M.Twirly a écrit :
arrêtons l'inconsistance.
Petit exercice de projection :
Artistes ratés, RSAistes, handicapés sociaux, si par hasard-mégarde-chance vous accédez au succès (Zepot pour ne pas le citer, c'est quand même le plus proche d'y arriver bande de moules), votre rapport à la société changera-t-il ?
Deviendrez vous plus sociables et donc pensez-vous que vous quitterez ce club pour rentrer dans un autre ?
Fondamentalement on change peu. J'ai eu un an ou deux, à Berlin, quand j'ai commencé à bosser, que je considère rétrospectivement comme une période assez heureuse. J'avais emménagé avec ma copine dans un bel appart en plein centre. J'allais au bureau à pied, tranquillement. Je partais quand je voulais, je rentrais quand je voulais. On vivait bien, on bouffait bien, on faisait du sexe. On avait une voiture. On a eu de belles vacances, en Corse, un road-trip aux USA. Je bricolais, j'ai passé mon permis, j'ai construit un home-studio.
Mais au fond de moi, j'étais insatisfait, et l'insatisfaction est allée grandissante. Je regardais mes collègues plus âgés en m'imaginant à leur place dans dix ans. Quand tu t'enfermes dans une routine le temps passe très vite, la vie devient impalpable. J'aurais eu dix ans de plus en un clin d'oeil sans en avoir rien fait. Je ne me considérais plus comme un musicien : je passais mon temps à acheter des effets et à jouer des solos à la con sur un looper, mais je ne composais plus.
J'aurais pu continuer sur cette voie, bosser un peu plus, avoir des enfants. Je n'ai pas pu accepter que ma vie soit si terne, pauvre en émotions. Je suis un exalté, sous tension permanente, je ne sais pas profiter de la vie, j'ai besoin de me projeter dans quelque chose. C'est pour ça que je me retrouve à vivre comme un con dans un appart pourri et une ville que je n'aime pas.
Bref, quelles que soient les circonstances, je resterai un déséquilibré, globalement malheureux. Mais un peu de confort ne ferait pas de mal.
A part si j'ai des gamins, qui sait ? Certaines personnes s'en trouvent radicalement changées.