Les pédagogies détournées des structures fissurées des école

Rappel du dernier message de la page précédente :
stratazoïde
Citation:
A present, un eventuel debat sur l’art n’a pas sa place sur ce forum. Je reagissais au premier post de ce topic. Le reste, ce sont des reflexions personnelles qui ne meritent pas franchement d’etre debattues ici. La lecture d’un bon bouquin specialise suffit amplement.

Je crois au contraire qu'il a sa place sur un forum dédié à l'art, peut-être pas dans la bonne section mais bon.

Citation:

L' arbre qui tombe dans la foret fait il du bruit meme si personne n' est là pour l' entendre tomber ? la réponse pour moi est oui , mais pour certains ça serait plutot non , l' arbre qui tombe ne ferait du bruit que parcequ' il y a une oreille pour l' entendre , tout comme l' oeuvre d' art n' existerai que parcequ' il existerai un public pour l' entendre , le juger , l' appreçier


Moi justement, je suis d'accord avec cette importance de la subjectivité en art. Il faut un jugement esthétique pour déterminer la valeur d'une oeuvre. Je veux dire si l'on donne une partition inédite de Mozart à un alphabète, il y a de fortes chances qu'il se mette à utiliser le papier pour rouler ses cloppes avec. Un musicien du dimanche essayera de la jouer et un musicologue la fera mettre sous verre...

Il faut dire que pour moi tout est affaire de subjectivité (l'amour, la religion, la loi, la science). L'universalité n'est qu'une tendance née de l'observation et de la confrontation des valeurs et des savoirs...
S'il arrive qu'un onglet vienne me visiter....
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  • Invité
Ce qui est marquant dans la musique, c'est sa codification extreme. Or, la codification repose sur une logique (par definition rationnelle). La base de la production musicale, c'est donc une logique claire. Par exemple, il est a peu pres acquis qu'un Blues de Chicago aura 12 mesures organisees autours de degres I IV et V.
En classique, les cadences harmoniques ponctuent de facon claire l'oeuvre.
La codification est si claire qu'elle en devient exclusive : on ne joue pas du Blues avec une harpe, et on enchaine les accord de dominante dans une logique acquise (certains enchainements harmoniques sont simplement proscrits). Le rythme lui aussi est codifie : un Blues en 4/4 ne voit pas arriver en plein milieu une mesure a 7 temps, puis une mesure a 5 temps. On privilegie la coherence induite par les codes.

Ca ne signifie pas que l'emotion n'existe pas. Mais la rationalite, en musique, est la chose qui frappe le plus.
Bien sur, c'est la fonction emotive de l'auditeur qui est stimulee. Mais en partant d'une structure on-ne-peut-plus logique.

Dans cette mesure, la rationalite de la musique est un element primordial.

Toute la magie de la musique (et des arts) repose sur cette dualite curieuse : l'alliage de rationalite et "d'autre chose" provoque un sentiment nouveau.

A mon sens, comprendre la musique, c'est considerer cette dualite, sans exclure aucun des deux elements.
Invité
  • Invité
Citation:
Moi justement, je suis d'accord avec cette importance de la subjectivité en art. Il faut un jugement esthétique pour déterminer la valeur d'une oeuvre. Je veux dire si l'on donne une partition inédite de Mozart à un alphabète, il y a de fortes chances qu'il se mette à utiliser le papier pour rouler ses cloppes avec. Un musicien du dimanche essayera de la jouer et un musicologue la fera mettre sous verre...


Ce qui montre que l'appreciation de l'oeuvre repose sur l'assimilation d'un code commun. Ce code etant generalise a plus de un seul individu, on en deduit que l'appreciation depasse le cadre d'un seul individu.
Ce qui montre que l'appreciation de l'oeuvre, par definition, et de facon paradoxale, ne peut etre uniquement subjective.
lemg
  • lemg
  • Vintage Ultra utilisateur
  • #63
  • Publié par
    lemg
    le 03 Juin 2008, 15:20
Don Guillermo a écrit :
Marcel Duchamp a repondu a se façon et a passé une partie de sa vie a etudier le sujet

L' Oeuvre d' Art " est " , sans aucun rapport au public , elle se suffit a elle meme

L' Oeuvre n' est meme pas dans le resultat mais dans la démarche ( l' urinoir " ) et donc lorsqu' on juge le resultat on passe a coté de l' essentiel : le " pourquoi " de l' oeuvre . Il est plus facile de juger le " comment "
C' est pourquoi selon moi les Pistols valent 10000 fois plus par leur demarche que par le resultat , et qu' ils sont aussi " importants " que beaucoup d' autres artistes plus conventionnels
Pourquoi ? parcequ' ils ont bouleversé le monde musical , et meme le Monde tout court , politiquement et socialement , avec 3 accords
Pourtant n' importe quel musicien Classique te dira certainement que c' est de la daube et que Mozart est au dessus .

