Impossible de fermer l'oeil, alors je te réponds:
jules_albert a écrit :
bof, c'est un peu comme ceux qui disent "hitler était peut-être un monstre mais il a fait baisser le chômage dans son pays et a construit de belles autoroutes, et puis c'était un grand orateur" :lol
Sans méchanceté aucune, je trouve cette comparaison totalement stupide.
Citation:
le passage que tu cites montre bien le côté factice de la révolte célinienne : les bourreaux des pauvres ne sont pas nommés, si les pauvres sont exploités c'est par une sorte de fatalité, on n'y peut rien, le système économique en place n'y est pour rien.. plus tard, dans ses pamphlets de propagande nazie, il désignera les juifs comme seuls responsables de tous les maux de l'humanité.. manoeuvre typiquement contre-révolutionnaire visant à détourner la colère populaire vers des cibles qui ne mettent pas en cause l'ordre établi.. l'antisémitisme ne sert qu'à ça.
Tu me parles d'idéologie, là. Je te parle de littérature. Cela dit c'est vrai que je trouve que le qualificatif de "révolté" qu'on retrouve souvent dans les biographies, ne conviens pas du tout au personnage. Ecorché peut-être, en colère sûrement, révolté certainement pas. Mais bon, comme je n'ai lu que le voyage, je n'ai pas d'opinion arrêtées.
N'empêche, tout ce que tu dis est peut-être vrai, mais ça ne touche pas directement à la valeur littéraire de son oeuvre, même si c'est évidement lié .
Citation:
il y a eu surtout, autour de la figure de céline, une considérable entreprise de propagande.. la fabrication, de toute pièces, d'un mythe.. il a bien sûr participé de son vivant à l'édification du mythe en adoptant diverses postures.. céline était surtout un grand comédien ! anarchiste canaille aux origines modestes (c'est faux, ses origines sont bourgeoises et il n'a jamais été anarchiste comme ses textes dans la presse médicale le prouvent), puis antisémite à ses risques et périls (c'est faux, céline ne se seraient pas lancé dans la publication de trois pamphlets nazis s'il n'avait bénéficié d'appuis en haut lieu), puis céline en bête à style rattrapé par des malédictions idéologiques qui lui seraient étrangères : la fable finale du pur "styliste" rétif à tout "messâââge".. et pour avaliser ce mythe du poète maudit, incompris, il entre dans la peau d'un personnage d'emprunt : l'inspiré misanthrope reclus dans sa demeure banlieusarde tel diogène en son tonneau qui n'aurait jamais eu d'autre soucis que "sa petite musique".. un verbe sans contenu, sans référents historiques et socio-culturels, purement musical..
On s'en fout, non?
Citation:
pour fabriquer son style douteux, céline s'appuie surtout sur la décomposition du langage propre à son époque quand s'abolit la distance entre langage écrit et langage parlé avec l'arrivée des medias de masse.. "le voyage" n'est pas un grand livre de pure littérature, c'est au contraire un livre ancré dans les conflits idéologiques de son temps, plein de poncifs, rempli d'idéologie conformiste et d'une facture très dix-neuvième siècle (céline adorait zola!)
Ah, là on peut parler! J'adhère à ton analyse, mais pas ton jugement. Tout ça est très suggestif. Céline aurait probablement lui-même tiqué si on lui avait affirmé qu'il faisait de la "littérature" au sens ou tu l'entends. En ce sens je crois qu'il aurait largement revendiqué l'aspect "non littéraire" de son oeuvre (?) . Pour ma part je perçoit une vraie esthétique dans l'écriture de Céline. Apparemment pas toi: on n'aime ou on n'aime pas. Pas de soucis avec ça. Mais je maintiens qu'on ne peut pas écarter l'oeuvre de Céline pour des raisons idéologiques (même si il vaut mieux savoir ou on met les pieds), et que son style mérite attention. Ne serait-ce que par l'influence considérable qu'il a sur la littérature contemporaine. En bien ou en mal, c'est une question de point de vue..
*: NOBODY EXPECTS THE SPANISH INQUISITION!