Jism a écrit :
à l'époque j'avais acheté leur songbook et j'avais appris (laborieusement) "60 rue des Lombards", mais 20 ans plus tard, et après une dizaine de déménagement impossible de remettre la main dessus, j'ai cherché partout pour le racheter mais il semble qu'il soit devenu introuvable ; ma main gauche se souvient encore de l'intro mais ma mémoire est incapable de se souvenir du reste.
Alain Caron est, à mes yeux, le plus grand bassiste de tous les temps.
J'ai ce songbook. Si tu es intéressé, je peux te le photocopier (oui, je sais, pas bien, ça tue les artistes comme copier les cds, etc. etc., mais lorsqu'un songbook n'est plus édité, on fait comment ? ).
Et Cusson est un sacré compositeur.
Jouant un peu de jazz à mes moments non hurlants (comprendre canal lead enclenché et gros son demandé), dire que le jazz est aussi codifié que le classique... je trouve que c'est assez juste... et un peu à côté. Il n'y a pas de signature de tempo dans la musique classique. On ne vous demande pas de jouer un prélude de Bach ou une sonate de Verdi à 108 à la noire... Vous allez me dire que c'est un peu pareil pour le jazz, on peut jouer "So What" à 65 comme le prendre à 140... ouais, peut-être.
Ce qui me "choque" en lisant ce fil, ce sont les tonnes et les tonnes de théorie déployées. J'ai appris des thèmes de jazz avec le Red Book, je n'y connais pas grand chose en accords, je joue la mélodie, sans rien derrière et quand je pars en impro, je ne suis aucune notion métrique ou d'analyse modale (jamais rien compris aux modes, à part les collections printemps-été et automne hiver, le reste c'est du népalo-pakistano-ibérico-javanais) ou autre, je joue ce que je sens qui, à mon avis, "doit être là". Alors des fois ça tombe à côté, des fois c'est dedans, des fois c'est presque, etc.
Trop de théorie, à mon avis, tue la mélodie et le swing. Si c'est pour entendre une reprise de [insérez ici un "standard"] jouée comme pour un ascenseur, merci bien... les nuances à la poubelle, le swing "forcé" qui n'est plus swing mais gimmick à deux centimes, merci bien... si c'est pour scolariser une musique qui s'offre des libertés qui ne se rencontrent plus ailleurs, au secours...
Je ne dis pas qu'il ne faut rien connaître et tout faire à l'aveugle (ce pianiste monstrueux qui était quasi aveugle et qui jouait comme une brute sur n'importe quelle grille, je ne me rappelle plus son nom...), mais se rendre prisonnier d'une grille ou d'une progression et obligatoirement cibler certaines notes pour que "ça sonne et soit dans l'esprit", je trouve que c'est se tromper et faire fausse route. Je pense qu'il vaut mieux se laisser porter par ce que l'on ressent et ce qu'on a envie de dire, peu importe que ce soit majeur, mineur, modal, myxolidien, mélodique (M ou m), chromatique... la musique vit, évolue. Si Davis ou Coltrane s'étaient uniquement raccrochés à ce qui fait "le jazz", ils n'auraient probablement jamais sorti une note comme ils l'ont fait (ils ne sont pas les seuls).
Je trouve que le plaisir de jouer doit primer sur "la douleur" de l'analyse de tout, du moindre pet de mouche en départ de mesure au léger bend qui n'a pas lieu d'être là, parce que normalement, le placement des notes cibles doit être sur les temps x et y.
On fait de la musique, pas des maths ou de l'arithmétique... il faut se laisser de la place pour respirer et insuffler ce que l'on a à dire [à tel moment] (ou tout le temps).
Je sais, ça a été long.