New Model Army & Justin Sullivan

Je vous rejoins sur toute la ligne. Pour moi, c'est un des meilleurs groupes 'rock (dans le sens le plus large du terme) de tous les temps. Je les ai vus deux fois sur une scène. La première fois c'était à la Laiterie à Strasbourg pour un concert qui m'avait littéralement scotché au mur. Un des meilleurs concerts que j'ai vu de ma vie (et j'en ai vus un paquet...). Mon plus vieil ami (bassiste) est comme moi un fan absolu du groupe. D'ailleurs avec notre groupe (malheureusement en sommeil depuis le Covid) nous reprenions 'Get me out', 'What a wonderful way to go' et 'Fate'

@ Morrow : la basse a toujours été l'instrument central chez NMA. C'était encore plus vrai au début, ce qui leur a valu d'être associé au mouvement new wave, ce qui est très réducteur, car NMA est inclassable : punk / rock /celtique / gothique / folk, ils sont tout ça à la fois. J'adorais Nelson, leur précédent bassiste.

@ Jim Morrison : dans mes anciens groupes, j'en ai repris quelques uns aussi : 51st state, White light, I don't believe it. Grosse inspirations dans les compositions, surtout au niveau de l'écriture.

"New Wave" j'associe ça au synthé or le synthé a toujours été discret dans le son de NMA. "Gothique" je ne vois pas trop forcément ce que le groupe a de "gothique" dans leur son.
J'aimais aussi beaucoup leurs précédents bassistes, Nelson, Jason "Moose" Harris sur les deux meilleurs albums de NMA ("Thunder and consolation" et "The ghost of Cain"), le dernier Ceri Monger je l'ai plus entendu cette semaine en fait car en live je trouvais que Marshall Gill avait peut-être tendance à trop dominer le son de NMA. Et aussi évidemment le premier bassiste de NMA Stuart Morrow (d'où mon pseudo ) spectaculaire mais qui est resté très peu de temps dans le groupe.

J'adore ce titre par exemple avec sa basse et la voix de Sullivan, très envoûtantes toutes les deux...un petit côté The Police dans ce titre?:

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aussi:

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Plus généralement j'aime bien la basse mise en avant dans certains groupes du post punk début milieu des années 80, comme chez THE CURE ou comme NMA un autre groupe magnifique scandaleusement méconnu de cette époque THE SOUND que je n'ai découvert que l'an dernier..

Le son de basse assez medium était présent dans les groupes New wave / gothique comme Cure ou Lords of the New Church. Tous ces groupes sont nés dans la même période, avec des productions assez identiques. C'est l'époque qui voulait ça aussi. L'aspect gothique vient du son, du graphisme (Joolz, son amie / compagne qui fait le graphisme des pochettes - elle est carrément trippée ésotérisme d'ailleurs - j'avais lu un de ces bouquins, hyper trash). Il y a le côté un peu mystique de leur musique, les références à un imaginaire celte (Justin est d'origine irlandaise) avec des références ésotériques et religieuses (the ghost of Caïn) dans les textes. J'écoutais une interview ou Justin parle de ça, et du fait qu'il aime raconter des histoires, et de l'aspect inclassable de leur musique, finalement.

Je suis d'accord avec toi sur Marshall Gill. Je le trouvais très bon, mais il prenait beaucoup d'espace sonore. Du coup, pour moi, c'est pas tant Ceri Monger que Justin Sullivan qui a retrouvé plus de présence sonore à mes oreilles, surtout sa guitare - ça a vraiment été flagrant pour moi jeudi. Et c'est l'équilibre du groupe qui y a gagné.

Je suis moins sensible aux deux premier albums. A partir de Ghost of Caîn, c'est là, pour moi, qu'ils commencent à écrire des hymnes et c'est vraiment sur Thunder et Consolation que justin Sullivan a pris son envol en termes d'écriture et de composition. Même si il y a quelques morceaux incontournables dans les deux premiers albums, comme no rest, better than them ou vengeance. Mais on les sent bien verts dans la compo et l'écriture sur ces deux premiers albums.

Je suis d'accord avec toi, les deux premiers NMA souffrent aussi de productions pas terribles, le premier grand album c'est THE GHOST OF CAIN qui trouve un équilibre déjà parfait entre le côté brut, agressif, punk des débuts et les expérimentations folk plus nuancées qui suivront.

Quels sont les autres albums (et/ou morceaux) que tu retiens de ce groupe, et que penses-tu des deux albums solo de Sullivan?

Pour ma part, les albums que je retiens en priorité, chronologiquement, après THE GHOST CAIN et THUNDER AND CONSOLATION:

IMPURITY (pour "Purity", "Marrakesh", "Eleven years", "Bury the hatchet"..)

THE LOVE OF HOPELESS CAUSES (pour "Fate", "Living in the rose", "White light", "Here comes the war"..)

B SIDES AND ABANDONNED TRACKS (une compilation qui vaut bien les albums studio ne serait-ce que pour les magnifiques et envoûtants "Marry the sea" et "Drummy B"..)

