Je possède bien plus de livres que de guitares ; je ne les compte plus depuis des lustres et des lustres : on doit être en transit quelque part entre cinq mille et dix mille, plus près de dix ; certains sont vintages, très très vintages.
Je ne relis pas ce flot tous les jours .
Pourtant, je sais qu’ils sont là et où ils sont. Parmi eux, il y en a quelques-uns que je n’ai pas arrêté de lire, au sens propre du terme, depuis l’adolescence : ce qu’on appelle des livres de chevet.
Eh, bien, je continue à acheter des livres et à les lire entièrement, le plus souvent.
L’analogie vaut ce qu'elle vaut, mais je suis bien plus sage avec les guitares et autres instruments de musique.
Cependant, j’en possède sûrement trop.
Je ne les joue pas toutes chaque jour, loin de là.
Or, il y a celles que je relis sans arrêt.
Cela devrait-il me dissuader d’en toiser une nouvelle (elle est à Tokyo pour l’heure) et de lui dire : «Peut-être, à la prochaine...» ?
Ben, non.
C’est sans doute féerique , plutôt purement rationnel , mais pas très raisonnable 😎.
Elles doivent un peu me posséder aussi.
L'ordre du monde et son jeu sont ainsi respectés...
«Wir leben unter finsteren Himmeln, und –es gibt wenig Menschen. Darum gibt es wohl auch so wenig Gedichte. Die Hoffnungen, die ich noch habe, sind nicht groß. Ich versuche, mir das mir Verbliebene zu erhalten. »
Paul Celan, 18 mai 1960, Lettre à Hans Bender.