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jules_albert




Anacharsis Cloots fut, durant la révolution, un des orateurs les plus connus : à la fois membre du club des Jacobins, du club des Cordeliers, député à la Convention, publiciste des journaux patriotes, écrivain et philosophe.

Nous avons essayé de rassembler dans ce livre toute son œuvre de la période révolutionnaire, depuis 1790 jusqu’au 24 mars 1794, date à laquelle il fut exécuté, en même temps que les Hébertistes. L’ordre chronologique, adopté ici pour la présentation, est celui que Cloots lui-même suggère :
« (…) examinez scrupuleusement mes paperasses. Vous y trouverez la gradation de mes croyances religieuses, de mes connaissances politiques sur les hommes et les choses, le crescendo de mon élan vers la constitution sublimée d’un peuple avec lequel j’ai fait mon éducation révolutionnaire. »

L’œuvre de Cloots se suffit à elle-même ; nous nous sommes permis d’annoter la plupart de ses écrits dans le seul but de rappeler quelques événements bons à savoir. Nous remarquerons simplement combien paraissent indignes, à la lecture de ces textes, les divers pouvoirs se proclamant aujourd’hui les héritiers spirituels de cette lointaine révolution.
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La peste citoyenne. La classe moyenne et ses angoisses : http://parolesdesjours.free.fr(...)e.pdf
Drougy
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Après ma débâcle face à Pound, je reviens à notre bonne poésie françoise de sublimes naïfs :

I

Les nuages couraient sur la lune enflammée
Comme sur l'incendie on voit fuir la fumée,
Et les bois étaient noirs jusques à l'horizon.
Nous marchions sans parler, dans l'humide gazon,
Dans la bruyère épaisse et dans les hautes brandes,
Lorsque, sous des sapins pareils à ceux des Landes,
Nous avons aperçus les grands ongles marqués
Par les loups voyageurs que nous avions traqués.
Nous avons écouté, retenant notre haleine
Et le pas suspendu. -- Ni le bois, ni la plaine
Ne poussait un soupir dans les airs; Seulement
La girouette en deuil criait au firmament;
Car le vent élevé bien au dessus des terres,
N'effleurait de ses pieds que les tours solitaires,
Et les chênes d'en-bas, contre les rocs penchés,
Sur leurs coudes semblaient endormis et couchés.
Rien ne bruissait donc, lorsque baissant la tête,
Le plus vieux des chasseurs qui s'étaient mis en quête
A regardé le sable en s'y couchant; Bientôt,
Lui que jamais ici on ne vit en défaut,
A déclaré tout bas que ces marques récentes
Annonçait la démarche et les griffes puissantes
De deux grands loups-cerviers et de deux louveteaux.
Nous avons tous alors préparé nos couteaux,
Et, cachant nos fusils et leurs lueurs trop blanches,
Nous allions pas à pas en écartant les branches.

Trois s'arrêtent, et moi, cherchant ce qu'ils voyaient,
J'aperçois tout à coup deux yeux qui flamboyaient,
Et je vois au delà quatre formes légères
Qui dansaient sous la lune au milieu des bruyères,
Comme font chaque jour, à grand bruit sous nos yeux,
Quand le maître revient, les lévriers joyeux.
Leur forme était semblable et semblable la danse;
Mais les enfants du loup se jouaient en silence,
Sachant bien qu'à deux pas, ne dormant qu'à demi,
Se couche dans ses murs l'homme, leur ennemi.

Le père était debout, et plus loin, contre un arbre,
Sa louve reposait comme celle de marbre
Qu'adorait les romains, et dont les flancs velus
Couvaient les demi-dieux Rémus et Romulus.
Le Loup vient et s'assied, les deux jambes dressées,
Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées.
Il s'est jugé perdu, puisqu'il était surpris,
Sa retraite coupée et tous ses chemins pris,
Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,
Du chien le plus hardi la gorge pantelante,
Et n'a pas desserré ses mâchoires de fer,
Malgré nos coups de feu, qui traversaient sa chair,
Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles,
Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,
Jusqu'au dernier moment où le chien étranglé,
Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roulé.
Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde.
Les couteaux lui restaient au flanc jusqu'à la garde,
Le clouaient au gazon tout baigné dans son sang;
Nos fusils l'entouraient en sinistre croissant.
Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,
Et, sans daigner savoir comment il a péri,
Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.

II

J'ai reposé mon front sur mon fusil sans poudre,
Me prenant à penser, et n'ai pu me résoudre
A poursuivre sa Louve et ses fils qui, tous trois,
Avaient voulu l'attendre, et, comme je le crois,
Sans ses deux louveteaux, la belle et sombre veuve
Ne l'eut pas laissé seul subir la grande épreuve;
Mais son devoir était de les sauver, afin
De pouvoir leur apprendre à bien souffrir la faim,
A ne jamais entrer dans le pacte des villes,
Que l'homme a fait avec les animaux serviles
Qui chassent devant lui, pour avoir le coucher,
Les premiers possesseurs du bois et du rocher.

