Vous et les livres...

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jules_albert
je ne sais pas sur quelle planète tu vis, kandide, mais sur la terre, je t'assure qu'il n'y a guère de raisons pour l'optimisme que tu professes : le désastre n'est pas une éventualité que l'on pourrait encore éviter, c'est une réalité qui est déjà là... la suite risque d'être encore plus chaotique...

Citation:
D'un autre côté, on fabrique bien le sérum (la solution) à partir des souches de la maladie...


à l'image de la guerre toujours perdue que la folie hygiéniste mène contre les microbes, chaque progrès a entraîné de nouveaux dangers, de risques inédits, de fléaux jusque-là insoupçonnés, que ce soit dans l'urbanisme, où les espaces "criminogènes" s'étendent avec le contrôle, la ségrégation, la surveillance, ou dans l'élevage industriel et le milieu stérilisé des hôpitaux où prospèrent les nouvelles maladies épidémiques (de la légionellose au sras). rien de tout cela n'ébranle le progressiste : au contraire, chaque nouvel échec le renforce dans sa conviction d'une tendance générale vers le "mieux".

les machines auraient eu un sens positif si elles s'étaient développées selon les besoins réels de l'humain, et non selon l'appât du gain et l'accumulation de dividendes à l'infini.
l'humain n'est guère plus que le parasite du macrosystème technomarchand.

dos passos dans un de ses récits de voyage à travers l'espagne vers 1918 raconte les propos tenus par un syndicaliste tout juste évadé de prison (les syndicalistes à cette époque étaient autre chose que ce qui porte aujourd'hui ce nom), ce sont des propos visionnaires : "Nous sommes pris au piège de l'industrialisation, comme le reste de l'Europe. Le peuple, y compris les camarades, se laisse gagner à toute allure par la mentalité bourgeoise. Si seulement nous nous étions emparés des moyens de production quand le système était encore jeune et faible, nous l'aurions développé lentement à notre profit, en rendant la machine esclave de l'homme. Chaque jour que nous laissons passer nous rend la tâche plus difficile."
Sans valeur marchande : https://debord-encore.blogspot(...).html

La peste citoyenne. La classe moyenne et ses angoisses : http://parolesdesjours.free.fr(...)e.pdf
zôsö85
Kandide a écrit :

D'ailleurs, il y a aussi Platon qui m'intrigue, c'est très vieux, mais le peu que j'ai lu, j'ai trouvé une actualité incroyable... Et j'ai envie de m'y intéresser aussi...


Platon oui, excellent et toujours d'actualité. Bon ce que j'ai lu de lui sur la politique m'a pas trop fasciné (la République, un gros pavé assomant qui décrit le fonctionnement utopique d'une cité de l'époque, en gros un genre de dictature, mais bon c'est chiant quoi).
Je te conseille de commencer par le banquet, le Gorgias, l'apologie de Socrate, c'est très accessible, même moi j'ai compris (enfin bon il y a plusieurs niveau de lecture j'imagine).
Kandide
zôsö85 a écrit :
Kandide a écrit :

D'ailleurs, il y a aussi Platon qui m'intrigue, c'est très vieux, mais le peu que j'ai lu, j'ai trouvé une actualité incroyable... Et j'ai envie de m'y intéresser aussi...


Platon oui, excellent et toujours d'actualité. Bon ce que j'ai lu de lui sur la politique m'a pas trop fasciné (la République, un gros pavé assomant qui décrit le fonctionnement utopique d'une cité de l'époque, en gros un genre de dictature, mais bon c'est chiant quoi).
Je te conseille de commencer par le banquet, le Gorgias, l'apologie de Socrate, c'est très accessible, même moi j'ai compris (enfin bon il y a plusieurs niveau de lecture j'imagine).


Merci !
PEACE & LOVE
Kandide
jules_albert a écrit :
je ne sais pas sur quelle planète tu vis, kandide, mais sur la terre, je t'assure qu'il n'y a guère de raisons pour l'optimisme que tu professes : le désastre n'est pas une éventualité que l'on pourrait encore éviter, c'est une réalité qui est déjà là... la suite risque d'être encore plus chaotique...


