quantat a écrit :
Biosmog a écrit :
Pierre-Andre a écrit :
Sinon j'avoue bien volontiers que je suis bête, j'en ai eu tellement de preuves, tout au long de ma vie, que le doute n'est plus permis.
Meuh non disait la vache pas vache, t'es pas plus bête que moi.
Il faudra un jour se pencher sur ce Sartre bashing.
Comme "intellectuel médiatique", on n'a pas le 10ème de Sartre aujourd'hui... C'est lié à la transformation du métier d'intellectuel sous les bas-coups de la médiocrité contemporaine: aujourd'hui, on discrédite un philosophe en fouillant ses poubelles. Le résultat est pitoyable, on n'a plus que des animaux de cirques, des singes savants au formules ampoulées, des acrobates du clash ou de suiveurs clandestins de tendance.
Pour moi, Le Mur est son chef d'œuvre littéraire. Je trouve qu'il possède un sens du récit et une écriture ciselée d'un beau classicisme. J'ai enseigné le français pendant une année. Et parmi les lectures non-obligatoires, je l'avais choisi avec des élèves de 15-16 ans. Cela avait vraiment très bien fonctionné.
C'est bien ça que je lui reproche ...il a fait la pute et ses écrits philosophiques sont le reflet de cette soif de reconnaissance... une sorte de Voltaire en quelque sorte
D'accord avec Pierre André sur son inhumanité : ce batard justifiait la mise à mort des bourgeois et celle des enfants qui avaient le malheur d'avoir des parents pro Algérie française
Camus s'est très clairement désolidarisé de ces attitudes répandues chez les intellos...il déplorait l'inhumanité des hégéliens et des marxistes pour qui, en gros, on ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs, ce qui les rendait froids et insensibles aux victimes innocentes
Quoiqu'il en soit il existe aujourd'hui de très bons intellectuels - mais ils ne sont pas médiatiques ... à mon sens y'a contradiction entre les deux
Il y a une critique fondamentale chez Sartre de la coupure entre moyens et fins qui rend ta critique problématique. Et je ne crois pas que Sartre ait jamais justifié une violence en soi quelle qu'elle soit. Sartre explique que la violence est le seul moyen pour certains opprimés. Il ne la justifie pas, il refuse de la condamner. S'y opposer en prônant la non-violence, c'est le trait typique du Salaud, la bonne âme qui fait le lit de la violence des oppresseurs, des colons, tortionnaires, exploiteurs. Sartre n'engage aucune violence, il la constate, déjà-là: l'horreur de la situation en Algérie, il la comprend avant beaucoup. Il comprend rapidement la nécessité d'abréger cette violence, que la situation n'était pas tenable et qu'il faut donc y mettre fin le plus vite possible. Il ne s'est pas trompé sur l'Algérie. Il n'a été le complice d'aucune violence par de la passivité, de l'attentisme, comme beaucoup à l'époque.
Sartre a eu des cécités politiques, avant guerre, sur la réalité du stalinisme. Bâtard avec une immense soif de reconnaissance? je pense qu'il avait un caractère bien narcissique. Mais il a tellement mis en jeu sa réputation dans des prises de position impopulaires, risquée ou tenant du pari. Son excommunication intellectuelle des années 80-90 en est la plus parfaite des illustrations. Je pense à peu près le contraire de toi: Sartre est un intellectuel qui a fait très peu de concessions, peut-être suite à son expérience ambiguë de la guerre (on ne sait pas qu'il a participé à la fondation de l'un des premiers réseau de résistance... résistance light, dans les cafés, mais très précoce): je pense qu'il a fait des concessions pendant la guerre qu'il s'est reproché par la suite et qu'il a compensé par une certaine intransigeance dogmatique dans les années 50.
Ce qui me fascine le plus chez Sartre, c'est de n'avoir jamais écrit deux fois la même œuvre, tout en ne se reniant jamais. Il a toujours avancé.
Vous battez pas, je vous aime tous