III

Hélas! ai-je pensé, malgré ce grand nom d'Hommes,
Que j'ai honte de nous , débiles que nous sommes!
Comment on doit quitter la vie et tous ses maux,
C'est vous qui le savez sublimes animaux.
A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse,
Seul le silence est grand; tout le reste est faiblesse.
--Ah! je t'ai bien compris, sauvage voyageur,
Et ton dernier regard m'est allé jusqu'au coeur.
Il disait: " Si tu peux, fais que ton âme arrive,
A force de rester studieuse et pensive,
Jusqu'à ce haut degré de stoïque fierté
Où, naissant dans les bois, j'ai tout d'abord monté.
Gémir, pleurer prier est également lâche.
Fais énergiquement ta longue et lourde tâche
Dans la voie où le sort a voulu t'appeler,
Puis, après, comme moi, souffre et meurs sans parler."

-Vigny, la mort du loup.
"J'aime pas trop les voleurs et les fils de pute"
jules_albert
L'illumination que nous apportent l'art et la littérature n'est ni un bouclier contre la déconvenue ni un réconfort. (...) Si les gens d'aujourd'hui voulaient bien parler de ce qui les intéresse vraiment, ils parleraient de choses réelles et non d'illusions chimériques. Mais c'est l'illusion, la "belle illusion", qui seule compte à leurs yeux. L'art leur apporte indéniablement ce mirage et cela devrait leur suffire, mais ils veulent que l'art lui-même soit cette belle illusion, et c'est là une confusion grosse de désastres.

Arnold Schönberg,
Le Style et l'idée

Schönberg remarquait que peu de gens sont capables de comprendre ce que la musique exprime par elle-même, la plupart ne sachant la juger que par le texte qui l'accompagne. Le caractère révolutionnaire de la musique wagnérienne est inaccessible à qui en reste au livret et plus encore aux prisonniers de la méthode biographique. C'est par la musique que Wagner a médiatisé le courant révolutionnaire, et cela échappe parce que l'on ne sait pas l'écouter dans toute la richesse de ses racines et de ses prolongements. La musique institue entre elle-même et le texte le même rapport que le rêve entre le contenu caché et le contenu manifeste. L'oublier rend impossible la compréhension des chefs-d'oeuvres que sont Parsifal, la Flûte de Mozart, le Pelléas de Debussy, etc.

Francis Pagnon,
En évoquant Wagner


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ZePot
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Putain je donnerais cher pour croiser jules_albert en vrai. Il y a deux types de Backstagiens : il y a ceux qui racontent leur vie (Beurp's, Neredev, JJ, Don Guillermo, Glamour Punks, moi-même... la plupart d'entre nous en fait) et il y a ceux, ô combien mystérieux, qui ne disent rien même s'ils postent beaucoup (Monsieur M, Fozzie...). Parmi ces derniers, jules_albert est un géant, un maître. L'obsession, l'autisme, l'absurdité apparente de son comportement. Les quelques éléments dont nous disposons (le grand père anarchiste, le père rejeté, la ferrari), loin de lever le mystère, le renforcent. Je donnerais cher pour avoir la chance de comprendre jules_albert, ses motivations, son ambition. Pas vous ?

Après tout, certains forumeurs, hier très farouches, donnent aujourd'hui leur localisation sans broncher : Mollotof, Redstein. Peut-être arriverons nous un jour à apprivoiser jules_albert.
Kunde
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C'est trop tard pour julio.

Il n'atteindra jamais ce canon de mysticisme qu'est "lui".
J'irai cracher sur vos tongs !
jules_albert
ZePot a écrit :
Putain je donnerais cher pour croiser jules_albert en vrai.

et pour quoi faire ? t'as envie de te faire tordre les parties sexuelles ?
qu'on le sache une fois pour toutes : je ne veux pas me civiliser ; tout du moins pas au sens où l'entendent les petits hommes assignés aux étranges travaux nécessaires au maintien de l'état et du capital.
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Redstein
jules_albert a écrit :
ZePot a écrit :
Putain je donnerais cher pour croiser jules_albert en vrai.

et pourquoi faire ? t'as envie de te faire tordre les parties sexuelles ?


Il a plutôt envie de te planter une aiguille au travers du corps. Tu serais la pièce maîtresse de sa collection.
'Human beings. You always manage to find the boring alternative, don't you?'


http://fermons-les-abattoirs.org

- Quand Redstein montre l'abattoir, l'imbécile regarde Redstein - (©Masha)
ZePot
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Magnifique canapé qui n'aurait pas fait tâche dans ma coloc anglaise paki jadis.
ZePot
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jules_albert a écrit :
ZePot a écrit :
Putain je donnerais cher pour croiser jules_albert en vrai.

et pour quoi faire ?


