:: Gibson Les Paul Standard Faded ::
Le case
La guitare telle qu'à l'origine.
Descriptif
Livrée dans une caisse noire de facture honnête, c'est une Les Paul standard dont le verni est satiné.
La lutherie est évidemment un classique : 4 cm d'acajou massif pour le corps (en deux parties collées), une table sculptée en érable (en 2 parties aussi), et un manche en acajou d'une pièce.
La table est en érable flammé de catégorie AA, c'est à dire en théorie pas le top de la qualité. En fait on voit autant les lignes du bois que le flammage, et cet équilibre est agréable. La finition HoneyBurst satinée est nettement plus discrète que les finitions gloss. C'est une interprétation plus roots et moins luxe.
Changemennt de micros pour des Classics '57, waxpotage des capots Nickel
Un binding crème rosé entoure la table et le manche. S'il y a un reproche à faire à Gibson, c'est là : c'est clairement indigne de la catégorie de prix de cette guitare. Pas très bien posé, une couleur peu appropriée, un matériau un peu cheap... De loin, ça ne se voit pas, et si on n'y met pas le nez dessus tout le temps, c'est anecdotique. Oublions cette affaire, la guitare sonne, c'est bien le principal !
Le manche est fin, en acajou, le verni est aussi satiné. La touche est en érable, les frettes sont assez fines et haute, leur sommet est aplati. Avec ces frettes, ce manche est d'une grande précision : il ne facilite pas les glissés, mais permet d'avoir une très bonne intonation. Ce manche est un régal : on peut jouer 5 heures sans se fatiguer... mais en contrepartie, il est très précis et le jeu doit suivre : cette guitare est exigeante avec son porteur !
Première customisation, provisoire (histoire de virer les plastiques beigeasses...)
Les micros sont des BurstBucker Pro, en version zebra, sans capot. Ce sont en fait des genres des Classic'57 un peu remontés en aigues et en hauts médiums, plus claquants donc... mais, placés sur de l'acajou, ce claquant reste chaud.
L'accastillage est en nickel, solide et vintage : les mécaniques ne sont pas à bain d'huile, mais elles font leur travail. Les clefs de celles-ci sont en plastique verdâtre... ça doit être une esthétique propre au kitch Nashvillien... il faut être de là bas pour apprécier ! Les attaches courroies sont très jolies, mais un peu petites, et si l'on tient la guitare haute, il y a un risque de décrochement.
Customisation définitive : contours de micros et pickguard en bois
Ergonomie
C'est lourd, c'est pas une enclume, mais quand même, une bonne sangle rembourrée est utile pour ne pas se scier le cou. La guitare est malgré cela assez équilibrée : on peut même jouer assis en tenant le manche à l'horizontale, mais il faut sangler pour jouer avec le manche à 45°.
C'est roots, de l'acajou, de l'érable, du nickel, de bons micros, des cordes. Point. C'est aux doigts de faire le travail.
C'est beau, le design simple, la forme d'une vraie guitare, la table bombée, la finition HoneyBurst et satinée, les commandes discrètes et bien placées, c'est une guitare évidente, donc belle (Philipp Stark dans le texte).
Les sons
Jazz : c'est une guitare orientée jazz... si ! D'accord, on peut aussi jouer du gros rock qui tâche, mais cantonner cette guitare dans ce style est réducteur. Comme une strat', cette guitare est d'une grande polyvalence : sons clairs, crunches, saturés, rien ne lui fait peur.
Expressivité : le son est très sensible au jeu, et les réglages sont réellement efficients. Jouez doux, elle est douce, smooth, jouez dur elle est dure, à sa manière, grondante. Toujours riche en médiums, le son est plein, en clair comme en crunch .
Sustain : l'acajou compresse un peu le son, l'attaque est franche et puissante, mais pas aussi agressive que sur une Telecaster par exemple. Le sustain est bien présent, en son clair, la note est longue, en son saturé, elle peut être très longue !
