PP a écrit :
(...)
oui mais certains ne voulaient pas parler ; ces moments en effet nous sidèrent (aujourd'hui) d'une certaine façon.
alors que Wiesel a fait le choix inverse.
cette réaction de Faurisson c'est un CQFD qui démontre à quel point Wiesel a eu tort en décidant de ne pas répondre à certaines questions. il n'a pas voulu voir que les réponses qu'il aurait pu donner dépassaient largement son cas personnel.
c'en est triste même.
Sois assuré que Elie Wiesel savait avec rigueur que ses réponses comme son silence
«dépassaient largement son cas personnel».
Si tu as suffisamment d'air pour descendre sans respirer dans les égouts, tu verras bien tout seul comment le ci–devant Faurisson (c'est un exemple...) utilise aussi bien, contre elles, le silence des victimes, celles dont l'historien Raul Hilberg disait qu'elles furent
"détruites", que leur propre parole, justement.
Ce que ce Faurisson dit, tord et contrefait du témoignage d'Abraham Bomba dans
Shoah est, à cet égard, tout à fait symptomatique ; et je ne crois pas que ce dernier mot soit sans mérite dans ce contexte où la contrefaçon recoupe, au moins partiellement, la mauvaise conscience et la déréalisation, pour ne pas aller plus loin dans le lexique de la pathologie mentale. Ou comment le tueur trouve des relais bénévoles pour assassiner au moins deux fois la victime, que ce soit dans le crédit de sa simple existence, nue, et on sait comment cette nudité–là fut exacte, terrible, sans remède, ou que ce soit dans le crédit de sa parole, ou dans celui de son silence, tous deux singuliers, irrémédiables, c'est à dire sans représentation
.
«Wir leben unter finsteren Himmeln, und –es gibt wenig Menschen. Darum gibt es wohl auch so wenig Gedichte. Die Hoffnungen, die ich noch habe, sind nicht groß. Ich versuche, mir das mir Verbliebene zu erhalten. »
Paul Celan, 18 mai 1960, Lettre à Hans Bender.