Ticouyon a écrit :
Je pense que si les films de Carpenter ne sont pas si connus que ça, c'est justement parce qu'il a tendance à ne rien montrer, et que pour les effets spéciaux, c'est pas forcément le meilleur.
Certains de ses films passent même pour des nanars pour les spectateurs qui sont trop familiers avec les superprod d'Hollywood... Je pense notamment à The Thing qui s'il est génial côté ambiance peut agacer justement parce que Carpenter ne montre rien ( ou presque)... et puis la fin est assez spéciale...
Bref, il faut aimer Carpenter, mais en général il ne laisse pas indifférent.
Justement, pour moi, c'est ça qui fait que Carpenter est un des rares vrais réalisateurs de fantastique: il fait plus dans l'impressionnisme que dans la débauche d'effets spéciaux.
Parce que, à la base, le fantastique, c'est le lent glissement depuis la normalité vers l'anormalité.
Qu'est-ce qui fait qu'un
Exorciste est aussi terrifiant ? (c'est un des rares films du genre à m'avoir vraiment fait flipper, la première fois que je l'ai vu, et pourtant, j'ai le coeur bien accroché, et j'en ai vu un paquet, des films fantastiques et d'épouvante)
Simple: il est super progressif, pendant la première heure, il ne se passe finalement pas tant de choses que ça, mais Friedkin installe une ambiance, une normalité, et en même temps une sorte de menace latente, ce qui rend le glissement d'autant plus insidieux, et le basculement dans le fantastique à proprement parler d'autant plus brutal et "choquant".
A mon sens, Carpenter l'a parfaitement bien compris, tout comme il a compris cette grande leçon de l'oeuvre de Lovecraft: plus on en laisse à l'imagination du public (lecteur, spectateur), plus celui-ci va avoir tendance à superposer ses propres peurs sur ce qui est suggéré...
En plus, c'est peut-être le seul réalisateur qui écrire et enregistre lui-même la B.O. de tous ses films, ce qui force le respect.
Enfin bref, j'adore son oeuvre, il n'y a aucun film qu'il ait réalisé que je n'ai pas aimé, que ce soit par sa thématique, son scénario, son montage ou ses clins d'oeils (l'histoire du marin puis la scène apparemment inutile mais pleine de symbolique de l'homme dans la boutique au début de
The Fog)