Chrome a écrit :
Biosmog a écrit :
Chrome a écrit :
Ta position revient à dire que certaines personnes sont condamnées avant même leur entrée dans la vie active à ne pas être employables.
T'es sérieux, franchement?
Tu crois pas que c'est un peu manichéen?
Non, je pense que le point de bascule entre une vie de marginalité et de délinquance et une vie "intégrée" dans un emploi ne se résume pas à un simple choix entre 15 000 euros nets par jour et 1500 euros par mois.
D'ailleurs, même en restant sur ces chiffres, c'est-à-dire en réduisant tout ça à une question de différence de salaire, je pense qu'il y aurait des choses à dire.
Ton explication du basculement est toujours pas clair... ca ressemble à une forme de déterminisme absolu, l'individu piégé par son environnement.
J'espère que le raisonnement va au-delà de ca...
Déterminisme absolu ? je ne vois pas d'où tu sors ça
Je disais que ce n'est pas un simple choix entre un revenu à 15'000 euros et un revenu à 1500 euros. Entre le libre choix, pesé et rationnel, et le déterminisme absolu, il y a d'autres scénarios possibles dans le feuilleton, non?
Sinon, oui l'individu est inscrit dans un environnement. Le monde de la délinquance ou le monde du travail ne sont pas à égale distance, dans le même espace relationnel, d'amitié, familial, social. Ces deux types d'engagements opposés ne revêtent pas le même type de sens et entrainent avec eux tout un ensemble de conséquences. Ces jeunes sont inscrits dans des quêtes d'identité, de reconnaissance, dont les règles sont données par leurs pairs, leurs familles, leurs camarade d'école, les modèles plus lointain des médias, de la culture, des origines. Les choix de vie ne se résument pas au fric, sinon on ne comprendrait pas qu'une part importante des banlieusards ne veulent pas devenir des dealers à 15'000 euros par jour. Glinglo a très bien développé cet aspect
Mais même dans une perspective comptable, si on met en parallèle la carrière de délinquant et la carrière professionnelle "normales", il faut comparer des niveaux de réussite égales. A côté du chômeur ou du RMIste (puisque c'est un de leur destin très probable), il y a des échelons aussi dans la carrière délinquante. Et des échecs. Il faut comparer le pacha du quartier, très visible puisqu'on ne voit que sa parade, en berline décapotable, entre les blocs, et celui qui a réussi dans une voie officielle, moins visible parce qu'on ne sait même plus qu'il vient du quartier. Il serait intéressant d'étudier objectivement les chances de carrières des jeunes des banlieues et ne pas être obnubilé par quelques cas visibles. Je ne pense pas que la carrière de délinquant est dépourvue de tout attrait, et sans doute même plus rémunératrice. Mais le rapport réel ne correspond pas au rapport fantasmé.
Pourquoi j'insiste là-dessus? parce que dans cette question, il s'agit bien plus d'images, de rêves projetés à partir des représentations. Et dès que tu introduits ça, tu perds le calcul comptable, tu parles de prestige, de réputation, de reconnaissance, de démonstration ostentatoire de réussite, de symboles. Les 15'000 euros gagnés en une heure brûlent aussi rapidement que la célébrité.
Quant au basculement. Je pense que cette notion est importante. Tant dans l'idée de bascule dans l'emploi "normal" que celle de bascule dans la délinquance. On se fait un CV, une expérience, des contacts. Une fois d'un côté, il faut fournir un effort supplémentaire pour changer de filière.
Vous battez pas, je vous aime tous