PoStHuMaN a écrit :
Voici pas mal de temps que je lis vos messages sur les différentes sections du forum mais je ne participe jamais. Cette fois j'ai trouvé un sujet qui m'inspire.
je voudrais dire simplement qu' Hendrix a foutu une grande claque au monde de la musique quand il a débarqué. Cet homme a repoussé les limites de notre instrument. Il est de ceux que l'on peut considérer comme des "(r)évolutionaires".
Pour autant s'il y a un 'culte' Hendrix depuis sa mort, il ne faut pas se méprendre, c'est bien parce que les journalistes au pouvoir aujourd'hui avaient entre 15 et 20 ans dans les années 60. Hendrix a été le "Mozart" de leur temps. Je cite Mozart de manière totalement arbitraire...
En vérité nous sommes tous passionés par cet art qui compte parmi ceux qui probablement émerveille le plus les hommes. Il y a dans le monde de nombreux guitaristes, quelques uns seulement sont capables de donner beaucoup de plaisir à leur auditoire, d'autres plus rares sont considérés comme des grands, mais seulement une poignée, de ceux que l'on tient pour héros (guitar heroes), seulement une poignée de ces magiciens sont capables de nous faire croire que nous sommes plus que de simples animaux. Parmi ces héros tous ne sont pas des révolutionnaires. Toutes les époques ne connaissent pas de révolutions. On peut traverser la vie sans en connaître.
Pour ma part étant né en 1978, je n'ai pas le sentiment d'avoir connu un tel musicien.
Ma première claque musicale a été le riff de Money for Nothing (Dire Straits) j'avais 10 ans, c'est littéralement ce son qui m'a fait furieusement aimer la guitare électrique. Plus tard il y eut AC DC avec Highway to hell. Un autre jour parmi les jours, un morceau a déferlé sur les ondes. La première fois que j'ai entendu ce son rageur, j'ai ressenti une grande exaltation, comme si j'avais trouvé l'expression de ma révolte d'adolescent. C'était Smells like teen spirit. C'était la deuxième claque. Puis il y eut les Guns N' Roses, parce que c'était les rocks stars de ma génération, sexe drogue et rock n' roll ! J'élargissais peu à peu ma culture rock avec Led Zeppelin, Aerosmith, tout y passait. Mais Guns n' roses, Nirvana, AC DC, Metallica, Rage against the machine, sont les groupes dont les disques ont essentiellement tourné sur ma platine CD. Si je leur reconnais toujours un grand talent, je les ai depuis totalement démystifiés, et il devient de plus en plus difficile avec le temps de prendre des claques musicales.
J'ai découvert tardivement Nuno Bettencourt et son groove explosif, puis Paul Gilbert, sa dextérité prodigieuse et l'impression de facilité qu'il dégage. J'ai tenu Malmsteen pour le monstre absolu jusqu'à ce que je découvre Michael Angelo qui m'a littéralement écoeuré par ses possibilités mécaniques et son jeu ambidextre, bien que chez lui, il n'y ait point de réel talent de composition. Aussi je préfère un solo de Slash à une phrase mitraillé en picking par John Pettrucci. On écoute les virtuoses pour repousser nos limites. Pour autant il ne faut pas être dupe, même si certaines phrases musicales complètement démentes nous procurent bc de plaisir intellectuel, nous prenons tout aussi bien notre pied à écouter des pièces d'éxécution facile, tout simplement parce qu'elles sont belles.
Saisir la différence entre élever l'auditeur plutôt que déverser sur lui un déluge de notes.
Finalement après plusieurs années de pratique musicale, on devient nous même dans une certaine mesure capable de jouer des morceaux techniquement difficiles. Et pour pas mal d'entre vous je suis même sur qu' il vous arrive d'épater la galerie lorsque vous vous produisez en public.
Hendrix ne jouait pas aussi vite que Steve Vai qui apparement fait l'objet d'un culte parmi bc de guitaristes qui s'expriment ici. Hendrix fait passer quelque chose de généreux. Il suffit de voir ces concerts en vidéo pour s'en rendre compte. Il donne un spectacle à voir et à attendre. Bref jouer vite ne suffit pas à faire rêver. J'ai rencontré beaucoup de guitaristes qui jouaient vite, peu avaient le sens de la mélodie et du rythme ou des réels talents d'invention. Ce qui m'amène à la conclusion de mon intervention : certains hommes ont le feu sacré, cette aura qui nous fait croire encore que la vie est pleine de mystère si savants que nous croyons être. Il y a des temps où des génies surgissent et nous en tombons raides...
Je reconnais Hendrix, je reconnais Mozart, je reconnais Chopin, je reconnais Beethoven comme révolutionnaires. Je reconnais que les artistes de ma jeunesse ne sont pas de cette étoffe. L'époque est médiocre dit-on...
Puissions-nous connaître un tel artiste...