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- Publié par
fab38 le 17 Fév 2014, 13:47
KIM, auteur-compositeur que j'apprécie beaucoup, a écrit sur son blog la chose suivante, qui je pense a toute sa place ici :
"Le 27 février il semble s'organiser une manifestation qui vise à défendre le régime de chômage et son allocation d'ARE, si vous préférez, ce que l'on appelle d'un terme flou "le statut d'intermittent du spectacle".
Je bénéficie de ce statut depuis des années. Il dérange le public, qui le connait mal et pense que nous ne travaillons que 48h par mois. Il dérange les musiciens du vedettariat qui ont honte de sa mauvaise presse. Il dérange les musiciens de bal qui sont considérés comme des fonctionnaires. Il dérange les techniciens de l'audiovisuel, que les autres bénéficiaires du statut pointent du doigt comme les profiteurs. Il dérange les employeurs qui ne cessent de se plaindre des musiciens et de leurs problèmes d'AEM, il dérange les producteurs qui ne trouve pas glamour de vivre de sa passion et préfèrent les martyrs. Il dérange les politiques mutualistes de gauche qui en ont besoin pour monter des spectacles de théâtre et de danse afin de faire fructifier le tourisme en le conjuguant avec panache et bon gout. Il dérange les politiques libérales de droite qui nous reprochent un manque d'entreprise alors que ce statut nous permet justement de nous structurer financièrement.
Bref, ce statut qui dérange tout le monde n'est pas une exception culturelle.
D'autres pays ont un équivalent. Ce statut n'est pas un régime de feignants. Nous pointons au chômage car nos CDDs ne durent qu'une journée, souvent, ce qui est normal et que nous acceptons. Ce statut est celui qui permet le plus de solidarité interprofessionnelle. Nos charges sont couteuses.
Le Pole Emploi ne comprend rien à notre statut et continue de croire qu'il s'agit d'une sorte de cadeau ou de retraite. Il permet aussi au gouvernement de faire grossir les chiffres du chômage, alors que nous travaillons, et ainsi de vous faire peur.
Nous sommes payés les jours de travail, comme vous, et sommes ensuite pris en charge par le Pole Emploi quand nous terminons nos contrats. Comme vous. Cette manifestation servira à ce que nous soyons défendus.
Mon témoignage: je vis de la musique depuis 2001. C'est autant ma passion que mon métier. Et comme un cuisinier, je ne rechigne pas à faire des heures. Ce métier, pour ma part, représente environ 70 heures par semaine. Cette page facebook et ses actualités montrent, je pense, que je fais beaucoup de choses. Sachez que mes camarades intermittents non plus, ne sont pas feignants, mais que peut être ils ne perdent pas de temps à se justifier de faire deux fois plus d'heures que la moyenne.
A partir de maintenant, et vu le peu d'intérêt que l'on nous accorde, je propose ceci: venez aux manifestations. Ou alors, restez chez vous et documentez vous avant de parler. Pour les autres, ceux que nous n'intéressons pas, fermez la, simplement, car vous ne connaissez rien à ce métier.
Nous payons des impôts, nous travaillons plus que vous, alors fermez la.
Dans tous les cas, pour ceux qui nous soutiennent, et malgré la crise du disque, malgré les annonces anxiogènes du Medef, n'oubliez pas que NOUS animons le spectacle, musiciens, techniciens, danseurs, comédiens, éclairagistes, et que quoi qu'il arrive nous continuerons notre métier.
En revanche, sachez que si l'on nous en empêche, nous le continuerons avec difficultés, que la qualité baissera, ce qui a déjà commencé, qu'ainsi vous aurez de moins en moins de spectacles, et que nous serons de plus en plus en colère. Nous souhaitons pouvoir louer des appartements sans que l'on nous demande si c'est un métier sûr. Qui a un métier sûr? Nous avons accepté ses risques, alors que l'on nous laisse tranquilles.
Et rendez vous aux manifestations."