Mais sincerement , qu' est ce que Mozart a changé a ma vie de tous les jours par sa musique ? : rien , alors que les Sex Pistols surement beaucoup plus
Mon angle de jugement , volontairement provocateur , est basé sur le " pourquoi " plus que sur le " comment " , sur l' intention plus que sur le resultat , et dans cette echelle de valeur les Sex Pistols sont bien au dessus de Mozart
C' est un angle de vision et de jugement , disons " social " pas plus ni moins valide que celui du " beau " ou du " complexe-innovant " , simplement different


Mais, poussons le questionnement, sais-tu ce que Mozart a indirectement fait pour toi, en influençant par exemple des personnes qui ont compté pour toi ?
Je me prends en exemple. Je dois avouer que je n'ai à peu près rien à faire de la musique du Velvet Underground. Cependant, de part leur influence sur d'autres groupes que j'adore, je les considère comme importants, plus importants même que certains artistes revenant régulièrement sur ma platine.
Disons que si je regarde le problème dans sa globalité, je reconnais au VU une place assez élevée dans la hiérarchie.
Si je me contente de raisonner en observant ma discothèque et en suivant mon bon plaisir, ils sont insignifiants.
lemgement lemg
skysurf51
PATRICK LARBIER a écrit :
Citation:
Moi justement, je suis d'accord avec cette importance de la subjectivité en art. Il faut un jugement esthétique pour déterminer la valeur d'une oeuvre. Je veux dire si l'on donne une partition inédite de Mozart à un alphabète, il y a de fortes chances qu'il se mette à utiliser le papier pour rouler ses cloppes avec. Un musicien du dimanche essayera de la jouer et un musicologue la fera mettre sous verre...


Ce qui montre que l'appreciation de l'oeuvre repose sur l'assimilation d'un code commun. Ce code etant generalise a plus de un seul individu, on en deduit que l'appreciation depasse le cadre d'un seul individu.
Ce qui montre que l'appreciation de l'oeuvre, par definition, et de facon paradoxale, ne peut etre uniquement subjective.


Les codes dont tu parles sont objectifs, oui. Leur appreciation, j'en suis moins sur, et leur evaluation, encore moins.
Par exemple, si tu choisis de designer la complexite comme critere d'appreciation, c'est ton choix, et ce n'est pas forcement celui de ton voisin (j'en reviens a l'art minimal).
Alors certes, a l'interieur d'un meme genre musical, on peut bien evaluer la musique en se basant sur les fondamentaux du blues (les codes dont tu parles) et tenter de hierarchiser (et encore...): ca c'est un bon blues, ca c'est un blues peu inspire, etc.
Mais a l'origine, le gars parlait carrement d'evaluer un courant artistique par rapport a un autre (classique par rapport a pop). Cela reviendrait a dire que les "codes" de la musique classique ont plus de valeur que ceux de la pop. Ce qui est selon moi une aberration.
Fleg/DJFrey
Ondulation a écrit :
skysurf51 a écrit :
Cela reviendrait a dire que les "codes" de la musique classique ont plus de valeur que ceux de la pop. Ce qui est selon moi une aberration.


+1 On en revient à "qu'est-ce qui est plus difficile". Ecrire un opéra ou Let it be ?


Les 2 sans hésitation.
stratazoïde
Citation:
+1 On en revient à "qu'est-ce qui est plus difficile". Ecrire un opéra ou Let it be ?


Ben pour le coup l'exemple déforce la démonstration.
entre.

écrire un livret
composer la musique
réunir l'ensemble et les acteurs
définir un décor
....

et composer une ballade au piano.
Bref, a1 b4 d8 et un coup dans l'eau.
L'opéra est un art majeur qui dépasse le simple cadre de la musique.
bon je sais je chicanne là, je fais le chicaneur mais il ne faut pas tout mélanger non plus.

