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...après un encore bien hypothétique retour à la 'normale', qu'allons-nous faire ? On recommence à foncer dans le mur en bons gros cons utiles de ce capitalisme dégénéré qui - il n'est plus permis d'en douter - va nous tuer tous à court à moyen terme ?
Ou bien on reprend le contrôle de ces vies qu'on aura bien cru perdre non plus à petit feu, mais du jour au lendemain ?
Vous avez sans doute vu ce petit dessin animé qui ne fait pas dans la dentelle :
Mais peut-être pas cette tribune, à lire tranquillement - ça tombe bien, paraît qu'on a le temps :
Il est plus que jamais temps de se poser les bonnes questions. Quand les bourgeois vivent la quarantaine comme un mois de vacances dans leur maison de campagne idyllique et comparent leur confinement à un conte de fées, tous les autres, privés de leur liberté, suffoquent dans la misère. Misère affective, matérielle, souvent les deux à la fois. C'est à cette misère que nous devons déclarer la guerre, et à ses causes. La crise sanitaire est révélatrice d'une réalité crue: celle de l'inégalité fondamentale devant la vie dans notre pays, masquée par des valeurs républicaines aujourd'hui frelatées, transformées en psalmodies hypocrites.
Pour couronner le tout, l’OMS nous avertit que l’antibiorésistance pourrait tuer 10 millions d’humains tous les ans si rien n’est fait d’ici 2050 (aujourd’hui l’antibiorésistance cause déjà 12 500 morts par an en France). L’élevage industriel joue ici un rôle central : le confinement des animaux favorise le développement de bactéries multirésistantes : 38 % des antibiotiques consommés en France et 73 % des produits antimicrobiens dans le monde sont destinés aux animaux d’élevage. Combien de morts notre mode d’alimentation va-t-il encore causer ? Sans parler des animaux eux-mêmes, si nombreux qu’ils sont indénombrables…
Selon certains chercheurs, comme Serge Morand, auteur de la Prochaine peste (Fayard, 2016), la déforestation et la réduction du territoire des espèces sauvages augmentent drastiquement les risques de propagation des maladies en poussant les animaux sauvages à s’approcher des habitations humaines. De même, la perte de biodiversité bouleverse les systèmes de régulation des pathogènes et facilite leur propagation. Comme le montre la plateforme de l’ONU dédiée à la biodiversité, nous aurions tort de ne pas faire le lien avec le problème précédent. L’élevage, utilisant 83 % des terres agricoles pour ne fournir que 18 % des calories que nous consommons, est le principal responsable de la déforestation. D’après le rapport de la Banque mondiale sur la déforestation en Amazonie, «comparé à 1970, 91 % de l’incrément de la surface déforestée a été converti en pâturages pour le bétail». C’est encore sans compter sur les plantations de soja, qui tirent les 2/3 de leur valeur marchande des tourteaux destinés au bétail.
S’en laver les mains ?
La crise sanitaire présente et celles à venir voient les intérêts vitaux des humains et des animaux converger. Lorsque nous prenons le temps de réfléchir à nos choix collectifs (ce que nous faisons rarement), nous avons tendance à justifier nos actions passées en gardant coûte que coûte la même trajectoire. Changer de direction reviendrait à admettre que nous nous sommes trompés. Dans le contexte actuel, où l’importance du lavage de mains occupe le devant de la scène, il peut être instructif de revenir sur une anecdote illustrant très bien ce phénomène.
Avant Pasteur, la contamination microbienne était inconnue et les médecins pouvaient passer de la dissection des cadavres à la salle d’accouchement, sans se laver les mains, entraînant un fort taux de mortalité accepté comme une simple fatalité. Pourtant, en 1847, le médecin autrichien Ignace Semmelweis affirme que se laver les mains pourrait grandement réduire le taux de mortalité. Critiqué et moqué par ses pairs, il fut mis à la porte de son service d’obstétrique. Le rejet de ses recommandations, pourtant évidentes aujourd’hui, s’explique par la difficulté de ses confrères de l’époque à reconnaître leur culpabilité pour tous les patients morts de ne pas avoir pris cette simple précaution.
Or, parce que notre consommation de produits animaux a été depuis des dizaines d’années une cause majeure du réchauffement climatique, de l’effondrement de la biodiversité terrestre et marine, de nouvelles épidémies et surtout du massacre de centaines de milliards d’animaux chaque année, nous avons du mal à nous avouer que cette pratique n’était nullement nécessaire, ni à notre santé ni à notre culture. Devant les innovations alimentaires, laits végétaux et autres steaks végétaux, qui nous permettraient de conserver nos habitudes culinaires et gustatives, nous faisons la fine bouche et imaginons toutes sortes de raisons de poursuivre sur notre lancée sans rien changer.
