meringue a écrit :
Les apôtres sont souvent bien plus intransigeants que leurs prophètes...
Les pères Albert n'ont pas rechigné pour aller jouer avec Gary Moore (bon, au départ, c'est vrai, Albert King n'avait jamais entendu parler du rocker irlandais..), BB king n'a pas mis très longtemps à adopter Little Stevie (faut dire que le freluquet le tannais constamment pour jouer avec lui), et Le dernier King ne tarit pas d'éloge sur son ami Eric...
Alors oui, il y a ce canal historique, le canal non historique...pour moi il y a le Blues Traditionnel et le Blues moderne... et j'aime les deux (enfin pas tout - vu que SRV a, pour moi, un peu tué les velléités de tous ceux qui ont pris son sillage au point d'en devenir des pâles ressemblances - Philip Sayce en est l'exemple parfait - mais c'est un autre débat).
As long as you've got something to say, there'll be someone to hear you...(aparté..)
Bref, autant j'adore écouter le travail minimaliste (et pourtant titanesque) de Jimmie Vaughan, qui s'acharne à revenir à un blues sauvage et épuré et faussement simple - essayez donc de faire sonner ses licks au placement rythmique très particulier (quel est d'ailleurs l'ignare qui a supposé que les bluesmen se fichaient du placement rythmique?) - autant je suis fan du travail de Robben Ford - pas un traditionnaliste pour deux sous, certes - mais bon, j'adhère également. Ce ne sont que des exemples, j'aurais pu aussi citer Robert Johnson et Clapton.
Pour moi, tout ça a le mérite de rendre le blues vivant et varié, et c'est ce qui fait la richesse de cette musique.
Je suis d'accord sur le fond, le blues est multiple. Le "blues blanc", le british blues, s'est écarté des "idiomes" et des codes historiques, et puis cela a donné lieu à autre chose. Le reste est une histoire de goût. Ce qui me plait dans la conception "traditionnelle" du blues, c'est le soucis de faire perdurer les racines et de les transposer presque intactes à notre époque. Cela induit un travail assez pointu sur les codes du style. Ce travail oblige en outre à s'impregner de la "culture blues" dans son ensemble (les courants, les époques, le son, les instruments, les amplis, les plans d'untel ou untel). C'est une démarche qui est faite par certains musiciens dits "puristes" (ce n'est pas un gros mot !!), et appreciée de certains amateurs. C'est une démarche intéressante, qui demande un certain investissement personnel et que l'on retrouve d'ailleurs dans tous les styles (hip hop, flamenco, rockabilly, metal, electro...). Après, il y a le blues "tout venant", "hybride", "de libre expression"
, parfois très bien, parfois sans interêt, parfois de mauvais goût...il faut faire le tri
Concernant les rencontres des grands bluesmen avec les "petits jeunots"
, pour moi c'est surtout une histoire de marketing...les agents ont toujours trouvé très bien d'organiser des rencontres entre les legendes et les jeunes gloires montantes...Ce n'est pas sur la scène du festival "crossroad" qu'on écoutera du bon blues !!!! (mon dieu ! ces boeufs à la con !!!!). Tout le monde vient au chevet de BB King pour se faire mousser, c'est pathétique...
A mon avis, Albert King n'a jamais consideré Gary Moore comme quelqu'un de la "famille", même si ça n'empêche pas qu'il pouvait l'apprecier et le respecter en tant que musicien (c'est autre chose).
BB King est très ouvert d'esprit, c'est sûr !!! Il a fait aussi quelques disques bien nazes, car il fallait bien "crouter" (les prophètes mangent aussi
!! )...Il s'est donc bien volontier laissé entrainer dans des projets douteux avec quelques superstars ...mais ce n'est pas ça qu'on retiendra de lui.
Du Blues, de la Soul, une touche de Jazz, un zeste de Rock, une pincée de Folk, un doigt de Country...