Bolanboogie a écrit :
Born to run a écrit :
Bolanboogie a écrit :
Et si tu trouves que le truc est assez "puissant" et "rude" et qu'il a choisi le même type de déguisement de chanson politique que Born In The Usa, alors très bien, tu viens juste de dire que cette "aura" que je lui prête il ne l'a plus.
Va falloir que tu m'expliques par ce que tu entends par cette "aura" dont disposes Springsteen, en surtout en quoi il ne l'a plus.
Parce que dans l'évasif tu me mets.
Je l'ai expliqué plus haut avec Dylan...bref.
Bah, si je t’ai demandé de m’expliquer c’est justement parce que c’était pas très clair à mes yeux.
Détends-toi, mets des smileys…
Bolanboogie a écrit :
Cette aura c'est la possibilité d'embarquer tout ou au moins une partie son public dans un combat presque contre son gré rien qu'en chantant une chanson. Cette aura pour moi Born In The USA l'a, je pensais qu'il l'avait jusqu'à ce que Bush soit réélu à vrai dire. Et puis j'ai réécouté The Rising et puis je me suis dit "laisse tomber c'est plus qu'un gueuleur de stades", et puis Devils and Dust est passé inaperçu (disons le mot), la soi-disante critique que contiennent ou devaient contenir un disque de reprises de Pete Seeger aussi, Springsteen n'a plus aucune force politique. Quand Springsteen dit un truc politique même en chanson, on ne l'écoute plus, on vient entendre "la la la la la la" dans The Rising et on s'en fout du reste, ouais "post 11 septembre" mais si The Rising a remis des gens d'aplomb je pensais que ça préparait le terrain pour ensuite les remonter plus violemment. Voilà c'est un super chanteur populaire maintenant, et à mon avis cette "aura" il ne l'a plus. J'espère qu'il me prouvera que j'ai tort.
Désolé d'attendre de Springsteen un peu plus que de bons albums.
On en revient au double niveau de lecture de Springsteen dont je te parlais.
Je vais approfondir pour essayer de te montrer en quoi tu te trompes sur l’influence « politique » de Springsteen.
Springsteen est le seul à être pris par un beauf par certains…et un songwriter, un storyteller de génie par d’autres.
On fait souvent référence à des artistes comme Dylan, Segger, Guthrie pour situer le bonhomme…
Certains ont évoqué JJ Cale, on pourrait ajouter Elvis Costello, Elliott Smith ou Neil Young…
Mais Springsteen n’a jamais eu le mec public que ces types là. Tu l’as constaté toi-même, puisque tu trouves que le public de Springsteen se rapproche de celui de Johnny Hallyday…
Rien à voir avec les publics des mecs cités plus haut !
Putain, mais qui connaît ces mecs-là ?
Oserai-je dire que ces montres-là attirent avant tout des lecteurs de Télérama et des Inrocks, ainsi que des passionnés de musique à la riche culture musicale ?
Oui, je le fais.
A l’inverse, il y a de tout dans le public du Boss!
Pourquoi ?
Parce qu’il y a du beauf, et de l’intellectuel chez Springsteen.
Springsteen, c’est un gars du peuple, il vient de la Middle America, il aime le King.
Les fêtes foraines, les bières avec les potes, les virées en bagnole, les gens simples.
Springsteen ne veut pas faire du populaire, il est populaire, au sens il vient du peuple. Nuance.
Mais Springsteen, c’est aussi un mec intelligent, qui a côtoyé de mecs intelligents, il aime le Zim.
Il lit (et comprend) Steinbeck, Dos Passos, respecte des références morales de la folk, il a des valeurs politiques louables.
Du coup, on retrouve des deux dans son public.
Certains viennent voir le « beugleur de stade », parce que il viennent à un concert comme ils viennent à un parc d’attraction : « To have a good time ».
D’autres ont découvert le boss décharné, sur Nebraska ou The Ghost Tom Joad, voient en lui un mec brillant, humble, un héritier des Dylan et Guthrie.
Le porte-parole des laisser-pour-compte, un Steinbeck avec un guitare.
Mais jamais rien de revendicatif, Springsteen n’est pas Dylan, ni Zola, pas de « J’accuse ».
Non, juste des tristes ou belles histoires de gens simples joliment racontées, peu importe la forme parfois.
Je ne crois pas que Springsteen ait jamais eu le poids politique de Dylan ou d’autres.
Justement parce qu’il y a toujours eu cette ambivalence chez lui.
Il n’est pas forcément pris au sérieux par tout le monde.
Dylan est spécial, très spécial.
Insaisissable, c’est un intello, un vrai, pas de doute là dessus.
Ya pas de côté beauf, populaire chez Dylan.
Du coup, on lui prête forcément des intentions profondes.
Pas Springsteen.
Globalement Springsteen, n’a jamais vraiment pesé politiquement.
Au sens où il n’a pas fait réagir les gens de la même façon.
En tout cas directement
Springsteen n’est pas revendicatif, n’est pas prosélyte.
Lui, il est doué pour raconter, pas pour dénoncer.
La chanson « 41 Shots : American Skin » sur la bavure policière à l’encontre d’un émigré africain est exemplaire à ce titre. Springsteen ne fait que conter, c’est à l’auditeur de faire l’effort d’écouter les paroles, de saisir le message, de lire entre les lignes.
Hélas ou heureusement, tout le monde ne le fait pas.
Son engagement politique assumé remonte à la tournée « Vote For Change » des dernières élections présidentielles, pour laquelle il s’est engagé personnellement pour soutenir John Kerry. Pas avant.
On sait ce que ça lui a valu : beaucoup de fans de la première heure l’ont tout bonnement insulté.
Comme s’ils découvraient les postions politiques du monsieur ?
Eh oui…comme pour Born in the USA, tout le monde ne saisi pas la profondeur du personnage Springsteen en restant collé à celle de l’homme du peuple…
Dans The Rising par exemple, y’en a pour tout le monde, certains y voient de la musique sympa (les la la la), faite pour les stades et pour donner du plaisir aux gens, d’autres savent lire entre les lignes, y voient du pardon, de la rédemption, du renouveau, de la renaissance.
C’est pour ça que Sprinsgteen est « à part », parce que l’on peut se retrouver en lui, pour l’un, pour l’autre ou pour les deux. Sans prétentions, naturellement.