Eddie Van Halen fut à mon sens le plus grand innovateur de la guitare rock à la suite de Jimi Hendrix. Ses techniques de tapping ont certes été développées davantage par des dizaines et des dizaines de guitaristes rock par la suite (Joe Satriani, Steve Vai, Yngwie Malmsteen et leurs nombreux successeurs), ses façons de phraser et d’extrapoler les harmonies rock passeront à l’histoire, ce musicien demeure l’esprit fondateur d’un nouveau cycle dans lequel nous nous retrouvons toujours aujourd’hui.
Lorsque le phénomène Van Halen explosa dans les années 80, ça ne me disait franchement pas grand-chose… jusqu’à ce que j’assiste à un concert du band par obligation professionnelle. Ce soir-là, j’ai changé d’avis. Le fun de jouer, le cœur gros comme ça, la grande virtuosité rock, le tone, le groove, les passes d’enfer et ce pur plaisir de jouer avec une facilité déconcertante.
Je n’écoute toujours pas plus les albums de Van Halen, ces chansons ont tôt fait de m’ennuyer. Sur scène, cependant, je recommande à quiconque aime le rock d’assister à un de leurs concerts au moins une fois dans leur vie. Sauf exception, le rock de guitare a atteint sa forme classique depuis belle lurette. Ses excroissances de complexité nous mènent lentement vers des formes musclées de musique contemporaine qui ne gardent du rock que l’esprit originel.
Eddie Van Halen, lui,a joint le camp du folklore et de l’artisanat à la manière des vieux bluesmen. Ce qu’il propose n’est rien d’autre que la même expérience qu’il revit chaque soir qu’il daigne monter sur scène. C’est ainsi depuis les années 70.
Alain Brunet
La chronique complète de A different Kind Of Trut