C'est rigolo, on me dit souvent cela !
Sans doute, ai-je des gènes extra-terrestres...
8O
PEACE & LOVE
rapideyemove
Liza.Monet a écrit :
Plutôt que de continuer a subir les interchangeables conneries politico-démentes et situanisto-desséchées de Julot... je vous conseille d'aller chercher le vrai, le juste et le beau littéraire chez Remy de Gourmont.


Ou Villiers de L'Isle Adam, avec Axël :

« Vivre ?
Les serviteurs feront cela pour nous.
»


«Wir leben unter finsteren Himmeln, und –es gibt wenig Menschen. Darum gibt es wohl auch so wenig Gedichte. Die Hoffnungen, die ich noch habe, sind nicht groß. Ich versuche, mir das mir Verbliebene zu erhalten. »
Paul Celan, 18 mai 1960, Lettre à Hans Bender.
Lao
  • Lao
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  • Publié par
    Lao
    le 29 Janv 2015, 00:07
Personnellement je conseille de regarder vers d'autres horizons avec de "véritables" philosophes comme Krishnamurti. Par véritable j’entends ceux qui ont vécu leur philosophie (j'aurais apprécié une rencontre Krishnamurti - Bakounine).
Krishnamurti a écrit :
L'important, c'est d'être à soi-même sa propre lumière, son propre maître et son propre disciple.
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Lorsque vous vous dites Indien, Musulman, Chrétien, Européen, ou autre chose, vous êtes violents. Savez-vous pourquoi? C'est parce que vous vous séparez du reste de l'humanité, et cette séparation due à vos croyances, à votre nationalité, à vos traditions, engendre la violence. Celui qui cherche à comprendre la violence n'appartient à aucun pays, à aucune religion, à aucun parti politique, à aucun système particulier. Ce qui lui importe c'est la compréhension totale de l'humanité.


Et pour comprendre l'homme et son comportement, partir de la connaissance de la biologie me parait ce qu'il y a de plus rationnel. J'ai trouvé les meilleures explications chez Henri Laborit.
jules_albert
quelques éléments essentiels (et inédits) de la vie de francis pagnon, musicien et auteur d'en évoquant wagner : la musique comme mensonge et comme vérité, m'ont été communiqués récemment.
je vous les livre ici, car ils aident à mieux comprendre la personnalité de l'auteur et sa passion pour wagner:


Étant proche de la critique situationniste, Francis Pagnon n'aurait jamais accepté d'être désigné comme musicologue français, comme philosophe ou comme une quelconque autre forme de spécialiste. On peut dire de lui qu'il fut un marginal et un autodidacte, et surtout un révolutionnaire.

Francis Pagnon est né dans le territoire de Belfort, dans une famille ouvrière, pauvre et violente. Ayant tôt rompu avec elle, il ne renia jamais, pour autant, son origine sociale. C'est en autodidacte qu'il acquit une vaste culture (il fut polyglotte, féru de philosophie, musicien) mais ne concevait pas d'autre usage de cette culture que critique et révolutionnaire. Evitant toute forme d'intégration sociale, il s'efforça toute sa vie d'amener ses relations à partager cette orientation et n'eut pour horizon que celui d'un renversement de l'ordre capitaliste (comme en témoigne sa lettre du 9 septembre 1988 adressée à Jean-Pierre Baudet depuis le village thaïlandais proche de la frontière birmane où Pagnon vécut).

Sur le plan musical, et en dépit d'une scolarité absente, Pagnon se forma en harmonie et en analyse musicale (avec Narcis Bonet, qui lui reconnut en réel talent dans ce domaine). Il apprit pendant quatre ans à jouer du piano, composa des chansons, mais sa passion prédominante portait sur l'oeuvre de Richard Wagner. Pagnon considérait qu'on trouvait, en particulier dans la Tétralogie, l'héritage du passé révolutionnaire de Wagner, qui fut proche de Bakounine, et n'acceptait pas le rejet dont Wagner fait l'objet en raison de l'antisémitisme et du pangermanisme dont on l'accusait sous prétexte que les nazis s'étaient emparés de sa musique.

