Samshiel a écrit :
La modernisation et le progrès technique, là aussi, on est tous pour.
Par contre, la méritocratie est à mes yeux à l'origine du capitalisme et des pires dogmes individualistes qu'il a ensuite engendré (de fondement protestant d'ailleurs).
La méritocratie, si elle pousse - il est vrai- d'une part à travailler plus dur, tend aussi à imputer l'échec à une responsabilité personnelle, et donc à légitimer l'exclusion.
De mon point de vue, l'individu en échec a besoin d'une aide afin de parvenir lui aussi à une situation satisfaisante. Mais
si elle était bien menée cette politique n'amènerait pas forcément à un état d'assistanat, mais d'instruction et d'élevation.
C'est justement ce vers quoi tend la logique libérale, au sens idéologique. (je reprends ta critique plus haut)
L'Etat n'est pas la solution (directe) dans le sens où, aujourd'hui, on voit bien qu'il est de plus en plus éloigné des attentes et besoin des enseignants (y'a qu'à voir les mesures prises par notre ministre de l'éducation et la réaction du personnel pour s'en rendre compte). L'application de la doctrine libérale voudrait que le ministère (dont les décisions sont, au délà des apparences, fortement centralisées) accepte de faire des concessions, c'est-à-dire qu'il arrête en somme de se croire omnipotent, et qu'il accepte de déléguer un peu de son pouvoir (et de ses fonds, d'ailleurs...) à des organismes (publics) plus locaux, plus aptent à analyser les problèmes (propres à chaque établissements, si on va jusqu'au bout) et à proposer/appliquer des solutions plus efficaces pour, au final, améliorer "l'instruction et l'élévation".
Même shéma pour l'emploi. Encore une fois, l'Etat est là pour garantir à chaque individu et groupe d'individu une place respectable et honorable dans la société, pas pour faire figure de papa poule, prennant des mesures souvent inadaptées (cf ce gouvernement) et pensant que le fait de jeter de l'argent sur les problèmes ou en va les résoudre. Ce n'est pas à l'Etat d'employer directement les gens. Ca résumerait (grossièrement, hein) son rôle à un rôle d'assistant, et ça relèguerait (à tord) les-dits travailleurs au statut d'assistés. Choses à éviter le plus possible. L'Etat doit pousser concrètement les gens vers l'activité, en les aidant dans la recherche d'un nouvel emploi. Comment ? En plus des aides nécessaires (qui malgrés les qques "défauts" évoqués plus haut, ont des qualités indéniables), suventionner et/ou créer plus d'organismes types ANPE, aujourd'hui trop surchargés pour répondre efficacement à la demande. Arreter de sucrer les subventions aux nombreuses associations (d'animation, d'aide à la personne etc.) obligées de mettre la clef sous la porte faute de soutien et de moyen. Ces même associations etant un facteur crucial de participation sociale, elles valent plus que les mesures pseudo démocratiques que le gouvernement prend unilatéralement.
C'est la doctrine libérale qui ne se cantonne pas qu'à l'approche économique des "néo-libéraux" (extrèmement réductrice aussi bien en terme d'analyse que de réflexion), qui au final n'ont de libéraux que le nom : en finir avec Etat omniprésent et omnipotent en terme de prise de décisions et surtout d'action. Arreter de penser que les individus sont incapables de se prendre en main sans "l'aide" de mesures prises unilatéralement, totalement en décalage avec les besoins locaux (on le voit en matière d'enseignement, d'emploi, de vie sociale etc.)
On peut pousser plus loin vers le libéralisme de gauche de DeSoto, qui prône la reconnaissance du capital mort/dormant comme facteur d'insertion et d'évoluton sociale et économique (notamment pour les pays du Sud en développement). Responsabilité, liberté, reconnaissance du capital de chacun (social, culturel, académique) et promotion de celui-ci.
Comme l'a dit Samshiel, l'individu a besoin d'une aide pour accéder à une situation respectable. L'Etat et le gouvernement doivent encourager et soutenir cette aide par l'intermédiaire de structure plus efficace (locales, avec des responsabilités), de subventions et amélioration conséquentes aux organismes déjà existants. L'Etat ne me semble plus à même d'apporter
directement cette aide aux individus ; La faute à l'égoïsme et à la soif de pouvoir de certains, et aux erreurs ou incompétences des autres.