Cette crise nous offre aussi l’opportunité d’un changement d’attitude envers les animaux des autres espèces. Il y a plus de 20 ans déjà, au moment de l’épidémie de vache folle, Claude Lévi-Strauss appelait à remettre en cause la consommation de viande : «Un jour viendra où l’idée que, pour se nourrir, les hommes du passé élevaient et massacraient des êtres vivants, et exposaient complaisamment leur chair en lambeaux dans des vitrines, inspirera sans doute la même répulsion qu’aux voyageurs du XVIe ou du XVIIe siècle les repas cannibales.»
Nous avons vu comment, en quelques jours, une volonté publique forte est capable de changer du tout au tout notre mode de vie. Malgré les «impératifs» économiques à court terme, malgré nos habitudes et au prix de notre confort. Faire le choix collectif d’une alimentation ne contenant plus de produits d’origine animale serait un changement bien moins contraignant que celui que nous subissons actuellement. La meilleure précaution, pour éviter la répétition de crises sanitaires et économiques comme celle que nous traversons, serait donc d’initier à l’échelle de la société une transition vers une alimentation végétale et de rediriger nos ressources agricoles vers l’alimentation des humains plutôt que du bétail. Serons-nous à la hauteur des enjeux ?
Signataires
Fabien Badariotti, docteur en biochimie, biologie moléculaire et cellulaire.
Aurélien Barrau, astrophysicien.
Sébastien Demange, docteur en médecine.
Catherine Devillers, docteure en médecine.
Isabelle Dudouet-Bercegeay, cofondatrice et coprésidente du Parti animaliste.
Laurence Froidevaux, docteure en médecine.
Charline Giroux, docteure en biologie, spécialiste de virologie.
Laure Gisie, coprésidente du Parti animaliste.
Thomas Lepeltier, essayiste et historien des sciences.
Frédéric Mesguich, docteur en chimie analytique, administrateur de la blogotheque-animaliste.fr
Annelies Moons, docteure en médecine.
Léa Morvan, docteur en médecine vétérinaire spécialisée en virologie.
Corine Pelluchon, philosophe, maître de conférences à l’université Gustave Eiffel.
Lamprini Risos, docteure en médecine.
Jérôme Segal, historien, maître de conférences à l’université Paris-Sorbonne.
Cédric Stolz, philosophe et cofondateur de l’association 269 Life France.
Hélène Thouy, avocate, cofondatrice du Parti animaliste.
Didier Verstringe, docteur en médecine, anesthésiste réanimateur.
Élodie Vieille Blanchard, docteure en sciences sociales et présidente de l’Association végétarienne de France.
Ou bien on reprend le contrôle de ces vies qu'on aura bien cru perdre non plus à petit feu, mais du jour au lendemain ?
Vous avez sans doute vu ce petit dessin animé qui ne fait pas dans la dentelle :
Mais peut-être pas cette tribune, à lire tranquillement - ça tombe bien, paraît qu'on a le temps :
Maria Cezar a écrit :
Le confinement, idéal pour se confronter à l'absurdité de nos existences Citation:
Soyons honnêtes, et venons-en au fait pour exhumer les questions existentielles que beaucoup d'entre nous se posent à juste titre. A quoi sert votre vie, à quoi passez-vous vos journées exactement, vous qui faites des tableaux Excel et rédigez des rapports que personne ne lira ? Êtes-vous brisé, votre existence vous semble-t-elle foncièrement absurde et inutile ? Avez-vous un bullshit job, comme les appelle David Graeber ? Êtes-vous un cocheur de cases ? Un laquais moderne, un démarcheur téléphonique pour courtier véreux ? Un petit chef dont l'activité consiste à se rehausser en assignant des tâches inutiles aux autres ? Un consultant chargé de faire des études de marché pour une multinationale du fast-food qui rend obèse ou l'une de celles qui exploitent des enfants en Chine parce que c'est rentable ? Où sont passés vos rêves et vos espoirs, vous qui vous reconnaissez dans des mèmes ? L'innocent en vous réclame son dû, car on le leurre depuis trop longtemps avec des films de super-héros en lui imposant un quotidien répugnant. Avec le confinement, il nous faut repenser trois choses : l'utilité de nos métiers, notre finitude, et nos conséquences directes ou indirectes sur la nature, que l'on voit se régénérer partout sans la pollution des voitures et les flots de touristes. Citation:
Je m'adresse à vous, oui, vous là-bas, qui vous abrutissez devant Netflix une fois rentré de votre Open space. Ce bureau de fortune dépourvu de toute intimité qui vous force à passer votre journée assis devant un écran à côté d'un collègue insupportable. Vous qui faites semblant de sourire lorsque vous avez envie de vous tirer une balle. Je pense à toutes ces journées moroses que vous vous infligez sous Prozac, pour cause de "burn-out" ou dépression majeure, comme on dit aujourd'hui. A ces journées grises rythmées par une séance de yoga avant l'insomnie. On vous dit de vivre dans l'instant présent, de positiver, mais il n'y a rien de plus sain que de devenir fou dans un environnement toxique. Maintenant, heureusement, c'est fini, suspendu. Votre cauchemar a temporairement cessé, mais pour quelque temps seulement si nous ne faisons rien, tous ensemble, pour changer la situation. Cette crise majeure est une sonnette d'alarme, la preuve qu'il doit y avoir un avant, et un après. Citation:
Généraux et officiers des délocalisations et de la mondialisation: le virus, c'est eux. Les non-valeurs qu'ils portent dans notre société doivent périr dans le néant. Il n'y a pas si longtemps de cela, la vénalité, l'avarice et l'usure n'étaient pas considérées comme des vertus. Preuve que l'essor de la bourgeoisie commerçante et son actuelle hégémonie n'est pas une fatalité, quoi qu'en disent les experts payés à naturaliser le capitalisme et à nous faire croire qu'il est notre seule possibilité. Si nous sommes malades, c'est du productivisme, du consumérisme et de l'individualisme narcissique qui polluent l'air que nous respirons et empoisonnent notre Terre.Il est plus que jamais temps de se poser les bonnes questions. Quand les bourgeois vivent la quarantaine comme un mois de vacances dans leur maison de campagne idyllique et comparent leur confinement à un conte de fées, tous les autres, privés de leur liberté, suffoquent dans la misère. Misère affective, matérielle, souvent les deux à la fois. C'est à cette misère que nous devons déclarer la guerre, et à ses causes. La crise sanitaire est révélatrice d'une réalité crue: celle de l'inégalité fondamentale devant la vie dans notre pays, masquée par des valeurs républicaines aujourd'hui frelatées, transformées en psalmodies hypocrites.
Un collectif a écrit :
Le coronavirus à l’origine de l’actuelle pandémie provient indiscutablement de la consommation d’animaux. C’est ce qui a conduit la Chine, le 26 février, à interdire tout transport ou commerce d’animaux sauvages destinés à l’alimentation. D’ailleurs, selon une équipe de chercheurs menée par la biologiste Laura Kurpiers, 75 % des maladies infectieuses émergentes auraient une origine animale. C’est, par exemple, le cas des Sras, du VIH (via des singes tués pour leur viande), de la rougeole, et de plusieurs grippes. La grippe espagnole de 1918-19, qui fit 30 à 100 millions de morts, est liée au virus H1N1 probablement d’origine aviaire. Le sous-type H5N1 qui se répand par les élevages de poulets est lui clairement responsable des grippes de 1957 et 1968 (dites «grippe asiatique» et «grippe de Hong Kong ») ayant causé trois millions de morts. Malheureusement le rythme des nouvelles épidémies ne fait que s’accélérer.Pour couronner le tout, l’OMS nous avertit que l’antibiorésistance pourrait tuer 10 millions d’humains tous les ans si rien n’est fait d’ici 2050 (aujourd’hui l’antibiorésistance cause déjà 12 500 morts par an en France). L’élevage industriel joue ici un rôle central : le confinement des animaux favorise le développement de bactéries multirésistantes : 38 % des antibiotiques consommés en France et 73 % des produits antimicrobiens dans le monde sont destinés aux animaux d’élevage. Combien de morts notre mode d’alimentation va-t-il encore causer ? Sans parler des animaux eux-mêmes, si nombreux qu’ils sont indénombrables…
Selon certains chercheurs, comme Serge Morand, auteur de la Prochaine peste (Fayard, 2016), la déforestation et la réduction du territoire des espèces sauvages augmentent drastiquement les risques de propagation des maladies en poussant les animaux sauvages à s’approcher des habitations humaines. De même, la perte de biodiversité bouleverse les systèmes de régulation des pathogènes et facilite leur propagation. Comme le montre la plateforme de l’ONU dédiée à la biodiversité, nous aurions tort de ne pas faire le lien avec le problème précédent. L’élevage, utilisant 83 % des terres agricoles pour ne fournir que 18 % des calories que nous consommons, est le principal responsable de la déforestation. D’après le rapport de la Banque mondiale sur la déforestation en Amazonie, «comparé à 1970, 91 % de l’incrément de la surface déforestée a été converti en pâturages pour le bétail». C’est encore sans compter sur les plantations de soja, qui tirent les 2/3 de leur valeur marchande des tourteaux destinés au bétail.
