod Cast de Jordan Valeriote où il aborde justement ce sujet.
https://www.podbean.com/media/(...)212c2
PS : J'espère que ce post ne me fera pas passer pour un gros conn**d, je mords pas en réalité