Pagnon vécut de façon précaire à Londres (où il s'était enfui avant d'avoir atteint sa majorité, et d'où il fut expulsé après l'expiration de son visa) et, plus tard, à Cologne. En France, il vécut à Tours et dans le dix-huitième arrondissement parisien. Refusant toute activité professionnelle pouvant être considérée comme bourgeoise, Pagnon mena une vie totalement désargentée, ne travaillant que dans des conditions misérables.

Depuis son jeune âge, il souffrait d'une paralysie du nerf auditif qui ne cessa de s'intensifier et de le condamner à une surdité en constante augmentation, de plus en plus pénible pour un musicien.

Le seul livre publié de son vivant, ''En évoquant Wagner'', fut réalisé en 1981 avec le soutien bienveillant de l'éditeur Gérard Lebovici, lui-même musicien. Cette constellation heureuse ne se reproduisit pas, puisqu'en 1984, déjà très diminué, Pagnon proposa au même éditeur un manuscrit impossible à publier en l'état.

Dans le conflit opposant en 1987 Jean-François Martos, Jean-Pierre Baudet et (clandestinement) Guy Debord à l'Encyclopédie des Nuisances, Pagnon prit position avec passion en faveur des premiers.

Pagnon était l'exemple même de l'écorché vif, ne sachant moduler son empathie pour son entourage. Après une longue période passée dans un village du nord de la Thaïlande (région de Chiang Maï), déçu par son impuissance devant la misère locale comme devant l'évolution de la société en France, ne se sentant plus chez lui nulle part et tombant dans un alcoolisme avancé, Francis Pagnon s'est donné la mort par pendaison le 11 janvier 1990.

Francis Pagnon était très conscient de s'opposer, avec son livre, au musicologue critique le plus réputé, Theodor W. Adorno, et il ne manquait pas de relever que contrairement à celui-ci, Richard Wagner lui paraissait plus subversif que Mahler, Schönberg et Berg, qu'il aimait pourtant beaucoup. En revanche, cette fois à l'instar d'Adorno, Pagnon détestait le jazz.

* Un certain nombre de manuscrits laissés à la mort de Pagnon, non publiés, comprennent des traductions d'auteurs de théâtre allemands (''Die Albigenser'', de Nikolaus Lenau; ''Hinkemann'', d'Ernst Toller), une étude intitulée ''Lenau et le refus de la réconciliation'', et des études sur la ''Métaphysique'' d'Aristote.

Sans valeur marchande : https://debord-encore.blogspot(...).html

La peste citoyenne. La classe moyenne et ses angoisses : http://parolesdesjours.free.fr(...)e.pdf
Une recommandation concernant l'économie, concernant sa compréhension.

Je ne fais que des aller retours entre pages internet, on y vient, mais c'est vaste et pas clair. Je ne dis pas que ça le sera, mais je suppose qu'il y a de quoi avancer d'une meilleure façon.

jules_albert
un livre culte en provenance du japon vient d'être édité en poche, il s'agit du "bateau-usine" de kobayashi takiji.
le récit publié en 1929, inspiré de faits véridiques, décrit l'exploitation et l'humiliation des travailleurs à bord d'un navire pêchant le crabe dans les mers froides entre le japon et l'urss.
ces hommes découvrent la nécessité de l'union et de la révolte face l'inhumanité de leur maîtres.
écrit dans un style violent et visuel, ce livre bouleversant a marqué son époque, avant de tomber quelque peu dans l'oubli.
cependant, suite à une réédition en 2008, le livre rencontre un énorme succès parmi la jeunesse désenchantée et précarisée du japon actuel qui s'est identifiée aux personnages du récit.

http://www.editions-allia.com/(...)usine

Allégorie du fonctionnement du capitalisme, ce bateau-usine permet à l'auteur de dénoncer la collusion d'intérêts entre l’État, l'industrie et l’armée, dans une zone géographique extrêmement sensible. En même temps qu'il déplie les enjeux de l'impérialisme et de la colonisation, l'auteur élève le collectif en force vive d'opposition. Seul le groupe peut mener le combat à la victoire. Ce récit bouleversant, directement inspiré de faits réels, place le lecteur au cœur de cet engin amphibie, provoque un puissant sentiment d'empathie avec ces hommes et les aspirations violentes qui les animent.
L'oralité d'un roman-documentaire, l'écriture incisive choisie par Kobayashi ainsi que la narration en style direct amplifient ce phénomène d'identification, qui rejaillit sur la lecture elle-même, appel à la révolte en soi.


