Non je l'ai racheté à un pote mélomane qui avait du revendre une bonne partie de sa discothèque parce qu'il manquait de place et avait besoin d'argent...
Il y a des choses hallucinantes là-dessus, les deux versions de "My Funny Valentine", le "So What" complètement déconstruit, le solo de Shorter sur "Agitation", il faudrait presque tout citer...Tony Williams avait 20 ans et était vraiment insurpassable...C'est souvent assez avant-gardiste, pas vraiment "free" mais très original, à comparer à ce que faisait Coltrane à la même période...
Ce que disait Miles Davis de cette époque:
"Tony [...] changeait sa manière de jouer tous les soirs. Pour jouer avec lui, il fallait être toujours en alerte, faire attention à tout ce qu'il faisait, ou bien il vous larguait en l'espace d'une seconde ; vous vous retrouviez hors tempo, à la traîne, et alors vous étiez mal. Personne n'a jamais joué aussi bien que lui avec moi. A vous foutre les jetons. [...] Si j'étais l'inspiration, représentais la sagesse et assurais l'homogénéité du groupe, Tony en était le feu, l'étincelle créatrice ; Wayne était l'homme des idées, le concepteur intellectuel ; Ron et Herbie en étaient les ancrages. Je n'étais que le leader qui avait rassemblé tout le monde. Ils étaient jeunes mais, même si je leur apprenais certaines choses, ils m'en apprenaient d'autres, sur la New Thing, sur le Free... Je savais que je jouais avec de grands musiciens de la nouvelle génération qui avaient un autre rythme [que le mien] au bout des doigts.J'apprenais quelque chose chaque soir avec cette formation, d'abord parce que Tony Williams était un batteur progressiste. Le seul membre d'un de mes orchestres qui m'ait dit un jour : "Bon Dieu, Miles, pourquoi ne travailles-tu pas [ton instrument] ?" Il faut dire qu'en essayant de tenir la dragée haute à ce jeunot, je ratais des notes. Il m'a donc poussé à retravailler mon instrument, puisque je m'étais dispensé de cette discipline sans même m'en rendre compte. Il fallait à Ron Carter quatre ou cinq jours pour entrer dans quelque chose, mais une fois qu'il y était, mieux valait se garer. Parce que l'enfoiré fonçait alors bille en tête, et si vous n'assuriez pas au maximum, vous vous faisiez lâcher et vous aviez vraiment l'air bête. Nous étions trop orgueilleux pour accepter une chose pareille. Chaque nuit, Herbie, Tony et Ron rentraient dans leur chambre et discutaient jusqu'au petit matin de ce qu'ils venaient de jouer. Le lendemain, ils remontaient sur scène et jouaient différemment. Et moi, soir après soir, il fallait que je m'adapte."