Et puis, je dirais qu'en terme technique il faut avoir lu une forme sonate ou une fugue pour se rendre compte de la complexité de la musique classique. Un intervenant a parlé du blues, là on retrouve des points de comparaisons en terme de structure où même en jazz. En rock aussi si on regarde certaines chansons de metallica et autres... Mais il faut garder de la mesure. Enfin bon.
S'il arrive qu'un onglet vienne me visiter....
Invité
  • Invité
@skysurf51
Je ne parle a aucun moment d'évaluer les codes. Evaluer les codes reviendrait a juger une langue a partir de sa grammaire. Je n’ai jamais émis une telle idée.

La complexité : je ne parle pas de complexité, mais de couple complexité/innovation. C’est très différent.

Pour finir, je n’ai jamais parle de hiérarchisation des genres (je ne parle pas de comparer le classique a la Pop).

@Ondulation
Qu’entends-tu par « difficile » ? Difficile a composer ? Entre Let it Be compose en une nuit et un opéra de Wagner avec ses 300 000 variations sur un même thème, ses innovations perpétuelles dans l’harmonisation, sa mise en scène grandiose et son livret ? Bah….
skysurf51
PATRICK LARBIER a écrit :
@skysurf51
Je ne parle a aucun moment d'évaluer les codes. Evaluer les codes reviendrait a juger une langue a partir de sa grammaire. Je n’ai jamais émis une telle idée.

La complexité : je ne parle pas de complexité, mais de couple complexité/innovation. C’est très différent.

Pour finir, je n’ai jamais parle de hiérarchisation des genres (je ne parle pas de comparer le classique a la Pop).



Toi, peut-etre pas, mais l'auteur des propos sur lesquel ce sujet se base, oui.
Je rappelle une partie des fameux propos:

Citation:
il faut enfin remettre en vigueur le patrimoine musical, en plaçant l'enseignant sous le signe des grands compositeurs (Monteverdi, Bach, Mozart, Schuber, Wagner, Verdi, Berg, Schoenberg, Boulez, Ligeti et tous les autres) qui sont aujourd'hui ignorés par la grande majorité des écoles, au profit d'imbécilité comme les musiques actuelles, toutes les facilités et leurs dérivés.


L'auteur de ce propos nous livre une belle et grossiere hierarchisation des "codes" (la complexite du classique est tellement plus belle, plus artistique, plus vraie, que la facilite des musiques modernes!)
Invité
  • Invité
Je crois qu'il ne faut pas s'offusquer. Ce blog est certes un peu insultant, mais son energie est assez louable.

Comme je l'ai dit au debut du topic : ce type est sans doute tres maladroit, mais il y a plus a retenir qu'a jeter dans ce qu'il raconte.

Moi, en tout cas, j'aime bien ce qu'il raconte (ce qui ne signifie pas que j'adhere a toutes ses idees).
Invité
  • Invité
Ondulation a écrit :

Tu me parles de volume de travail. Je te parle de résultat. Let it be est une chanson avec 5,6 accords qui est devenu un hymne.
Les opéras de tu cites aussi.

Est-ce plus facile de sortitr un hymne comme let it be ou un opéra de Wagner ?
Et ensuite, lequel est le mieux ? Si tu trouves un vrai citère objectif, je suis preneur.

A quoi bon? A l'evidence, nous avons deux perceptions intellectuelles opposees? Quel interet a convaincre l'autre? Il est peu probable qu'on arrive a s'entendre sur la question de la hierarchisation dans l'art. C'est un sujet assez tabou sur lequel on va pouvoir passer des mois a discuter.
Ca ne presente aucun interet de rentrer dans une discussion detaillee, alors qu'a la base, nous partons a l'evidence dans deux directions differentes.
Je vais patiemment avancer la logique d'un systeme, avec des criteres, leur limite, et a chaque ligne il y aura toujours quelqu'un qui viendra dire :"moi, la musique punk , ca me parle trop, la musique savante, c'est pour les pingouins".
Je crois qu'un forum est fait pour presenter de tres loin des perceptions differentes. Si on est touche par le point de vue d'un autre, on persevere, mais hors du forum. Sinon, on tourne dans des discussions sans fin dans lesquelles personne ne se comprend, parce que chacun parle avec un langage different.