Je sais pas, moi, descends

jules_albert a écrit :
et pour quoi faire ?


Je sais pas, viens, descends

jules_albert a écrit :
et pour quoi faire ?


...

jules_albert a écrit :
t'as envie de te faire tordre les parties sexuelles ?


Une nouvelle facette surprenante de la personnalité de jules_albert !
Sinon j'ai déjà répondu à ta question :

ZePot a écrit :
Je donnerais cher pour avoir la chance de comprendre jules_albert, ses motivations, son ambition.


jules_albert a écrit :
je ne veux pas me civiliser ; tout du moins pas au sens où l'entendent les petits hommes assignés aux étranges travaux nécessaires au maintien de l'état et du capital.


Comme tout ceci est excitant !
Kunde
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jules_albert a écrit :
et pour quoi faire ? t'as envie de te faire tordre les parties sexuelles ?
qu'on le sache une fois pour toutes : je ne veux pas me civiliser ; tout du moins pas au sens où l'entendent les petits hommes assignés aux étranges travaux nécessaires au maintien de l'état et du capital.


Graouuuu mon sauvage !
Viens la mon ptit veau, quand j'en aurais fini avec toi tu seras un taureau de combat.
J'irai cracher sur vos tongs !
Le Heyd
Bon j'ai encore GASé en bouquins sur Amazon, j'ai une belle pile de livres à lire! En tout cas je viens de commencer ça :



Recueil de 10 nouvelles dont la première est "la mort en été", troublante, ce qui n'est pas négatif pour moi. Par contre cette version du bouquin est assez vieille (trouvée d'occase à Genève) et elle est traduite de l'anglais, je ne sais pas s'il existe une autre version plus récente directement traduite du japonais et de meilleure qualité. Mais bon, le résultat est quand même très bien, rien de choquant, il faudrait comparer.

Juste avant j'ai lu le dérangeant et très intéressant "Gibier d'élevage" de Kenzaburo Oe que je conseille aussi.
Kreuzberg
Je viens de recevoir ça:



Avec aussi des interviews de Michael Rotter, Richard Pinhas, Lydia Lunch, Keith Levene, Fred Frith, Glenn Branca... Mais pas Jean-Pierre Danel.
Drougy
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Putain, y'a du beau monde
"J'aime pas trop les voleurs et les fils de pute"
Le Heyd
Cherchez l'intrus entre Lee Ranaldo, Johnny Marr, Tom Verlaine, Wayne Kramer et... Frusciante. C'est le nom qu'il faut mettre pour faire vendre je suppose.
straoul


J'ai failli acheter çà hier mais à 21 euro, j'ai un peu hésité ( encore des trucs à lire et à acheter ... ) et suis ressorti sans ...

"A l'aube des années soixante-dix, le jeune Nick Kent rejoint le New Musical Express. Rapidement devenu la plume la plus prestigieuse de l'hebdomadaire anglais, il y signe des articles qui imposeront le titre comme une référence de la presse musicale. Son approche journalistique, l'implication maximale, amène Kent à fréquenter de près les Stones, Led Zeppelin, Iggy Pop, Bowie, les Sex Pistols, pour le meilleur et pour le pire. Apathy for the Devil raconte son histoire, de l'ascension à la chute, et déroule la chronique d'une décennie rock éclatante. Comme l'écriture de Kent lui-même qui, sans jamais se départir d'une élégance toute british, manie, avec brio, humour et panache dans ce livre fulgurant."

Quelqu'un connait ? l'a lu ?

A noter que j'ai vu que Rivage Rouge a sorti certains de ses bouquins en format plus petit à 10 euro : c'est déjà plus intéressant.
Tiens, Nick Kent est en dédicace à la librairie Atout Live le 28 septembre
"Pouvoir ne pas exister, c’est évidemment une impuissance ; et c’est une puissance, au contraire, que de pouvoir exister. Si donc l’ensemble des choses qui ont déjà nécessairement l’existence ne comprend que des êtres finis, il s’ensuit que des êtres finis sont plus puissants que l’être absolument infini, ce qui est de soi parfaitement absurde. Il faut donc, de deux choses l’une, ou qu’il n’existe rien, ou, s’il existe quelque chose, que l’être absolument infini existe aussi. Or nous existons, nous, ou bien en nous-mêmes, ou bien en un autre être qui existe nécessairement. Donc l’être absolument infini, en d’autres termes Dieu existe nécessairement. C. Q. F. D."
Kropotkine

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