EIGHT (pour "You weren't there", "Orange tree roads", "Someone like Jesus", "Leeds Road 3AM"..)


HIGH (...tout l'album ou presque!)

BETWEEN DOG AND WOLF (pour "I need more time", "Pull the sun", "Seven times", le titre éponyme..)

FROM HERE le dernier en date qui est solide avec "Passing through", "Never arriving", "End of days", "Conversation", "Maps", le titre éponyme..


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J'ai beaucoup écouté the love of Hopeless causes, Impurity, Strange brotherhood, Carnival, Eight, B sides, lost songs (une compilation de morceaux non inclus dans des albums) , et le premier album de Justin Sullivan. Ensuite, j'ai un peu lâché leur discographie, même si j'ai continué à aller les voir sur scène. Mais depuis Winter, j'ai replongé à fond.
Je les trouve toujours autant inspirés, et globalement, j'adore toute leur discographie. J'ai adoré Eight quand il est sorti, ce qu'il raconte correspondait vraiment à ce que je vivais (crise personnelle, séparation..), the Love of hopeless causes est aussi un album qui me parle beaucoup aussi (Fate, Bad old world). B sides, forcément...ghost of your father, prison, et Drummy B dans lequel il raconte à sa façon, la déchirure du peuple irlandais. Il y a vraiment très peu de textes juste moyens qui sortent de la plume de Justin Sullivan, c'est pour ça que leurs textes, même longs, restent en mémoire. Ce type est vraiment un poète.
Je trouve From Here vraiment excellent, et contrairement à ce que certains disent, ils ont toujours le truc pour écrire des refrains qui accrochent bien l'oreille (never arriving, born feral, where I am, great disguise) et il y a toujours ce mélange d'urgence, de désespoir, de colère, de tristesse et d'humanisme qui prend aux tripes dans chacun de leurs morceaux.

oui c'est tout à fait ça. Sur FROM HERE les paroles de, entre autres, "Passing through", sont très belles et émouvantes. Sur STRANGE BROTHERHOOD j'aime beaucoup "Headlights" la musique comme les paroles et sur LOST SONGS je retiens "Far better thing", "Rainy night 65" et "Falling".
"Born feral" est pour moi le meilleur titre de WINTER, un ami de Justin Sullivan m'a dit que la chanson parlait de lui alors que j'ai toujours pensé que la chanson parlait de Joolz Denby (comme je suppose que le très baau "Devil's bargain" sur BETWEEN WINE AND BLOOD parle d'elle?)
Sullivan a ce talent cette aisance incroyable à composer des hymnes enlevés comme des morceaux acoustiques intimistes, d'une grande délicatesse.

Il y a ce morceau sur THUNDER AND CONSOLATION que j'adore et qui me met les larmes aux yeux, "Nothing touches", sa non présence sur les set list du groupe depuis la sortie de l'album reste pour moi un mystère! Et le déchirant "Family life"..


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Sullivan remet beaucoup en questions les grands symboles de notre civilisation occidentale, mais en y mettant de la poésie : la religion (the ten commandments) , la politique, en général, et surtout ce qu'elle engendre, ses dérives et la perte de sens global du monde dans lequel on vit, la démocratie (brave new world), le désastre de l'ultra liberalisme et l'individualisme (these words, lust for power), les médias (deadeye, you weren't there), les familles disloquées... Sullivan dit qu'il raconte des histoires mais les histoires qu'il racontent sont souvent sordides et montrent souvent l'absurdité et la violence du monde dans lequel on vit, et qui apporte davantage de bonheur que de malheur (l'addiction, dans Nothing dies easy, par exemple). Ca nous parle parce que ça nous ressemble, du moins ça correspond à notre ressenti, à des degrés divers. Et en même temps, il en parle avec humanité, une forme de romantisme.

oui, en dehors de l'efficacité de leurs mélodies, il y a un côté universel et humaniste dans les paroles qui aurait dû parler à beaucoup plus de personnes. J'ai une connaissance ami de Justin qui a approché Arte pour leur proposer de réaliser pour eux un documentaire sur NMA, Arte a refusé... quelle tristesse! C'est pas demain la veille que le groupe sera plus connu en France!

Pas étonnant ! Ils sont trop radicaux, trop punk, ou trop peu populaires, trop inclassables. NMA est d'ailleurs une exception culturelle : comment un groupe si peu commercialement populaire a réussi à être suivi et par des gens qui adorent leur musique pratiquement partout dans le monde, pas très nombreux, quelques dizaines de milliers, mais toujours là depuis plusieurs décennies? Justin s'en félicite car il se considère totalement libre artistiquement et n'a à répondre à aucune contrainte à part celles qu'ils s'imposent en tant que groupe. De toute façon, son mode de fonctionnement était trop libertaire des le départ, et le succès populaire n'a jamais été sa priorité.

https://www.letemps.ch/culture(...)monde

Article très intéressant.

