trad de metalmonster.fr
Mike Portnoy: Qu’est-ce que va donner le nouvel album ?
Lars Ulrich: Jusqu’ici 2006 a été une année très marrante. Il n’y a aucune équipe de tournage dans les parages, pas de psy, pas de producteur. C’est juste nous quatre. On s’assoit, on écrit, on joue, on transpire et on s’amuse. Rick Rubin vient de temps en temps, il écoute et il jette quelques idées. On a amené le ProTools avec nous en tournée pour s’enregistrer à chaque fois qu’on répétait ou qu’on jammait ensemble. Toutes ces idées ont fini par donner environ 25 morceaux. Rick vient après-demain. On vient de lui dire qu’on a fini d’écrire maintenant, et qu’il était temps de choisir quelques morceaux pour commencer à enregistrer.
Mike Portnoy: Ca fait quoi de travailler avec un nouveau producteur pour la première fois depuis 15 ans ?
Lars Ulrich: C’est une énergie complètement différente, un nouvel état d’esprit, après cinq albums et quinze merveilleuses années avec Bob Rock. Il est et il sera toujours un membre à part entière de la grande famille Metallica, mais il nous fallait vraiment essayer quelque chose de différent. Rick est plus quelqu’un qui voit les choses dans son ensemble. Il n’est pas vraiment obsédé par l’idée d’ajouter un chorus ici ou là, ou quatre mesures ici. Il est plus du genre « ok éteignez le ProTools, allez jouer, et arranger ça ensemble, en jouant ». Il nous a donc obligé à travailler et à transpirer un peu plus, il nous a poussé en avant.
Mike Portnoy: Donc jusqu’ici ça a été le travail de composition. Tu n’as pas encore enregistré la moindre piste de batterie ?
Lars Ulrich: On avait environ 30 à 40 heures d’enregistrements, de riffs, d’idées et d’improvisations, et on s’était mis un point d’honneur à tout écouter. On en a ressorti 25 morceaux, et on va je pense en rester là, mais tu dois aussi te rappeler qu’on a été jouer au Rock and Roll Hall of Fame, ensuite on est allé passer trois semaines en Afrique du Sud, ensuite l’Europe pendant six semaines, ensuite Robert a eu un bébé donc il a pris quelques semaines de congés.
Mike Portnoy: C’est la vieille école. Led Zeppelin enregistrait un peu, partait un peu en tournée, puis revenait.
Lars Ulrich: Ca ne s’est pas passé comme sur le Black Album, où c’était 16 heures par jour, six jours par semaine pendant trois mois d’affilée. On est partis en tournée et Kirk a eu aussi un bébé, donc maintenant si les choses prennent plus de temps, ça nous convient très bien.
Mike Portnoy: On est dans le même bateau, parce qu’on a été enfermés en studio pendant quelques mois, et notre agenda est complet jusqu’au début de l’année prochaine. On a pris quelques breaks, moi et le guitariste on a fait la tournée du G3, et on en refait une en Australie le mois prochain, donc on vient, on repart, et on travaille autour de tout ça.
Lars Ulrich: Exactement. Je n’ai pas la force de passer neuf mois en studio, puis 18 mois sur la route, ce genre de situation où tout est poussé à l’extrême.
Mike Portnoy: J’ai adoré la direction que vous avez pris sur St Anger, avec des morceaux plus longs, des arrangements beaucoup moins orthodoxes. Ça me rappelle beaucoup de vieux trucs. Est-ce que les nouveaux morceaux sont une continuité de cette direction, ou est-ce que ça va être quelque chose de beaucoup plus simple et direct ?
Lars Ulrich: Quand je regarde St Anger aujourd’hui, c’était une expérimentation, une réaction au fait d’avoir fait pendant 20 ans la même chose, c’était juste « ok, on s’assoit, nous quatre, on ressort des idées de l’instant présent et on enregistre ». Je pense qu’il y a eu une grande énergie qui en est ressortie. L’inconvénient de tout ça c’est qu’on a fini par beaucoup utiliser ProTools. Les nouveaux morceaux sont indéniablement plus longs et plus complexes. C’est plus organique dans le fait que cette fois on joue ensemble, Kirk joue à nouveau des solos de guitare, ce n’est plus tellement « enregistre huit mesures et après on passe tout par l’ordinateur ». Le son de la caisse claire revient à la normale. Je n’ai pas oublié cette fois ! Dans les années 90 on avait peur que nos morceaux deviennent stériles, et il manquait cet état d’esprit « live ». Il fallait qu’on essaie de voir si on pouvait trouver ça sur St Anger, donc on a enregistré tous ces moments, mais on a fini par mettre tout ça dans un ordinateur, c’est donc devenu artificiel d’une autre façon. Cette fois on va enregistrer plus comme on le faisait avant, et on va voir ce qui va se passer.
Mike Portnoy: Quelles étaient tes relations avec Jason et Cliff, et comment ça se passe avec Robert ? Quelles sont leurs différences en tant que bassistes et comment se passe la communication avec toi d’un point de vue musical ?
Lars Ulrich: Cliff était unique. James, Kirk et moi avons toujours senti que Cliff était tellement plus en avance sur nous. Il a été au conservatoire, il a étudié la musique classique, il était juste tellement plus doué que nous, c’était juste génial d’être avec lui.
Mike Portnoy: Je suppose que quand quelqu’un décède aussi jeune, on se demande toujours « qu’est-ce qui se serait passé si ? ». Qu’est-ce que ferait Jimi Hendrix aujourd’hui s’il était toujours en vie ? Qu’est-ce que ferait Randy Rhoads ? Et Cliff c’est pareil, il y a ce mystère sur qu’est-ce qui aurait pu se passer si ?
Lars Ulrich: Exactement. Il vivait dans son monde. Jason était aussi un peu comme ça dans le sens où il était incroyablement motivé, concentré, parfois on trouvait même qu’il était trop concentré. Il était toujours celui qui nous disait « allez, vas-y ». Il était moins traditionnel, il jouait plus en s’appuyant sur les guitares que sur la batterie. Il y a des moments dans Enter Sandman, et dans d’autres morceaux plus groovy de Load et Reload, comme Ronnie par exemple, où la basse et la batterie sont vraiment en adéquation parfaite, mais Bob devait vraiment nous pousser pour que cela arrive. Robert est tellement les pieds sur terre. Il a tendance à toujours s’appuyer sur la batterie plutôt que sur la guitare de James, et je crois que ce à quoi on arrive maintenant à faire ensemble lui et moi est vraiment excitant, et quand les gens vont entendre ça ils vont vraiment adorer. Il est toujours très accroché à la grosse caisse, il ne s’en détache jamais. En concert, il maintient l’ensemble à son plus haut niveau. Il est le complément parfait qui nous manquait. Je ne pense pas que Metallica ait jamais été aussi heureux qu’aujourd’hui, on s’entend mieux que jamais, et je dis ça sans pour autant dénigrer ce que Cliff et Jason nous ont apporté, mais il y a une vraie sérénité dans le groupe. Tout le monde s’entend bien et passe un bon moment. Tout est bien équilibré.
Darrell Lance Abbott 20-08-1966/08-12-2004
R.I.P Cowboy!!!