Le punk français ... pour être charitable, on dira qu'ils ont pris le décorum, l'attitude, les fringues (toujours avec un temps de retard certes) et ont vaguement essayé de singer la musique ... et c'est tout. Aucun fond, rien qu'un vernis superficiel recouvrant l'habituelle frange branchée qui pourrit toutes les vagues musicales successives en France depuis les yéyés jusqu'à nos jours.
Bon, pour être honnête, c'était pas plus profond en Belgique, mais avec la déconne et la bonne humeur en plus (pas étonnant dans l'empire de la dérision), et la suffisance en moins.
Sinon, le punk a peu influencé la société ... sauf les couturiers qui y ont vu un nouveau terreau à exploiter. Politiquement, la seule chose interessante et un peu nouvelle à en être sorti, c'est le mouvement "Rock against racism" anglais. C'est maigre. Dès '78, le punk était récupéré par l'industrie (un bon texte à décortiquer "EMI" des Pistols), après avoir effectivement un très bref moment inquiété la vieille Angleterre. Mais à partir de '78, le punk n'était plus que la nouvelle attraction pour touristes de Carnaby street après les mods, les hippies, les glams ...
(c'est à ce moment qu'on a vraiment vu fleurir les crêtes iroquoise, avant la coiffure punk typique était à l'image des Pistols ou des Clash des débuts, pas très courts mais coupés au petit bonheur la chance ... ou donnant cette impression).
Finalement, le truc le plus interessant dans le punk, et c'était finalement son but originel, en tout cas musicalement, ça été de montrer à tous les gosses que n'importe qui pouvait prendre une guitare, une basse ou une batterie et essayer de jouer (pas nécessairement y arriver, mais c'était la démarche qui comptait). Tout comme tous les musiciens anglais des sixties avaient commencé avec le skiffle, tous les musiciens anglais des eighties ont commencé avec le punk. D'ailleurs, une des plus grosses conneries perpétuée de génération en génération au sujet du punk, c'est de le décrire comme un mouvement nihiliste et négatif (et celà à cause uniquement des paroles de "God save the queen" : no future, remis à toutes les sauces) alors que c'était plutôt un mouvemant positif dans le sens" attend pas le cul assis par terre que ta vie change, prend les choses en mains et démerde-toi, à ta façon". Le "destroy" s'adressait à l'ancienne génération sclérosée, mais dans le but de construire une société plus juste ... bref un côté assez utopique, sauf que là où les hippies le demandaient gentillement avec des colliers d efleurs, en prônant la désobéissance civique, les punks parlaient de démolir ce qui avait précédé sans angélisme, mais avec un côté rigolard et narquois. Toujours cette volonté d'effrayer le bourgeois, reprise au rockers, mods et autres épouvantails à mémères du passé. Mais qui est éphémère bien sûr, la première vague étant rapidement récupéré par les "déguisés", les exhibis, et ceux qui n'ont retenu du movement que la violence apparente . Ou plutôt qui ont confondu énergie et violence (à l'image des pogos, une simple question de défoulement et d'énergie au départ - et venant de l'impossibilité de danser autrement à 200 dans un pub - et rapidement détourné par les habituels crétins). Au début, le mouvement bouillonnait d'énergie, c'était vraiment exitant, l'impression d'être sous amphèts en permanence (même sans rien prendre!) mais lorsque des sinistres crétins ont commencé à se déguiser en punk simplement pour pouvoir bastonner, le mouvement est mort.
Sinon, merveilleux souvenirs des concerts de Jam, Clash et autres Ramones. Encore qu'à la vérité, mes souvenirs du concert de Clash de'78 sont assez brumeux, tandis que celui de '80 (London calling!) est bien imprimé dans ma mémoire. Mais à ce moment-là, le punk était déjà mort et enterré depuis plus d'un an et tout le monde, Clash en premier, était passé à l'étape suivante.
In rod we truss.
"Quelle opulence" - themidnighter
"It's sink or swim - shut up!"