au moment où de bonnes âmes médiatiques s'émeuvent de la destruction d'un temple lointain, peut-être est-il opportun de rappeler d'autres destructions encore plus monstrueuses, mais dont très peu de gens ont parlé, alors qu'elles se passaient sous leur nez...
c'est que la propagande du pouvoir s'arroge le droit de déterminer si une destruction est de l'ordre du "progrès" ou de la "barbarie", selon sa convenance.
Je crois que cette ville a été ravagée un peu avant toutes les autres parce que ses révolutions toujours recommencées n'avaient que trop inquiété et choqué le monde ; et parce qu'elles avaient malheureusement toujours échoué. On nous a donc enfin punis par une destruction aussi complète que celle dont nous avaiet menacés jadis le Manifeste de Brunswick ou le discours du girondin Isnard : afin d'ensevelir tant de redoutables souvenirs, et le grand nom de Paris. [...]
Qui voit les rives de la Seine voit nos peines : on n'y trouve plus que les colonnes précipitées d'une fourmilière d'esclaves motorisés. [...]
On pourrait presque croire [...] que j'avais été le seul à aimer Paris ; puisque tout d'abord je n'ai vu que moi réagir sur cette question, dans les répugnantes "années soixante-dix". Mais par la suite j'ai appris que Louis Chevalier, son vieil historien, avait publié alors, sans qu'on en parle trop,
L'Assassinat de Paris. [...]
Bien plus tard, quand la marée des destructions, pollutions, falsifications, a atteint toute la surface du monde, et aussi bien s'est enfoncée dans presque toute sa profondeur, j'ai pu revenir aux ruines qui subsistent de Paris, puisque alors il n'était plus rien resté de mieux ailleurs. Dans un monde unifié, on ne peut s'exiler. - G. Debord,
Panégyrique
L'enlisement, telle est en définitive la principale explication de ce livre : la certitude que, dans un petit nombre d'années facile à calculer, plus personne n'aura la moindre idée de ce que Paris était, il y a quinze ans à peine, si ce n'est en allant en exhumer l'image, toujours déformée, dans les livres ; plus la moindre empreinte où poser ses pas, comme il était possible autrefois de le faire ; plus la moindre pierre, si ce n'est douteuse, où asseoir ses rêves, où bâtir le passé de la ville sur son propre passé. Oubli inéluctable, insupportable. - Louis Chevalier
un bon article sur le vieux paris :
http://www.urbain-trop-urbain.(...)stes/