jelly 292 a écrit :
Curieux de lire partout que hendrix n'était pas un bluesman, qui'il était plus ceci ou celà...quand on sait la passion qu'il avait pour le blues
Le chitlin'circuit, c'était pas juste un truc pour bouffer çà! d'ailleurs, Gallagher a aussi jouer dans un orchestre de r'n b à ses débuts, pourtant tout le monde est d'accord pour dire que c'est un bluesman!
-Comment Hendrix a appris la guitare : en écoutant des disques de Blues.
-Qui sont ses influences reconnu par lui-même : des bluesmen
-Que jouait-il dans les cafés New-yorkais avant de former "l'Expérience": du blues, du blues et encore du blues.
- il s'est battu avec sa maison de disque(qui n'en voulait pas, trop ringard selon elle) pour inclure "Red house" seule chanson interressante de l'album dixit lui-même.
-C'est un des derniers à composer des long blues qui ne respecte pas les 12 mesures, comme le faisait les pionniers (cf : Hear my train comin')
Bref, évidement que c'est réducteur de dire qu'il n'est que bluesman, néanmoins le blues est à mon avis son influence majeure, son moteur, le centre de sa musique.
Libre à chacun de se faire un avis
Attention à la mauvaise interprétation
, je n''ai jamais dit qu'Hendrix n'était pas un bluesman, je rétablis juste un nuance historique un peu vite oubliée dans le grand flou culturel dans lequel nous baignons. Que le blues soit une influence majeure de Hendrix, totalement d'accord, néanmoins dire que c'est
son influence majeure, c'est plus discutable. Ce que tu dis de Hendrix est juste mais réducteur à mon sens.
Qu'il ait appris en écoutant des disques de blues on est d'accord mais pas que! La scène musicale de l'époque était bien plus vaste qu'on ne le colporte souvent aujourd'hui et le blues dans la première moitié des 60's, cad avant le "british blues boom", qui va le ramener au premier plan dans la seconde moitié des 60's, était très au second plan, même dans la communauté noire. L'âge d'or du Chicago blues, c''est la première moitié des 50's, En 55, muddy waters a déjà enregistré la plupart de ses titres phares. Il faut comprendre une chose, le public noir a, à une certaine époque, vu dans le blues l'image d'une période où il était opprimé aux U.S., et dans les shining 50's, époque du renouveau économique américain (le "renouveau" dans les mentalités arrivera 10 ans plus tard), la population noire (particulièrement celle du nord) aspirait elle aussi à rompre avec un passé pas très "joyeux".
Il faut donc comprendre donc que vers la fin des 50's et pendant tout le début des 60's, le blues "au sens strict" était "has been" en quelques sorte. Les bluesmen jouaient acoustique déguisés en salopette dans les festivals tels que Newport ou en Europe pour un public blanc en mal de clichés blues rural et qui n'entravait pas grand chose à l'anachronisme de la situation. C'est à cette époque qu'explose le repertoire rythm'n blues avec les artistes de la maison Atlantic (Ray charles...), puis Motown etc etc, parallèlement à l'explosion du rock'n roll, plutôt écouté par le public blanc durant la seconde moitié des 50's, ainsi que du repertoire folk new yorkais durant la première moitié des 60's. C'est dans cette ambiance de melting pot musical qu'ont grandi les stones, les beatles, Hendrix etc etc. Et cela se ressent dans leur musique qui est un croisement d'idiome.
C'est d'ailleurs, d'après Hendrix lui même, "l'avantage" qu'il possédait sur les guitaristes anglais du british blues boom en ces mid 60's, qui eux avaient une culture "straight blues" et affichaient par snobisme un certain mépris pour le reste, cette culture du circuit, en tant qu'accompagnateur d'artistes rythm'n blues essentiellement, est une culture rythmique avec travail des liaisons mélodiques. C'est l'énorme différence avec les guitaristes anglais (Clapton, Beck, Page...) qui soloisent blues et/ou rock'n roll, mais ont une culture rythmique et harmonique plus limitée. Ils n'ont pas la culture soul de Jimi (Jimi était un immense fan de Sam Cooke et de Curtis Mayfield), question de perspective historique et géographique. Un bluesman au sens strict n'aurait jamais écrit Little wing, the Wind cries Mary etc etc qui sont des ballade soul/rythm'n blues. Pour moi ce côté multiculturel chez Hendrix est patent à l'écoute de sa musique et dire qu'il n'est principalement qu'un blueman, non justement c'est réducteur et historiquement faux, puisque c'est
exactement ce qui le différencie d'un Clapton en 66 par exemple, qui est typiquement un bluesman (en tout cas quelqu'un d'obédience blues) qui commence à être influencé par la pop anglaise. D'ailleurs Hendrix a été critiqué dans la population noire à l'époque car certains trouvaient sa musique, fortement teintée de blues psychédélique, trop "blanche" à ses débuts!
Comme l'a souligné Doc Loco, on oublie aujourd'hui l'importance énorme sur la musique blanche des 60's, celle qui amène à Woodstock, de la musique noire soul et rythm'n blues qui durant les 10 années qui ont précédés la british invasion et le british blues boom a été une des plus grande force créatrices de la musique populaire et
la musique la plus écoutée dans la communauté noire américaine. On a tendance a tout catégoriser en "blues" , "rock" et "pop", concernant cette époque, mais c'est une erreur historique fondamentale d'après moi.