Sans valeur marchande : https://debord-encore.blogspot(...).html

La peste citoyenne. La classe moyenne et ses angoisses : http://parolesdesjours.free.fr(...)e.pdf
Lao
  • Lao
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  • Publié par
    Lao
    le 08 Fév 2015, 20:16
Je viens de finir la Belle et la Bête de Thierry Joncquet.
Un bon polar, je dirai même un petit chef d’œuvre; Petit parce que pas très long mais aussi parce que c'est un adjectif signifiant l'affection.
Un thème simple à la Thierry Jonquet : l'histoire d'une névrose qui se développe à partir d'un couple mal conçu, chez un homme (la bête) à cause de la femme (la belle) et qui conduit cet homme à une décadence psychique et physique.
Un déroulement à la Thierry Joncquet : deux personnages qui de manière entrelacée racontent progressivement l'histoire du drame.
Un style à la Thierry Joncquet : écriture très simple mais quelquefois abrupte de réalisme et personnages attachants.

Un dénouement à la Philip K Dick : une surprise totale qui met à jour une histoire "tendre" que l'écrivain a réussi à judicieusement habiller tout au long du roman de telle façon que cela passe totalement inaperçu alors qu'on l'avait juste devant les yeux pendant toute la lecture - TRÈS FORT!

Kandide
_Hazard_ a écrit :
Je viens de finir la Belle et la Bête de Thierry Joncquet.
Un bon polar, je dirai même un petit chef d’œuvre; Petit parce que pas très long mais aussi parce que c'est un adjectif signifiant l'affection.
Un thème simple à la Thierry Jonquet : l'histoire d'une névrose qui se développe à partir d'un couple mal conçu, chez un homme (la bête) à cause de la femme (la belle) et qui conduit cet homme à une décadence psychique et physique.
Un déroulement à la Thierry Joncquet : deux personnages qui de manière entrelacée racontent progressivement l'histoire du drame.
Un style à la Thierry Joncquet : écriture très simple mais quelquefois abrupte de réalisme et personnages attachants.

Un dénouement à la Philip K Dick : une surprise totale qui met à jour une histoire "tendre" que l'écrivain a réussi à judicieusement habiller tout au long du roman de telle façon que cela passe totalement inaperçu alors qu'on l'avait juste devant les yeux pendant toute la lecture - TRÈS FORT!



Cela donne envie de le lire !

En plus, avec la référence à K Dick !
PEACE & LOVE
Lao
  • Lao
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  • #4078
  • Publié par
    Lao
    le 08 Fév 2015, 21:46
Si tu le lis, tu nous diras si tu t'es fait prendre comme la plupart des lecteurs.....
zôsö85
Blue Moon a écrit :
Une recommandation concernant l'économie, concernant sa compréhension.

Je ne fais que des aller retours entre pages internet, on y vient, mais c'est vaste et pas clair. Je ne dis pas que ça le sera, mais je suppose qu'il y a de quoi avancer d'une meilleure façon.



Je suis un peu dans ton cas, ça ça a l'air pas mal :

http://www.amazon.fr/Le-capita(...)82288

Bon c'est pas forcément un ouvrage généraliste genre "l'économie pour les nuls", mais ça a l'air super intéressant, je l'ai pas encore lu, j'attends de finir d'autres livres chiants.
jim204
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Mon boulot me permet de m'abonner aux échos, je feuillette régulièrement ce journal depuis la crise de 2008 car il avait été le seul parmi la revue de presse interne de la SG où je faisait de la presta à me faire comprendre simplement le mécanisme de cette catastrophe.

Au final je décode beaucoup mieux l'actualité au travers de ces infos économiques.

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