ça critique sec, mais ya des trucs qui m'interpellent:
Avant même de l’entendre, on sait ce que sera Stadium Arcadium. Analyse des nombreuses raisons pour lesquelles, malheureusement, on ne se trompe pas.
(JPEG) Comment en est-on arrivé là ? C’est la question que je me posais avant de me résoudre à cliquer sur lecture. J’avais sauté sur By The Way le jour de sa sortie, et aujourd’hui je m’attelle à l’écoute de ce Stadium Arcadium comme à une corvée. La réponse courte à cette question initiale est By The Way, justement, l’album avec lequel les Red Hot Chili Peppers s’achevait le processus qui a vu le groupe passer du statut de bouffons punk-funk qu’une chaussette habillait à cette grosse machine à stades dont le nom est systématiquement précédé d’un révélateur "Europe 2 présente ". Les communiqués expliquant qu’il s’agirait du meilleur disque qu’ils aient jamais fait, les affiches quatre par trois dans le métro avec Anthony Kiedis prenant des postures christique ou l’annonce qu’il s’agirait d’un double album inspiré de la Kabbale n’ont pas aidé non plus.
J’ai tout de même eu le courage de cliquer. L’album commence avec "Dani California". Les Red Hot Chili Peppers qui font une chanson sur la Californie ! Sans blague ? Soyons charitables, leur paroles n’ont jamais mérité plus qu’une grande indulgence, même quand la musique était bonne. Le groupe garde bien son habituel funk rock en laisse, Kiedis rappe (aussi primitif que ce soit, il faut bien appeler ça comme ça) sur les couplets et chante juste (merci pro-tools) sur le refrain. A quoi bon vous décrire la chanson ? Si vous vous êtes approché d’une radio ou d’un supermarché dans les trois dernières semaines, vous l’avez déjà entendue.
Le morceau suivant s’appelle "Snow (Hey Ho)". Au moins, il n’est pas question de la Californie, apparemment. Et puis les paroles conviendront parfaitement quand il faudra faire chanter en chœur quatre-vingt mille festivaliers à Werchter. Musicalement, le groupe parvient à créer l’équivalent d’une couverture de magazine masculin, une de ces créatures retouchées par la chirurgie et Photoshop, lisse comme les fesses d’un bébé. Peut-être attirant quand on passe devant chez le marchand de journaux mais horriblement inhumain vu de plus près. Très californien, finalement.
(JPEG) Arrivé à "Charlie", le troisième titre, on a fait tour de l’album. Un funk blanc dans la lignée de "Give it Away", le genre de chose dont on sait le groupe capable depuis longtemps. Capable de le faire, en tout cas, plus de le réussir. Le reste de l’album répétera le schéma de ces trois premiers titres pendant deux interminables heures. On pourrait souligner la trompette ridicule de "Hump de Bump", les solos démonstratifs de Frusciante un peu partout, mais la vérité, c’est que pas une tête ne dépasse. Vingt huit titres du même tonneau. Même s’ils étaient bons, ce serait difficile à avaler d’un coup. J’ai essayé, je n’ai pas pu.
Après un petit nettoyage d’oreilles à grand renfort de Sonic Youth, j’ai pris mon courage à deux mains pour passer de Mars à Jupiter, les titres respectifs des deux disques. C’est sûrement là que se cache le concept kabbalistique de l’album. On pourrait espérer un changement entre ces des disques. Cependant, la dernière fois que j’ai vérifié, les vertus de Mars dans la kabbale sont la puissance et l’énergie. L’intelligence radicale. Il n’y avait pas grand chose de tout ça dans le premier disque, tout comme il n’y a ni humilité ni "intelligence unificatrice" dans Jupiter. Les chances qu’un rabbin kabbaliste écoute le disque et s’en offusque sont de toute façon minces, et puis on sait que la Kabbale, en Californie, est plus une histoire d’eau minérale de luxe et de rubans au poignet. C’est toujours mieux qu’un album de propagande scientologue, après tout.
La seule "révélation" qu’apporte l’écoute de Stadium Arcadium, c’est sur le sixième titre, "She’s Only Eighteen", un P-funk lent et lourd. Ici le groupe ne se bride pas. Il n’essaye pas de gommer toutes ses aspérités et de prétendre à trois minutes sur l’autoradio de Don Johnson. Pourtant, le morceau ne décolle pas.
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Oui, les Red Hot Chili Peppers restent le trio basse/guitare/batterie le plus talentueux de ce côté du top ten mais une chose est arrivée, la même qui a causé la perte de tant d’artistes. Ce n’est pas la désintoxication de Frusciante, les disques vendus par camions entiers, les enfants, Europe 2, la Kabbale, le Stade de France... Ils ont juste vieilli. L’expérience a prouvé que, pour la musique populaire, dite "de rythme", ce n’est que très rarement une bonne chose. Peu importe, les stades sont déjà remplis.