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“Des consciences s’éclairent au contact vivifiant des poètes maudits : ces hommes qui, sans être des monstres, osent exprimer haut et net ce que les plus malheureux d’entre nous étouffent tout bas dans la honte de soi et la terreur d’être engloutis vivants.”
En 1948 paraissent secrètement au Québec quatre cents exemplaires d’un manifeste explosif :
Refus global, qui brosse un portrait au scalpel d’une société bigote et renfermée, et appelle, dans une langue virtuose, à une révolution poétique. Borduas y dénonce les peurs qui enserrent les individus, et appelle à une révolte poétique et anthropologique pour faire naître un “nouvel espoir collectif”.
C’est bien d’un refus global dont il s’agit : les Automatistes, qui se réunissent à l’atelier de Borduas, contestent non seulement l’emprise du catholicisme sur les consciences mais aussi la raison marchande, le calcul égoïste, qui a d’ailleurs partie liée avec la foi catholique mortifère. Cet appel à l’insurrection, raillant le règne de l’argent et de la prudence, ne saurait être coulé dans une langue sage et policée. Certains passages glissent vers le poème en prose et l’écriture automatique, dans la lignée des surréalistes français. La forme elle-même sert ici la pulsion, la spontanéité et la libération.
Dense, sec et radical, ce pamphlet universel vise toujours juste et adopte une multiplicité de tons toujours maîtrisés. Dans la lignée d’un Lautréamont et des grands manifestes dada, lettristes et situationnistes,
Refus global est l’un des grands textes subversifs du XXe siècle.
« On peut affirmer avec certitude qu’aucune réelle contestation ne saurait être portée par des individus qui, en l’exhibant, sont devenus quelque peu plus élevés socialement qu’ils ne l’auraient été en s’en abstenant. Tout cela ne fait qu'imiter l'exemple bien connu de ce florissant personnel syndical et politique, toujours prêt à prolonger d'un millénaire la plainte du prolétaire, à la seule fin de lui conserver un défenseur. » -
In girum imus nocte