fabilou a écrit :
C'est marrant, vous ne dites pas la même chose, mais je trouve que vous avez tous les deux raison!
Pour moi, le jazz c'est de la fusion depuis le début. Il a emprunté à tous les styles possibles au cours de son histoire: rythmes africains, harmonies européennes, puis le blues, la musique cubaine avec Dizzy Gillespie (le "cubop"), la bossa nova, le rock dès les années 60... On a employé le terme fusion à partir des années 70/80 pour désigner certains sons très électriques, notamment avec des synthétiseurs, mais n'est-ce pas dans la continuité du reste? Mike Stern qui joue un blues à 12 mesures dans la pure tradition bebop, ou qui fait un solo sur "Jean-Pierre" de Miles Davis, ça reste du Mike Stern. Je ne vois pas de difference fondamentale dans le langage musical, ni même dans le phrasé qui reste bien bop. Les gammes pentatoniques abondamment utilisées à cette époque l'étaient déjà 20 ou 30 ans plus tôt par Coltrane.
Mais un truc est sûr: ça vaut le coup d'enrichir le jeu avec des licks pratiqués par les rockers.
oui le jazz c'est de la fusion depuis le début !!!
Par contre pour le reste je ne suis absolument pas d'accord
Si si .... il y a bien des différences dans le langage musical .... je ne veux surtout pas être désobligeant ... mais il faut être au minimum "distrait" pour ne pas les percevoir
Même s'il y a continuité d'un style ou d'une époque à l' autre , les différences sont énormes .... un tout petit exemple le phrasé et les harmonies de Benny Carter ou de Coleman Hawkins ne sont pas les mêmes mais alors pas du tout les mêmes que ceux de Coltrane ou de Wayne Shorter ou de Michael Brecker .
Chez Coltrane le bagage technique ne se limite pas aux pentatonique ...de même chez Wayne Shorter au moins au début, les gammes unitoniques sont abondamment citées mais pas récitées ....et aussi passablement "tordues" et réinterprétées de façon géniale !!!
Sans parler des différences de son !!! Paul Desmond c'est pas vraiment le m^me son qu'Albert Ayler et pourtant ils se produisaient la même époque
Quand Didier Lockwood " joue fusion " il n'a pas le même phrasé que Stéphane Grapelli ...
Bill Evans n'improvise pas comme Fats Waler , Martial Solal pas comme John Lewis ou Paul Bley
etc etc ...
Appliqué à la guitare , il me semble que tout le monde - et les musiciens en premier lieu - peut entendre que le phrasé d'Alan Holdsworth ou de John Mclauglin ... n'ont pas grand chose à voir avec celui de Charlie Christian ou de Kenny Burrell ...Les harmonies des morceaux d'Alan Holworth et les libertés qu'ils prend avec l'harmonie académique ( sa marque de fabrique ) auraient fait hurler les guitaristes be bop !!! Même chose mais avec d'autres harmonies pour Al Dimeola
Le fait de jouer avec des effets transforme le son ... mais influence aussi le phrasé car cela ouvre des possibilités inédites dans la " conception mentale " et la "fabrication" des chorus .
Il y a une relation d'ailleurs difficile à conceptualiser, entre le son et les idées qui sont la base de l'impro ...
... Pat Metheny a inventé des enchaînements de notes que même Django, ne se serait jamais autorisés
Ce qui est troublant et qui brouille un peu les cartes c'est qu'une nouvelle génération de guitaristes brassent un peu tout ça et "mélangent" le phrasé be bop avec les harmonies fusion
Tout ce que je dis là ne va pas forcément aider notre ami qui est à la recherche de" clés" pour aborder l'improvisation fusion .... j'en suis bien conscient
J-P