oui, j'ai été indisponible ces dernières semaines pour cause d'une mauvaise chute dans un escalier roulant, ce qui n'a fait que raffermir ma haine de la société industrielle. enfin, ça m'a laissé du temps pour relire encore une fois certains de mes auteurs préférés (guy debord, michel bounan, francis pagnon, jaime semprun, miguel amorós, etc.)
l'insomniaque est vraiment un éditeur très estimable. comme vous vous en souvenez, c'est lui qui a sorti les
écrits du grand marius jacob.
il y a quelques mois, l'insomniaque a sorti ce bon livre de julius van daal sur l'insurrection luddiste, insurrection qui a, cela va sans dire, toute ma sympathie.
la colère de ludd. la lutte des classes en angleterre à l'aube de la révolution industrielle par julius van daal.
"Le 9 avril, la grande usine de Joseph Foster, située dans le village de Horbury, à quelques kilomètres de Wakefield, est envahie par plus de trois cents hommes en armes, venus des villages environnants. Ce Foster a refusé de renoncer à utiliser une "machinerie odieuse" ainsi que le lui avaient fermement et maintes fois demandé ses employés, lesquels ont choisi d'en appeler à Ludd. Une fois les guetteurs postés, les luddites se mettent en devoir de détruire les grosses machines récentes qu'abrite le lieu, épargnant les plus archaïques. Ils ne se contentent pas de les détériorer mais les réduisent rageusement en miettes. Ils lacèrent ensuite la fibre et les tissus puis cassent toutes les fenêtres. Dans leur frénésie destructrice, ils s'attaquent en outre à des locaux et des équipements habituellement épargnés par la fureur luddite, tels le bureau du comptable ou la résidence du patron, adjacente aux ateliers. Du bris de machines, les luddites passent cette nuit-là à la démolition d'usine". Le mouvement luddite (1811-1817) tenta avec vigueur de résister à l'introduction du machinisme dans l'industrie textile anglaise et amena le royaume désuni au bord de l'insurrection.
Au fil d'une narration parfois picaresque se dessine la naissance du capitalisme dominateur, façonnant les formes modernes de l'aliénation. On y voit conspirer les sociétés secrètes ouvrières contre une bourgeoisie manufacturière en pleine ascension, mais aussi contre une aristocratie sur le déclin quoique encore maîtresse des armes et des lois - et prompte à sévir contre les pauvres. Dépassant les points de vue biaisés sur les briseurs de machines - qu'ils soient vilipendés comme passéistes ou exaltés comme précurseurs -, le récit, ponctué de nombreux documents, explore l'universalité et l'actualité de ce soulèvement initial contre le salariat.
il y a quelques années, van daal avait sorti
beau comme une prison qui brûle qui relate un épisode méconnu de l'histoire d'angleterre : la première grande insurrection prolétarienne de l'ère industrielle.
début juin 1780, l'approbation d'une loi considérée comme "papiste" déchaîna une monumentale révolte, abondamment arrosée de gin et autres breuvages éthyliques, qui aboutit à une grande fête populaire en long et en large de celle qui était alors la plus grande ville d'europe : londres.
au cri de "non à l'esclavage !", on brûla les maisons des politiciens, on socialisa les distilleries, on détruisit des symboles de l'oppression, on mit le feu aux prisons, non sans en avoir auparavant libéré leurs locataires habituels : les prolétaires.
ce court récit tire ces journées éclatantes de leur oubli.