jules_albert a écrit :
& en occurrence de pensée particulièrement inutile, je me suis ensuite souvenu d'une note de Pavese dans son journal de 1942, que l'
ubris, c'est le fait de connaître un oracle et de ne pas en tenir compte. (Les ossements blanchis de ces augures jalonnent tout du long la voie express où nous filons bien exactement ainsi qu'annoncé.) - Mais ce qui qualifie l'ubris, c'est justement qu'on ne puisse lui faire entendre raison, qu'elle est imperméable aux remontrances et aux sermons, ayant pour motif depuis le début, pour inspiration comme à entendre une voix, cette destination de catastrophe, le désastre où elle doit aboutir et trouver son assouvissement ( "l'
ubris est aussi destin") ; et à première vue chose étonnante, étonnement dont on a peine à revenir, tout le monde à peu près paraît d'accord pour y aller jusque-là, la manette poussée à fond, pour se reconnaître dans l'énormité de ce destin collectif, de cette dilapidation universelle, dans ce non-avenir, dans cette accélération qui les emmène manifestement vers la complète apocalypse, toujours plus vite
au fond de l'inconnu, où se révèlera sans nul doute du sensationnel, du jamais vu, de l'inouï, du tout à fait inédit dans les annales. Que tout le monde, à peu près, semble partager cette intense curiosité, cette impatience comme d'une Révélation qui doit venir.
Au fond de la couche gazeuse