Je vous livre la compilation de mes recherches sur ce micro.
En novembre 1948, Ted McCarty, arrivé chez Gibson en mars, dépose un brevet pour une plaque micro permettant d’électrifier les archtops sans modifier, ni percer la caisse. L’initiative répond à la demande alors croissante de pouvoir amplifier les guitares.
Cette plaque désignée « McCarty unit », « McCarty pickguard » ou dans les catalogues « MacCarty fingerest » existe en 4 modèles : un ou deux micros et deux formats pour s’adapter aux guitares sans pan coupé et à celles qui en sont pourvus. Chaque modèle se déclinant en nickel (pour les L-7) et doré pour se coordonner avec l’accastillage des L-5, L-12 et S-400.
Les micros qui équipent ce dispositif sont des P90 spéciaux, plus fins, à la sonorité moins agressive. Le câble faisant la jonction entre le micro et l’ampli se visse directement sous la plaque qui porte les potentiomètres de volume et de tonalité… au risque d’un arrachement en cas de fausse manœuvre.
En 1948, la commercialisation se fait sous deux formes : à l’unité pour équiper n’importe quelle guitare ; ou de 1948 à 1954, directement monté sur une L-7 qui prenait alors le nom de L-7E/L-7ED (sans cutaway simple micro ou double) ou de L-7 PE/L-7PED (cutaway), pour Premium Electric ou Premium Electric Double. En 1949, la dénomination L-7PE et L-7PED évolue pour L-7CE et L-7CED.
Les chiffres d’expédition par Gibson montrent un réel succès de ce micro à sa sortie : 23 % des 556 L-7 vendues en 1948 en sont équipées. Ce pourcentage augmente pour atteindre 42 % des 313 L-7 vendues en 1952. Il s’effondre à 5 % en 1953 et 1954, avant que l’offre de L-7 électrifiées ne disparaisse du catalogue en 1955. Cet effondrement suit celui la baisse de demande d’archtops (seules 126 L-7 seront commercialisées en 1954), contrecoup direct de l’offre en solid bodies qui se renforce. La production des MacCarty fingerest, désormais vendus séparément, cessera en 1971.
Je n’ai trouvé le tarif des MacCarty qu’au catalogue 1957 : ils coûtent alors 40 $ en micro simple ; 75 $ en double. Par comparaison, la L-7C se vend alors 265 $ ; la L-5C, 525 $ ; la LP Custom, 375 $. Ces prix sont ceux hors case, lesquels valent environ 50 $. Le DeArmond avec contrôles, qui est son rival direct, coûte alors moins de 30 $.
Quand j’examine ce MacCarty, je suis étonné du soin extrême porté à la conception et à la réalisation du produit : matériaux de grande qualité, depuis la bakélite du pickguard, sa mise en forme légèrement galbée, les barres de renforts... pour que l’ensemble, assez lourd, reste rigide et ne se déforme pas à la longue. Mon exemplaire, vieux de près de 60 ans, est d’ailleurs dans un état remarquable. Cette qualité se retrouve dans la visserie, en cuivre, les soudures, à l’argent, le condensateur, l’isolation de l’ensemble pour assurer un souffle minimum. On ajoutera le soin porté au design, tout en courbes subtiles.
Aujourd’hui trouver en Europe un McCarty n’est pas évident : ils sont rares. Aux USA, plus que la rareté, c’est une question de prix. Comme tous les grands micros des années 50 (DeArmond, Charlie Christian...), ils sont le plus souvent vendus des sommes astronomiques : récemment, 1400 $ sur Ebay pour un double ; 800/1000 $ sur Reverb pour un simple.
Lollar en fabrique à la commande 5 à 8 par an. Pour cette copie, il fallait paraît-il compter environ 750 $ en 2005. Voilà comment Jason Lollar qui dit apprécier particulièrement ce micro, le décrit :
«
Les McCarty utilisent des aimants à tige de 3/8" de long, mais comme ils ont une embase dogear, si vous les regardez par dessous, il est possible de les confondre avec un P-90.
Ils sont agréablement puissants, avec un peu moins de médium qu’un P-90 classique, tout en restant riches.
Vous pouvez obtenir une tonalité tranchante, claire et puissante ou baisser d'un ton pour une belle sonorité jazz, ronde sans être muddy. » (The Les Paul FORUM - 28 juillet 2010).