S’en laver les mains ?
La crise sanitaire présente et celles à venir voient les intérêts vitaux des humains et des animaux converger. Lorsque nous prenons le temps de réfléchir à nos choix collectifs (ce que nous faisons rarement), nous avons tendance à justifier nos actions passées en gardant coûte que coûte la même trajectoire. Changer de direction reviendrait à admettre que nous nous sommes trompés. Dans le contexte actuel, où l’importance du lavage de mains occupe le devant de la scène, il peut être instructif de revenir sur une anecdote illustrant très bien ce phénomène.
Avant Pasteur, la contamination microbienne était inconnue et les médecins pouvaient passer de la dissection des cadavres à la salle d’accouchement, sans se laver les mains, entraînant un fort taux de mortalité accepté comme une simple fatalité. Pourtant, en 1847, le médecin autrichien Ignace Semmelweis affirme que se laver les mains pourrait grandement réduire le taux de mortalité. Critiqué et moqué par ses pairs, il fut mis à la porte de son service d’obstétrique. Le rejet de ses recommandations, pourtant évidentes aujourd’hui, s’explique par la difficulté de ses confrères de l’époque à reconnaître leur culpabilité pour tous les patients morts de ne pas avoir pris cette simple précaution.
Or, parce que notre consommation de produits animaux a été depuis des dizaines d’années une cause majeure du réchauffement climatique, de l’effondrement de la biodiversité terrestre et marine, de nouvelles épidémies et surtout du massacre de centaines de milliards d’animaux chaque année, nous avons du mal à nous avouer que cette pratique n’était nullement nécessaire, ni à notre santé ni à notre culture. Devant les innovations alimentaires, laits végétaux et autres steaks végétaux, qui nous permettraient de conserver nos habitudes culinaires et gustatives, nous faisons la fine bouche et imaginons toutes sortes de raisons de poursuivre sur notre lancée sans rien changer.
Cette crise nous offre aussi l’opportunité d’un changement d’attitude envers les animaux des autres espèces. Il y a plus de 20 ans déjà, au moment de l’épidémie de vache folle, Claude Lévi-Strauss appelait à remettre en cause la consommation de viande : «Un jour viendra où l’idée que, pour se nourrir, les hommes du passé élevaient et massacraient des êtres vivants, et exposaient complaisamment leur chair en lambeaux dans des vitrines, inspirera sans doute la même répulsion qu’aux voyageurs du XVIe ou du XVIIe siècle les repas cannibales.»
Nous avons vu comment, en quelques jours, une volonté publique forte est capable de changer du tout au tout notre mode de vie. Malgré les «impératifs» économiques à court terme, malgré nos habitudes et au prix de notre confort. Faire le choix collectif d’une alimentation ne contenant plus de produits d’origine animale serait un changement bien moins contraignant que celui que nous subissons actuellement. La meilleure précaution, pour éviter la répétition de crises sanitaires et économiques comme celle que nous traversons, serait donc d’initier à l’échelle de la société une transition vers une alimentation végétale et de rediriger nos ressources agricoles vers l’alimentation des humains plutôt que du bétail. Serons-nous à la hauteur des enjeux ?
Signataires
Fabien Badariotti, docteur en biochimie, biologie moléculaire et cellulaire.
Aurélien Barrau, astrophysicien.
Sébastien Demange, docteur en médecine.
Catherine Devillers, docteure en médecine.
Isabelle Dudouet-Bercegeay, cofondatrice et coprésidente du Parti animaliste.
Laurence Froidevaux, docteure en médecine.
Charline Giroux, docteure en biologie, spécialiste de virologie.
Laure Gisie, coprésidente du Parti animaliste.
Thomas Lepeltier, essayiste et historien des sciences.
Frédéric Mesguich, docteur en chimie analytique, administrateur de la blogotheque-animaliste.fr
Annelies Moons, docteure en médecine.
Léa Morvan, docteur en médecine vétérinaire spécialisée en virologie.
Corine Pelluchon, philosophe, maître de conférences à l’université Gustave Eiffel.
Lamprini Risos, docteure en médecine.
Jérôme Segal, historien, maître de conférences à l’université Paris-Sorbonne.
Cédric Stolz, philosophe et cofondateur de l’association 269 Life France.
Hélène Thouy, avocate, cofondatrice du Parti animaliste.
Didier Verstringe, docteur en médecine, anesthésiste réanimateur.
Élodie Vieille Blanchard, docteure en sciences sociales et présidente de l’Association végétarienne de France.
'Human beings. You always manage to find the boring alternative, don't you?'
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- Quand Redstein montre l'abattoir, l'imbécile regarde Redstein - (©Masha)
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