Biosmog a écrit :
Un exemple qui me vient à l'esprit parce que j'ai lu récemement quelque chose là-dessus:
le 11 septembre: on a pu être choqué parce qu'on est pompier, new yorkais, "occidental", ou encore membre de l'humanité face à des actes inhumains, etc.. j'oublie certainement des raisons. Ces raisons ne se retrouvent pas chez tout le monde et en tout cas pas à parts égales.
Pour prendre un exemple plus pertinent sur Charlie Hebdo. Et bien, je ne suis pas Parisien, ni même Français. Je suis farouchement anti-colonialiste, anti-raciste, anti-moraliste (vrai athée). J'ai adoré Charlie Hebdo dans ma vingtaine, puis ça m'a passé, petit à petit. En y pensant, je crois bien que je n'ai plus acheté de numéro depuis l'attentat.
Et bien cet attentat m'a profondément choqué. J'ai été indigné humainement et aussi éthiquement, qu'on s'attaque à des humoristes. Mais je n'ai pas eu l'impression d'être visé dans mon mode de vie occidental. J'ai été très attristé pour Cabu et Wolinski que j'appréciais énormément. Un peu choqué pour Honoré dont j'appréciais le trait. Pour les autres, Charb et je ne sais plus qui, il y avait, je n'avais pas d'affection particulière, donc pas d'émotion personnelle particulière en dehors de celles que j'ai énumérées plus haut.
Et je n'ai pas été choqué en tant que Parisien non plus. Je pense que les Parisiens ont dû ressentir que cela se passait dans "leur" ville. De même les proches, les voisins, etc. ont dû ressentir une indignation que je ne peux pas ressentir, vivant dans un autre pays.
Bref, il y a plusieurs niveaux d'indignation. Et l'erreur fondamentale est de croire qu'il n'en font qu'un, ou que certaines indignations seraient plus dignes que d'autres. Dernier exemple: on peut être extrêmement choqué de la mort d'un enfant à l'autre bout du monde et s'en foutre complètement qu'il ait été tué pour ceci ou pour cela. Cela n'enlève rien à notre indignation première.
Vous battez pas, je vous aime tous