Sons clairs : Un beau son, riche, expressif, même sur le micro chevalet : c'est la première fois que j'entend un son clair de micro chevalet non seulement correct, mais dont on a envie de se servir pour autre chose de de la country. Les tonalités sont efficaces est progressives et donne une palette correcte avant d'assourdir beaucoup le son. L'équilibrage des volumes avec les deux micros ensembles permet lui aussi de varier fortement le son, en particulier la présence et les basses.
Sons crunches : le grain est très particulier, félin, on le connaît tous. Le micro manche donne des sons lourds, le micro chevalet donne un timbre grondant et expressif. En réglant les amplis juste en dessous de la saturation, à mi volume sur la guitare, on contrôle très facilement le crunch au médiator.
Associée à un Rivera Clubster... la palette est large...
J'ai pu essayer cette guitare sur différents amplis, mais pas encore tous !
Branchée sur un Vox AD30 (modélisations) : c'est pas mal, mais l'ampli est à la ramasse dans les basses, qui brouillent le son dès qu'on monte le volume, même en les baissant !
Branchée sur un Vox AC 15 (lampes) : Le couple fonctionne très bien, donnant de très beaux sons clairs, et des crunches typiquement britishes... C'est l'un des sons du rock. Mais c'est pas très jazz, même en son clair.
Branchée sur un Marshall JCM 2000 : C'est un mythe, c'est lourd de chez lourd, agressif... poilu... viril on va dire ! Rock obligatoire.
Branchée sur un AER : formidable, un son très jazz, ça sonne parfaitement. Il faudrait essayer avec une bonne pédale ou un préampli à lampe pour voir ce que donnent les sons saturés.
Branchée sur un Rivera Clubster 25 : C'est ma configuration actuelle, et j'en suis bien content ! Sur le canal clair, on va de la rythmique funk bien claquante au jazz smooth en passant par la country et un son très twang sur le micro chevalet. En poussant le canal clair au delà de 4/5, on a un crunch dont le grain est proche d'un Bassman. En saturation, ça se rapproche d'un Marshall, moins bizarre dans les médiums, très contrôlable avec les potards de volume et tonalité.
Custom or not Custom ?
Customiser une LesPaul... faut-il ou non ?
Deux raisons m'ont poussé à le faire, l'une est anegdotique, esthétique (je n'aime pas la couleur crème, assez présente à l'origine). L'autre est plus importante, c'est le son.
Customisation sonore
Les micros : Les BurstBucker Pro, d'origine, sont de très bon micros, très polyvalents, et permettant à la guitare de s'insérer facilement dans un mix (présence des hauts médiums et des aigues). Mais... le son que j'ai en tête, à la fois pour le jazz et pour le rock... y'a pas, c'est celui des PAF. A défaut de trouver des originaux... j'ai donc monté un couple de Classic'57 ('57+ au chevalet). Le son en est fortement densifié, peut être plus difficile à exploiter, mais donnant une palette plus large de sonorités.
Les Condensateurs de tonalité : ceux qui sont montés d'origine sont des machins en céramique... ça passe avec les BurstBucker, mais pas avec les Classic'57 : le son devient vite brouillon et sourd quand on baisse la tonalité. En les changeant pour des OrangeDropp de 0,047 mF, j'ai en fait eu la surprise de constater que les condensateurs d'origine étaient de 0,022 mF. Cela explique aussi le phénomène : on utilise en général cette valeur pour des micros chargés en aigues, comme les simples de Fender. Résultat avec les OrangeDropp : l'ensemble de la course des potard est exploitable, le mélange des micros, à des volumes et tonalités différentes est beaucoup plus versatile. Pour disposer de sons clairs variés, il est absolument indispensable de faire cette modification.
Customisation ésthétique
De ce point de vue, je ne suis pas encore rendu. Idéalement, je voudrais disposer d'un accastillage en bois : contours de micro et pickguard. C'est la prochaine étape...
En conclusion
On dit dans le milieu des collectionneurs que Gibson ne fait plus de Gibson depuis les années 60... C'est peut-être vrai... mais quand même, une Les Paul de 2005, ça sonne !
De surcroît, c'est un véritable instrument, précis, exigeant techniquement, typé : il nous pousse à nous dépasser, et ceci est bon