Ça fait plaisir de lire tous vos messages sur NMA. Je partage vos avis dithyrambiques !! Moi je les ai découvert il y a plus de 25 ans (ouch...) et c'est un groupe très particulier pour moi car à l'époque, avec 2 très bons amis, on a monté un groupe et on s'est fait la main sur énormément de chansons de NMA. Je pense que notre premier concert devait comporter 5 reprises de NMA... sur 5 chansons. J'ai même appris à chanter en imitant Justin car j'avais une voix assez compatible. Et je n'ai pas fait mieux depuis
Je n'ai pas trop écouté leurs dernières productions, sans doute à cause de notre excès à l'époque de les écouter en boucle, tout étudier et tout vouloir reprendre en live. Ça nous à duré 4 ans tout de même...
Longue vie à New Model Army !!!!!!

Arte donc en 2022 refuse l'idée d'un documentaire sur NMA mais en 2009 il y avait eu tout de même une interview (certes un peu approximative!) de Justin:

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La liberté artistique il l'a obtenue en effet grâce au soutien indéfectible du noyau dur des fans depuis 40 ans, quelques milliers de personnes probablement qui suivent NMA à chaque tournée, le groupe a aussi son propre label depuis une vingtaine d'années (il me semble que STRANGE BROTHERHOOD en 1998 fut leur dernier album sorti chez une grande maison de disques?)
Après quand tu écris "un groupe si peu commercialement populaire" je vais nuancer (un peu) car le groupe a connu quand même un certain succès avec des albums comme THUNDER AND CONSOLATION, IMPURITY, THE LOVE OF HOPELESS CAUSES, NO REST FOR THE WICKED et tous les derniers depuis BETWEEN DOG AND WOLF qui tous ont été classés dans les charts anglais et allemands. Mais avec un vrai soutien médiatique (télé et/ou radio) on peut facilement imaginer que le groupe aurait pu connaitre un succès international massif.

Comme je le disais dans un autre style ça me rappelle The Sound, quand on découvre la beauté des chansons de ce groupe, de la voix, de leurs mélodies, on se demande pourquoi ils n"ont pas décollé (commercialement) comme leurs collègues et/ou rivaux de l'époque U2, Simple Minds, Echo & The Bunnymen...mais Adrian Borland, comme Justin, était intègre, il n'était pas intéressé par les singles, les vidéos, l'image de son groupe.

Oui, mon "peu commercialement populaire" est à nuancer. C'est à partir de Thunder and Consolation qu'ils ont décollé et c'est encore aujourd'hui leur plus gros succès commercial. Purity et the love of Hopeless causes étaient aussi très bien distribués et ont bien marché dans les charts. C'est à partir de Strange Brotherhood que s'opère un tournant, le dernier chez EMI si je ne me trompe. C'est "intéressant" car c'est un album qu'ils ont peu préparé, peu écrit, en entrant en studio sans avoir une idée au départ... C'est d'ailleurs à cette époque que Sullivan et Heaton se séparent, si je me trompe pas, c'est aussi la période dont parle Justin Sullivan dans l'interview plus haut, comme s'ils avaient décidé de se saborder, ce "qu'est qui a merdé à un moment?" pour que ça ne décolle pas vraiment, car ils en avaient très largement les moyens.

Les albums de NO REST FOR THE WICKED jusqu'à THE LOVE OF HOPELESS CAUSES ont tous été bien classés dans le Top 40 anglais (sauf THE GHOST OF CAIN classé 45ème en 1986 je crois) après il ne faut pas oublier qu'ils étaient soutenus en Angleterre et Allemagne par EPIC/SONY et EMI en effet. Justin avait déclaré dans une interview à la sortie de THUNDER AND CONSOLATION qu'il n" était pas très satisfait du travail d'EMI France alors qu'en Allemagne le groupe était/est très soutenu, pour l'anecdote à la sortie d'IMPURITY Robert Heaton lui déclarait qu'ils en avaient vendu 160 000 exemplaires en Allemagne...et seulement 6 000 copies en France!

Quand ils sont définitivement redevenus indépendants avec EIGHT les ventes ont chuté inévitablement mais FROM HERE est l'album qui a été classé le plus haut dans leur carrière, en Angleterre comme en Allemagne. Après, les ventes, décentes ou pas, de leurs albums doivent être clairement secondaires depuis tellement longtemps...ils vivent grâce aux tournées et à la vente de t shirts!

En ce qui concerne STRANGE BROTHERHOOD ils avaient passé des années dessus, un cauchemar selon Sullivan...c'est pour ça qu'en comparaison EIGHT a été un album "cheap" produit et enregistré de façon simple, en peu de temps.

Il y a aussi le groupe français Jack The Ripper qui a fait une reprise de "Family life" mais je ne l'ai hélas jamais entendue. Je ne sais pas si NEW MODEL ARMY est un groupe dont le son est/ a été influent sur les artistes actuels Rock/Folk/Post Punk...Laurent Garnier est apparemment fan du groupe il les a cités souvent mais à part Sepultura qui a repris "The hunt" je ne sais pas si des artistes plus ou moins connus citent ce groupe...c'est bien dommage.