BONjour !
Très beau travail, très courageuse initiative que de rendre "publics" tes enregistrements et de les livrer à la vindicte populaire !
Pour commencer par ton dernier post, je trouve très caractéristique ce que tu décris : un musicien jeune et motivé qui perd ses ailes en arrivant au conservatoire. C’est hélas monnaie courante. Et très dommage. Le conservatoire offre une seule voie. Elle convient à 1% des musiciens. Les autres doivent-ils accepter de souffrir ou carrément abandonner la musique classique ?!
Ce phénomène de sclérose, de pensée unique et de verrouillage est étrangement douloureux… as-tu lu ceci :
https://www.guitariste.com/for(...).html
Ma langue musicale maternelle est le flamenco, ma culture est classique, je suis très sensible à certains de tes propos (fort bien écrits au demeurant) car ces techniques, loin d’être antinomiques, sont, à mes yeux, complémentaires. C’est, en tout cas, ma recherche. Et je la mène guitare à la main mais également en lutherie ; le dernier instrument que j’ai construit (destiné à mon usage personnel) tâche de réunir les deux univers.
Merci, donc.
Concernant tes enregistrements, je trouve ton niveau technique très impressionnant. Cela semble couler de source pour toi, et tu sembles ne pas te battre avec certaines des techniques qui donnent du fil à retordre aux plus avancés. Cette aisance soulage l’auditeur, lui fait du bien, l’entraine (tu imagines combien de fois j’ai écouté Asturias au cours de ma carrière…)
Il y a quelque chose de pétillant dans ta manière de jouer, comme si rien ne pouvait arrêter le flot de ton enthousiasme, qu’il soit tendre ou violent.
Cependant… alors que l’on palpite (surtout dans Koyunbaba et dans les premières notes d’Asturias) à l’incroyable sensualité que tu sais "sortir" d’une guitare (surtout si elle était toute pourrie - ah, et je partage ton goût pour Christian Magdeleine) pourquoi diable ne lui laisses-tu parfois plus le temps d’exister, surtout dans Asturias ?!
Ce morceau, à cause des contrastes qu’il induit, est éminemment périlleux ; s’ils sont superbes dans la mesure juste, il est aisé de les rendre contondants et douloureux.
La pâte musicale doit s’écouler souplement - ou comme un collier de perles fines. Souvent, dans ta fougue impressionnante, tu jettes un sort aux notes, tu les massacres dès après leur naissance, ou tu les mets au monde estropiées… Ô ! ne fais jamais cela ! Même, et surtout, en flamenco, où la technique flamboyante dégénère trop fréquemment en fatras crépitant et ferraillant, nous privant de toute la délectable matière du son.
Car la musique, surtout en guitare, c’est du son modelé du bout des doigts (j’ai beaucoup écrit à se sujet) Si tu n’y mets pas tout ton soin, elle peut se réduire à un chapelet de notes désincarnées et/ou même pénibles – on frôle la démangeaison auditive…
…voilà, ce n’est que mon avis…
…et puisque tu me le demandes
voici un autre de mes avis… oui, tu as "tort" d’abandonner le classique sur le billot du conservatoire, car tu as TOUT pour toi dans les deux domaines. Et les enrichir l’un de l’autre et tous deux de ton propre talent, de ta propre créativité, n’est-ce pas une mission motivante ?
J’aimerai beaucoup suivre ton travail, car il y a une flamme vraiment particulière et rare en toi.
A bientôt j’espère, et merci encore.
Très cordialement,
Amidala
(c’est beau, Vienne !)