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2000 : Billy Corgan annonce au printemps que les Smashing Pumpkins vont se séparer. En voilà une belle manière de débuter la décennie. Toutefois, très digne, le groupe offre une tournée d’adieu dont on se souvient encore et balance "Machina II" gratos. Niveau crédibilité, le Billy est très haut, il imagine (et nous avec lui) que le monde va s’arrêter sans lui.
2001 : le traditionnel best-of, une collaboration remarquée avec New Order et surtout l’annonce d’un nouveau groupe composé de fines fleurs de l’indie. Billy, reviens vite !
2002 : Zwan tourne dans des minuscules clubs, le groupe se rode, se fait un imposant répertoire (près de 100 chansons dont certaines plutôt prometteuses…) et se taille une crédibilité : ce sera un vrai groupe ou ce ne sera pas. Le temps passe, le monde change, on commence à l’oublier Billy…
2003 : … c’est pour ça qu’au début de l’année sort "Mary Star of the Sea". Pas franchement un mauvais disque mais un disque mal foutu. Les chansons sonnent trop pop pour les rockeurs, les guitares sont trop grosses pour les radios pop, le disque est mal produit (ces secondes voix robotiques…), les chansons sont mal choisies (quid de "Chrysanthemum" ? "The empty sea" ? "The shining path" ? "Whatever whenever" ? "Rivers you can’t cross"? "Love lies in ruin"?) et le solide single "Honestly" n’empêche pas le naufrage. Surtout, le monde a changé et Billy parait terriblement uncool en flower warrior face aux Strokes et Libertines. Tournée annulée au printemps, split en automne. Corgan devient le splitteur fou, l’homme qui détruit les groupes lorsqu’ils ne marchent plus. Gros coup de latte dans la crédibilité. Billy fait rire.
2004 : Largué musicalement et amoureusement, Billy veut se reconnecter avec sa fan base. Alors il se fait un blog dans lequel attention, il balance, il urine sur les gens (un peu comme Reznor maintenant) : D’Arcy est une méchante droguée et c’est James qui a splitté les Pumpkins. Matt Sweeney est un méchant drogué et c’est David Pajo qui a splitté Zwan. On ne demande qu’à le croire. Billy se lance dans un projet Chicago songs : un dvd dans lequel il joue des chansons folk sur sa bonne vieille ville. Le Dvd est enregistré mais déçu du résultat, Billy annule tout. D’autant qu’il a autre chose en vue : un livre de poésie qui sort à l’automne. Blinking with fists n’est pas trop mal mais anecdotique, il ne suffit pas d’utiliser du vieil anglais pour être Shelley. Billy touche le fond, même Dolph Lundgren dans le rôle de Barack Obama parait plus crédible.
2005 : "The FutureEmbrace". Album solo pas spécialement commercial ni apprécié dont beaucoup de gens ont uniquement retenu la reprise pourtant chouette du "To love somebody" des Bee Gees. Mais les Bee Gees ça pue du cul donc c’est nul. Le disque flop sans laisser de trace alors qu’il y a du bon dedans (Billy tente de faire son Bowie). Surtout, le jour de la sortie du disque, probablement histoire de se faire un peu de pub, Corgan publie un article dans lequel il annonce… la reformation des Smashing Pumpkins. Réaction du mec fan mais pas trop : pourquoi se faire chier avec un album solo alors que le groupe va revenir ? Toute publicité est bonne, peut être, mais quand elle brouille la perception du produit, non. Billy excite un p’tit peu même s’il semble dur de dissocier la reformation avec ses flops des dernières années.
2006 : Spéculations. James et D’Arcy seront-ils là ? Melissa Auf Der Maur laisse entendre que non, doucement mais sûrement, la sauce monte. Billy est presque hype.
2007 : "Zeitgeist". Précédé par un énorme single, l’album déboule au début de l’été mais laisse les fosses sceptiques. La communication coince : les fans regrettent l’absence de Iha et D’Arcy, les nouveaux employés ne sont même pas présentés, l’album sort dans un nombre indécent de versions, le groupe donne des concerts marathons courageux mais le grand public ne se retrouve pas forcément dans des versions psychés de "Glass & the ghost children" ou "Heavy metal machine" alors qu’il réclame son petit "Disarm" et son "Today". Le retour commence à sentir le pétard mouillé.
2008 : L’année où Corgan réussit à s’aliéner une bonne partie de sa fan base. Un anecdotique EP sort, Corgan annonce la mort du format album et sa décision de ne faire que des singles. Le groupe annonce une tournée pour les vingt ans du groupe. En lieu et place du best-of légitimement espéré par le public, le groupe balance des nouvelles chansons, oublie les hits et Billy réalise qu’il est devenu à peine plus excitant que Bon Jovi. Le Dvd If All Goes Wrong sombre (5000 petits exemplaires la semaine de sortie) et Pitchfork titre un cinglant Smashing Pumpkins anniversary tour is a shit show, on a du mal à imaginer comment Billy pourrait faire pire tant il est devenu la risée de l’intelligentsia.
2009 : Pire ? No problemo, Billy trouve le moyen de se mettre à dos son seul allié de la décennie : le fidèle Jimmy Chamberlin se tire à son tour. Le peu de crédibilité qu’il restait dans la réunion éclate en morceaux, Billy se lance dans un projet étrange qui consiste à faire payer les fans pour recevoir des vidéos de lui au taf sur le nouvel album même s’il ne fait plus d’albums mais des singles. Pas de nouvelles depuis la réaction plutôt mitigée des fans à la vue du prix… Billy a un beau twitter. Presque trop drôle pour être vrai (God is an oasis where the well never runs dry, nature never takes a day off, The most revolutionary thing one can do in this world is to create from Love and Light, ce genre).
Conclusion : à 40 ans Billy Corgan ne sait toujours pas s’il veut être Axl Rose ou Kurt Cobain et nous fait sa crise, à moins qu’il s’agisse d’un état permanent. On aurait préféré qu’il se paye une Porsche… ah mais non, il l’a déjà fait dans les 90’s. A croire qu’il a toujours été comme ça. En attendant, il incarne à la perfection l’artiste roi du monde un temps qui ne s’adapte pas et n’accepte pas. Peu ont entaché leur image de la sorte ces dix dernières années. Bravo.
Il a commencé la décennie en splittant son groupe, il la finit en le détruisant.
Et les Pumpkins ? Ben tout le monde s’en fout en fait…