Je rattache un post pertinent de doc loco :
petit apparté concernant Telephone puisque certains se plaisent à les citer depuis quelques pages: c'est se tromper du tout au tout que de les comparer aux BBB et autres, même si je peux comprendre qu'en ayant que des informations imprécises et le souvenir d'un assez calamiteux "Ca c'est vraiment toi" - arrivé sur leur fin de carrière - on puisse avoir une vision incorrecte de l'histoire.
Déjà, Telephone est arrivé à une époque où il n'y avait aucun groupe français mis en évidence ou programmé (ce qui ne veut pas dire qu'il n'y avait pas de groupes intéressants, loin de là).
Ensuite, loin d'être balancés à 19-20 ans sur la scène par une maison de disque, ils ont bossé avant, joué individuellement dans d'autres groupes, appris la scène - enfin les galères habituelles des musicos.
Leur premier disque - maxi 45T - était autoproduit, et c'est son succès qui a amené une firme à les signer. Le premier 33T a été réalisé avec un budget misérable et en quelques jours - ça s'entend et c'est ça qui est bon et a fait son succès, ça n'a rien de manufacturé.
L'intérêt de la presse est venu après, à l'époque du second 33T, avec un temps de retard sur le public.
D'autre part, leur apparence n'avait rien de particulier ni étudié pour plaire aux foules, c'était juste quatre jeunes identiques aux milliers de leur époque,
Par contre, le seul point où la comparaison tiendrait, c'est que eux aussi proposait un rock "recyclé", puisque entièrement inspiré par les Stones et autres Faces, A la différence près que c'était nouveau: jamais un groupe n'avait proposé cette musique en français. En tout cas pas d'une façon "qui passe" auprès des amateurs de rock.
Et surtout, l'expérience aidant, c'était un foutu bon groupe de scène, et tout qui a eu la chance de les voir à leur apogée, vers '80-'81 sait de quoi je parle - voir à ce sujet l'excellent docu "Telephone public".
Après, il y'a la chute, les tentations d ela facilité - "Ca c'est vraiment toi" et autres "le jour se lève", et une séparation bienvenue à mon sens.
Un signe qui ne trompe pas: au lieu de devenir directeurs artistiques de maisons de disque ou présentateurs/juges de la "Nouvelle Starac", trois des membres sont toujours musiciens respectés et (hyper)actifs, la quatrième étant retournée à l'anonymat. C'est dire où étaient leurs priorités depuis le début.
Qu'on aime pas Telephone, qu'on les trouve mauvais ou ringards selon nos critères actuels - en refaisant l'histoire comme ça devient une triste habitude - c'est OK pour moi; y'a d'ailleurs des aspects de ce groupe que je n'aime pas.
Mais pour juger sereinement, je conseillerais au minimum de visionner Telephone public, qui retrace à merveille la période d'avant les tubes grand public, la période à cause de laquelle beaucoup les ont aimé à l'époque et les aiment encore - sans se faire d'illusion sur la "valeur musicale" de leur héritage pour autant. Mais c'était un p..tain de groupe de scène par contre.
Là encore, je fais appel aux témoins de cette époque et je confirme la joie qui était la nôtre, lycéens ou étudiants de l'époque, d'entendre "Hygiaphone", "métro c'est trop" ou "crache ton venin", avec des guitares nerveuses. Je rappelle que nous étions alors noyés sous des déluges de disco triomphant
"téléphone public" est effectivement un bon documentaire qui restitue bien la fraicheur et l'énergie du groupe.
J'ai un peu lâché le groupe après "argent trop cher" et suis d'accord sur les dernières années moins excitantes ou spontanées que leurs débuts.
Mais croyez-moi, l'enthousiasme de leur public que j'ai partagé de 78 à 81, çà valait le voyage, c'était un peu "notre" groupe !
"J'ai souvent pensé à me suicider, mais çà voulait dire rater le prochain Stones"
Patti Smith