casseoreille a écrit :
Trop d'assistanat tue l'emploi, les producteurs de fruits, les viticulteurs, les agriculteurs, se plaignent du travail des français, peu compétents, peu motivés, et qui stoppent leur travail pour rentrer chez eux!
Ces employeurs appellent l'Etat au secours afin de ne pas perdre leur production, et nous disent que la main d'oeuvre polonaise, par exemple, est beaucoup plus compétente et motivée!
J'ai un fils qui, étudiant, voulait gagner un peu d'argent, et qui, une année est allé vendanger dans le Beaujolais. Les vendangeurs venaient de pays divers: Pologne, Roumanie, Maroc, etc.. ils ont travaillé dans des conditions très dures compte tenu que cette année là, il a beaucoup plu. Les premiers à abandonner leur travail et à rentrer chez eux étaient les français: trop dur qu'ils disaient!
Mon fils s'est retrouvé seul français sur un groupe d'une dizaine au départ. Tous les travailleurs étrangers sont restés, abattant un boulot considérable!
Les exemples comme celui là sont nombreux. Dans l'Ain, plus de 20 000 emplois, sans qualification, mais avec une formation assurée par les employeurs, sont vacants, pas de candidats! Certaines entreprises, avant le confinement, disaient qu'elles avaient beaucoup de commandes, mais, faute de salariés disponibles, elles allaient se trouver contraintes de stopper leur activité. Ce problème a fait la une des journaux et il n'est toujours pas résolu!
Étant ouvrier viticole et pour avoir fait les vendanges en Champagne, dans le Bordelais et l'Hérault depuis 1994 je ne fais pas le même constat.
La pénurie de main-d'œuvre française est bien réelle et est liée à plusieurs facteurs. Ça a commencé avec les mesures strictes sur l'hébergement qui ont contraint les employeurs à ne plus le proposer. Bien souvent désormais, le gîte et le couvert n'existent plus. Surtout, les contrats vendanges ne jouissent plus de l'exonération de charges pour les employeurs ce qui fait qu'ils sont bien plus prompts à avoir recours aux prestataires de services (dans le milieu on les appelle des marchands d'hommes) puisque ce n'est pas déclaré comme une charge salariale mais comme une facture. Ça m'amuse amèrement de voir certains employeurs réclamer de la main d'oeuvre même inexpérimenté e quand elle n'a plus accès à la main d'oeuvre étrangère après avoir remercié sans vergogne les saisonniers français, les nouveaux commes les habitués devenus plus onéreux. Et mis à part les régions qui vendangent à la main, la machine a considérablement remplacé l'homme.
Concernant les compétences supérieures des polonais ou des marocains, elles sont surtout liées à la rapidité d'exécution au détriment de la qualité. Je souhaite bonne chance et bon courage à un tailleur de faire une saison sur des parcelles mal taillées et mal ebourgonnees les années précédentes par exemple. Niveau vendange, le résultat est parfois équivalent à une vendange à la machine sur l'état des grappes (sans compter les oublis..).
Après, certes, ils sont bien plus disponibles et aptes à travailler dans des conditions aléatoires (jours/nuit), mauvais temps et à dormir dans un sous bois s'il le faut et c'est dû au coût de la vie parfois 4 fois moins cher en Pologne qu'en France. En gros, c'est comme si la main d'oeuvre française touchait 5000 à 6000 euros par mois pour le même travail. A ce tarif, je suis certain qu'il y aurait bien plus de volontaires zélés en France.
Les équipes de marocains avec qui je bosse, travaillent quelques mois ici puis retournent au bled et ne cachent pas leur tranquillité de retour à la maison puisqu'ils vivent sur la thune gagnée ici (et tant mieux pour eux).
Chose qui m'agace vraiment avec cette main d'œuvre est que le prix de la taille est passée de 18 voire 20 centimes à 13 la souche taillée.
Le bonheur rangé dans une armoire