Colonel Blues a écrit :
Biosmog a écrit :
A mon avis, tu n'as qu'un seul tort Candide, c'est de croire qu'il s'agit d'utopie. Je ne sais pas quel âge vous avez, aksak et bopel, mais l'impression que vous avez raté un train là. Les questions de
morale, de
persévérance ou je ne sais quoi,
il faut les mettre de côté, il n'est pas du tout question de ça, mais de
s'orienter dans le monde tel qu'il est aujourd'hui. Je côtoie aussi des jeunes, ponctuellement, de 20 à 25 ans en gros. Je vois aussi, de mon regard de quarantenaire,
plein de lacunes de "culture", mais je vois aussi une
fantastique capacité d'adaptation,
d'autonomie. Je rencontre énormément de respect entre étudiants, une intégration dans des groupes absolument miraculeuse, car rien dans le monde qu'on leur laisse, ne pousse à la rencontre ou au partage. Enfin, du côté de la maturité, je les trouve bien plus matures que nous, qui hésitions entre devenir révolutionnaire, star rock ou intellectuels réputés. Les étudiants en sciences humaines aujourd'hui, sont bien plus
pragmatiques que nous l'étions: ils font des
stages, choisissent des voies qui ont de l'avenir, composent des programmes de cours cohérents, étudient les méthodes, les branches à orientation pratique.
Ce sont les vieux comme nous, attachés à la vieille étiquette périmée, qui s'accrochent à leur premier métier, qui m'inquiètent.
En tout cas depuis mon point d'observation, les jeunes me paraissent bien mieux outillés pour le monde actuel que la génération précédente. Un seul "souci": j'ai l'impression d'une
dépolitisation, d'une
perte de sens critique. Je leur reproche un peu leur
pragmatisme. Les enseignants ne se font plus allumer que pour des histoires
d'intérêt bien compris. Il y a un déplacement vers plus
d'hédonisme. Mais paradoxalement, cet hédonisme est une
résignation, une
annulation de l'imagination.
Je crois que c'est notre projection de vieux rêveurs de culture, sur ces pauvres gosses soumis au réalisme XXIème siècle dès leur plus jeune âge (à 11 ans, on leur parle déjà de penser à ce qu'ils vont faire plus tard; mon neveu avait peur du chômage à 11 ans!!!!!!!!!!!!) qui crée cette illusion d'inadaptation (nous voudrions qu'ils flippent tous comme mon pauvre neveu flippait). Nous sommes de vieux cons, mais vraiment.
LEXIQUE :
Morale et persévérance à mettre de côté = laisser tomber, sont trop feignants…
S'orienter dans le monde tel qu'il est = naviguer à vue, enchères au plus offrant, pas de sentiments…
Plein de lacunes de culture = m'en fous du passé, l'avenir n'est qu'un business, même la connerie est "bankable" !
Fantastique capacité d'adaptation, d'autonomie = savoir tourner sa veste, ne pas tenir compte de l'avis d'autrui…
Pragmatiques = comptables en herbe ou pique-assiette, au choix…
Stages = temporisation, permet de jouer les prolongations financières parentales…
Dépolitisation, perte de sens critique = m'en fous de ta gueule, après moi le déluge, rien à cirer…
Hédonisme, résignation = Moi… et moi… finalement, qui d'autre ?
Annulation de l'imagination = ne pas penser, ça pourrait me rendre réaliste et conscient de ma vacuité, quelle horreur pour mon image !
Ah que j'aimerais ne pas avoir à écrire tout cela, mais…
Ma propre fille a 24 ans, elle est égocentrique et intéressée, voire vénale… et c'est une profonde déception…
Elle finit ses études, 5 ans après le bac, cette année en juin et je coupe les vivres à partir de cette date…
Personne, hormis son cercle (très) restreint (et pour cause) d'amis/relations ne la concerne vraiment, elle s'y intéresse si elle en a le temps, ou l'envie, ou le souvenir, ou par intérêt lucratif (coup de fil annuel à sa grand-mère 15 jours avant son anniv', on ne sait jamais ça pourrait rapporter un peu…).
La nouvelle génération a été over-gâtée et on a eu bien tort… Ils se foutent de tout sauf d'eux-mêmes, et surtout de nous…
Encore une fois, ça me fait vraiment mal d'écrire tout ça, mais c'est malheureusement si vrai…