Ce qui importe finalement, c'est que chacun apprecie a sa facon la musique. Les digressions intellectuelles, on s'en fiche un peu.
stratazoïde
Je crois qu'on apprécie les choses en fonction de plusieurs critères.
L'éducation en est un. Je rejoins un peu l'auteur de l'article sur les pédagogies détournées pour le coups. Une oreille musicale s'éduque. Un peu comme le gout en matière de gastronomie. Comme si le fait d'en connaître un peu plus permettait de mieux apprécier une oeuvre. (attention je ne parle pas de connaissance cognitive...mais plutôt d'une expérience globale dont les savoirs cognitifs sont une composante)

Mais pour moi c'est un critère variable pour chaque individu, même si l'on a tendance à confronter les codes esthétiques et tous se rallier à certains canons nés de la confrontation et de la pression culturelle des groupes humains..

Partant du fait que c'est une question d'éducation, on peut reconnaître que certaines oeuvres sont plus sophistiquées que d'autres, et de fait moins accessibles pour le grand public. D'où l'image élitiste que se trainent certaines musiques.

Ce qui fait que tu préfères B.B. king à Céline, c'est tout simplement un canon dont tu as appris les règles plus ou moins consciemment et je suis persuadé que tu préfère 1000 fois Céline Dion à une Cindy Sanders pour les mêmes raisons. Une éducation à une bonne technique vocale. (même si ce n'est pas ta tasse de thé). Il en va de même pour la musique classique sauf que celle-ci dispose d'un vocabulaire très développée et demande un réel apprentissage par rapport à la musique pop.

En fait mon raisonnement est le suivant. J'écoute une musique. Cette musique ressemble à celle que j'aime habituellement, elle est ancrée dans ma culture, les gens qui me ressemblent l'apprécient aussi, j'ai appris à l'aimer par tel professeur (au sens large), ou elle est rattachée à tel souvenir positif. => j'aimerais cette musique.

Paraléllement, j'exclue aussi certaines musiques. Bon tout ça se fait inconsciemment. Mais c'est ça qui fait selon moi qu'on en vient à hiérarchiser la musique.

Et au plus je suis "éduqué", au plus je hiérarchise car je dispose de critères de comparaison...seulement voilà aussi, au plus je suis éduqué au plus j'adopte un postula d'élitisme et donc fatalement d'exclusion.
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stratazoïde
Citation:
C'est donc bien une forme d'ethnocentrisme musical ?
Bon OK, le terme est un peu fort. Mais dans l'idée ?


Je ne parle ici que pour moi, ce sont mes opinions, mais en ce qui me concerne oui, il peut y avoir une part d'ethnocentrisme à un certain niveau. Pour moi il y trois niveaux.

la subjectivité de l'auditeur (ego), on classe les choses, j'aime j'aime pas. C'est le choc auditif, ça se produit parfois, on est confronté à qqh de tellement beau...

la mode partagée par un groupe socio-culturel (les amateurs de Jazz de classique ou de rock...) je lie ici le social au culturel car je pense qu'on choisit aussi sa musique en fonction de son expérience. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'exception. Elle peut conditionner la subjectivité.

Le canon esthétique d'une civilisation et là on a une composante ethnocentrique qui peut jouer. Regardez par exemple les conceptions nazies vis-à-vis de l'art dégénéré. Mais pas seulement, il peut y avoir aussi admiration de la culture de l'autre et de son art, je pense à l'attrait pour les masques africains au début du siècle et son influence sur les cubistes. Bref, pour moi, l'ethnocentrisme est une dérive d'une hierachisation extrême tandis que l'universalisme serait sans doute une dérive d'un relativisme extrême.

Pour moi, et cette opinion ne vaut que pour moi, Sachons reconnaître la beauté simple d'une suite d'accord do majeur sol maj la mineur fa maj simplement grattée sans pour autant crier au chef d'oeuvre digne de Mosart. Hiérarchiser les choses, les juger, c'est normal pour moi, c'est l'un des premier actes de l'intelligence.

Les dénigrer ou les accepter en bloc, sans nuance par contre...là c'est plus la même chose.

Bon maintenant je réfléchis peut-être comme un vieux con, j'ai jamais ouvert un traité d'esthétique de ma vie, mais c'est un forum donc un lieu dédié à l'argumentation et l'échange d'idées.
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Toine68
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    le 01 Août 2013, 14:09
Toine68 a écrit :
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